J’ai une relation compliquée avec ce film. Découvert pré-ado, j’avais apprécié, comme n’importe quel blockbuster qui livre un minimum la marchandise. Puis arrive le lycée, je revois le film et, dans un élan de contestation propre à cet âge, je considère que c’est l’un des pires films jamais réalisés
. A l’heure où j’apprécie de revoir certains divertissements 90’s, pour l’efficacité simple qu’on ne retrouve plus vraiment aujourd’hui au sein du cinéma américain, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de lui redonner une chance, et j’ai donc bien eu raison. Alors bon, je vais pas vendre une redécouverte ultime, ça reste
Independence Day, mais le fait est que j’ai pris un véritable plaisir de spectateur à redécouvrir le métrage, et ce malgré ses défauts évidents.
Déjà, gros point positif : ça a toujours de la gueule. Chose pas forcément évidente quand on voit d’autres blockbusters de la même époque qui vieillissent moins bien, mais ici hormis quelques plans truqués pas terribles (Air Force One qui échappe aux flammes notamment), il y a une véritable ambition visuelle qui se ressent. Emmerich reprend le concept de l’invasion extra-terrestre des années 50 pour le moderniser, et avec des envies XXL qui donnent un spectacle qui avait finalement peu d’équivalent à sa sortie en 1996 : les effets visuels numériques réussis restaient encore des exceptions, et donc découvrir des vaisseaux de plusieurs kilomètres de long passer au-dessus de grandes villes américaines était quelque chose de l’ordre de l’inédit, là où aujourd’hui c’est devenu quelque chose de commun dans un blockbuster. Si le film vieillit aussi bien, c’est très probablement parce que les effets par ordinateur sont limités à l’essentiel, et que le reste est une très grosse quantité d’effets en dur, avec des maquettes détruites (la destruction des villes façon
T2 est toujours très impressionnante, gros plaisir régressif sur ce coup là) et des aliens en animatroniques, chose d’ailleurs qui se perdra complètement dans la suite tardive.
Même côté mise en scène c’est pas dégueu : oui, ça reste très classique, Emmerich n’est pas le genre de mec qui va pondre un cadre particulièrement travaillé, ou bosser la rythmique de ses scènes d’action, mais comme dit plus haut il émane de ce film une envie d’efficacité simple, notamment dans la partie d’exposition où on ménage bien le suspens de l’arrivée des aliens, puis de la destruction à venir (tout le délire du countdown que Goldblum découvre, c’est ce qui fait à mon sens le sel des meilleures scènes du film, le montage y étant pour beaucoup). Une fois cette partie passée, le métrage devient nettement plus classique, et est un peu poussif dans la façon de réunir tous les personnages présentés jusqu’ici (tous les bouseux qui se ramènent à la Zone 51, c’est too much
), mais l’action prend alors le relai avec quelques climax plutôt généreux en spectaculaire. L’écriture n’est pas le point fort du métrage, avec des personnages fonctions souvent trop caricaturaux, probablement pour permettre plus facilement à l’humour de se mettre en avant (bien que le récit reste assez premier degré dans l’ensemble, c’est pas
Mars Attacks quoi), et surtout ça tombe très facilement dans le tract américain sans réelle subtilité : le discours du Président avant l’attaque, c’est probablement le genre de scène qui a fait applaudir le public US en salles, alors que personnellement je trouve la scène assez ratée. Pas étonnant du coup que le film soit un peu devenu l’ennemi à abattre lors de sa sortie en France, à l’époque où on était en plein délire sur l’exception culturelle.
J’avais souvenir d’un casting qui tenait bien la route et finalement sur ce point le film est assez décevant : Goldblum et Smith sont les plus mémorables car sont chacun dans un registre qu’ils maîtrisent parfaitement, mais le reste c’est vraiment pas la joie, notamment Bill Pullman en président qui donne constamment l’impression d’avoir un manche à balai dans le fondement. Sinon, je retiens aussi du film le super score de David Arnold qui prouvait que celui de Stargate n’était pas une exception, ce n’est pas non plus au niveau de ce dernier mais il y a des thèmes plutôt cools et globalement le score apporte énormément en termes d’ambiance. J’ignore encore si c’est le niveau qualitatif des blockbusters d’aujourd’hui qui me fait revoir à la hausse celui-ci, mais quoi qu’il en soit j’ai passé une séance agréable devant un pur film pop-corn qui livre la marchandise, et c’est déjà pas mal du tout.