[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Luke la main froide - 8,5/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Oct 2024, 06:56

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Cool hand Luke (Luke la main froide) de Stuart Rosenberg
(1967)


Une belle claque celui-ci. Je ne peux pas dire que c’était complètement une surprise dans la mesure où le film possède une sacrée réputation, au point que c’est sans doute l’un des plus iconiques de la carrière de Paul Newman, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi bon. Pourtant, sur le papier, ça aurait pu être tout ce qu’il y a de plus classique : un film de prison, un détenu qui va se retrouver, de par son charisme et ses actions, au centre des attentions, et des tentatives d’évasion face à une autorité qui abuse de son pouvoir, on ne peut pas vraiment dire qu’on navigue dans l'originalité. Et pourtant, comme parfois avec des genres ultra-codifiés comme le film de prison, on a des bobines qui arrivent à jouer des codes et à proposer autre chose via leur traitement, et c’est clairement ce qui se passe ici.

Plus qu’un film de prison, c’est surtout un film sur les relations humaines, le baraquement devenant un microcosme, avec un Luke qui doit apprendre à faire sa place, notamment vis à vis des figures d’autorité, qu’elles se trouvent du côté des détenus ou des gardiens. C’est aussi et surtout un film sur les déviances de l’autorité et des systèmes, et sur un homme qui s’est juré de ne jamais s’y plier : en cela, il est aisé de comprendre comment le film a pu atteindre un statut culte, tant c’est un métrage qui synthétise son époque et qui crée une véritable icône à travers le personnage de Newman, dont la détermination est plus qu’admirable. Du coup, on se retrouve devant un film assez lent et avec peu d’action, mais pour le coup c’est loin d’être un défaut car c’est vraiment la vie entre détenus qui importe ici, et c’est peu de dire que toutes ces séquences sont réussies, entre la fameuse scène des œufs, les punitions dans la box, le passage avec la blonde qui émoustille avec son car-wash :bluespit: , ou encore cette sublime séquence où Luke apprend la mort de sa mère :cry: .

Non seulement le film réussit totalement son pari sur son focus sur les relations entre personnages (on atteint un niveau d’authenticité assez éblouissant à mon sens), mais en plus il y a un gros travail d’ambiance qui fait qu’on sent réellement le côté claustrophobique du baraquement, la chaleur du travail sur les routes et la frustration des détenus. On sent la sueur, la poussière, la chaleur du goudron. Une qualité qui doit sans doute beaucoup à la réalisation de Rosenberg, qui semble pourtant être l’homme d’un seul film (je tenterais quand même Brubaker à l’occasion), mais qui livre ici une mise en scène particulièrement efficace. Elle a beau s’effacer souvent derrière son histoire, ça ne manque pas d’idées, que ce soit dans les cadrages (l’iconisation du gardien aux lunettes noires est mortelle), les mouvements (sublime plan-séquence de Newman qui joue du banjo) ou le montage (super introduction avec les parcmètres :love: ), on sent que c’est particulièrement réfléchi, en témoigne l’ultime plan lourd de sens. Le film ne manque pas de seconds rôles marquants, entre les différents prisonniers, les gardiens, ou le directeur, mais c’est définitivement Newman et son sourire qui volent le show pour des raisons évidentes. Dans ce film, il est tout simplement parfait, et c’est peut-être bien le plus grand de tous ses rôles tant il devient ici plus qu’un personnage, mais une icône à part entière. Un grand film, ni plus ni moins.


8,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Sam 05 Oct 2024, 07:52

Un des dialogues sert d'intro au morceau Civil War des Guns N Roses en plus. 8)
"Je mets les pieds où je veux Littlejohn et c'est souvent dans la gueule." Chuck Norris

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar pabelbaba » Sam 05 Oct 2024, 08:56

What we’ve got here is failure to communicate... :mrgreen:
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Sinon, oui, j'aime les nibards. :chut:
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Silence de la mer (Le) - 7/10

Messagepar Alegas » Sam 05 Oct 2024, 22:24

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Le silence de la mer de Jean-Pierre Melville
(1949)


Ça a beau être un premier film, les attentes sont hautes lorsqu’il est mis en scène par l’un des plus grands réalisateurs français. Pour une première tentative de long-métrage, on peut difficilement dire que Melville a choisi la facilité, puisqu’il décide d’adapter à l’écran une nouvelle qui a beaucoup fait parler d’elle durant la Seconde Guerre Mondiale, où elle fut publiée clandestinement, et qui est pourtant assez compliquée à imaginer en film (c’est littéralement un mec qui parle tout seul face à deux autres qui l’écoutent sans rien dire). Concept à priori anti-cinématographique, sujet délicat tant il traite de choses encore fraîches dans les mémoires (j’imagine qu’avoir un nazi sympathique n’était pas une habitude à l’époque), et si en plus on ajoute les galères pas possibles de Melville pour être le premier à adapter ce récit, allant jusqu’à tourner sans être syndiqué, et promettant de brûler le film s’il n’était pas réussi, on tient là un premier long qui n’a pas été une partie de plaisir à mettre en place.

Le résultat, à défaut d’être parfait, est tout de même très convaincant, notamment parce que du concept très littéraire, il en tire un film tout à fait plaisant à suivre et sur lequel on ne s’emmerde pas. Alors oui, on devine l’adaptation trop fidèle, que Melville adapte sagement, ce qui donne un film particulièrement verbeux, et c’est clairement la limite principale du projet, mais ça n’empêche pas Melville de se faire la main en termes de mise en scène. Déjà, il y a une très belle photo de Decaë (dont c'est le premier film, décidément le mec en avait déjà sous le capot), et puis Melville sait qu’il ne doit pas se contenter de simples champs/contrechamps s’il veut donner de la consistance à son récit, ce qui fait qu’on a une réalisation travaillée, jouant sur les axes de caméra, les plongées/contre-plongées, les jeux de lumière (ce plan dingue du français lançant son dernier regard à l’allemand), autant d’éléments qui permettent au film de transcender un concept qui aurait pu être bien lourdingue à l’écran. Encore une fois, ça n’empêche pas le film d’avoir de vrais défauts : la voix-off du français pour expliquer ce qu’il pense, l'interprétation du même personnage (alors que Howard Vernon est impeccable), les nombreux couloirs de monologues, mais pour le coup, vu le matériau adapté, et vu que c’est un premier long, je trouve que Melville ne démérite pas, d’autant qu’il évite à côté de ça un bon nombre d’autres pièges. Ce n’est clairement pas un film représentatif du cinéma à venir de Melville, mais ça reste une mise en bouche particulièrement intéressante à découvrir.


7/10
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Flingueur (Le) (1972) - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 06 Oct 2024, 12:44

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The Mechanic (Le Flingueur) de Michael Winner
(1972)


Bon déjà j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à un récit de ce genre : je me suis lancé dans le film sans rien en savoir si ce n’est la collaboration Winner/Bronson, et du coup je m’attendais à un pur vigilante alors que c’est un hitman movie :mrgreen: . J’ai été encore plus surpris par la façon dont démarre le film, à savoir une longue introduction où on suit Bronson qui traque sa future cible, enregistre ses habitudes, prépare son coup, puis exécute son plan sans que qui que ce soit ne puisse conclure à un assassinat. Si on ajoute à ça que cette intro est quasiment muette , et que toutes les informations passent par l’image, autant dire que le film démarrait très bien pour moi. Malheureusement, ce début réjouissant restera à mon sens la meilleure partie du métrage, qui enchaîne ensuite sur quelque chose de plus conventionnel.

Sur le papier, pourquoi pas : questionner ce qui fait un tueur, les origines de ce qui fait un psychopathe, des questions posées à travers une relation maître/disciple, ce qui fait naître une ultime interrogation : l’élève peut-il dépasser le maître ? Pour le coup, le film n’est jamais aussi bon que quand il développe tout ça à travers les scènes où Bronson, vieux tueur qui sent ses vieux jours arriver, transmet son savoir et ses compétences à un jeune loup qui ne demande que ça. Mais dès que l’intrigue se remet en route et que l’action dirige le duo vers l’Italie, le film perd clairement en intérêt. Ça se rattrape par une fin assez jouissive dans son genre, et qui m’a bien fait marrer :mrgreen: , mais tout ce qu’il y a avant donne l’impression qu’on a forcé Winner à justifier une facette action pour mieux vendre le film, le souci étant que l’action elle-même n’est pas folle, même dans la réalisation. Apparemment, le script de base voulait que les deux tueurs aient une relation homosexuelle, j’ignore si ça aurait amélioré le film, mais nul doute que ça aurait pu complexifier la relation du duo, et que ça aurait abouti sur un film un peu moins classique. En l’état, c’est une bobine qui se regarde bien, mais on sent derrière un potentiel meilleur projet, ce qui crée une certaine frustration.


6/10
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Embrasse-moi vampire - 5,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 10 Oct 2024, 12:44

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Vampire's kiss (Embrasse-moi vampire) de Robert Bierman
(1988)


Drôle de film que voilà. C’est rare de voir une bobine qui repose entièrement sur son acteur principal, sans quoi le film serait complètement naze, mais là pour le coup c’est vraiment le cas tant Nicolas Cage a l’air d’être le seul à se défoncer pour rendre le métrage agréable. Sur le papier c’est déjà un film étrange, avec cette histoire de new-yorkais qui se fait mordre par une vampire et qui va peu à peu se transformer lui aussi, sauf que le postulat n’est pas vraiment là pour assumer une quelconque partie fantastique, mais plutôt pour dynamiser les relations du personnage avec les femmes, où il est tour à tour dominateur, dominé ou tyrannique. Le peu qu’on puisse dire, c’est que le film n’est pas vraiment intéressant à suivre, ça ne raconte pas grand chose, ça met beaucoup trop de temps pour le faire, ça se perd dans des storylines peu utiles, et en plus c’est filmé vraiment de façon ultra quelconque, genre téléfilm, alors qu’il y avait moyen d’avoir quelque chose d’un minimum travaillé, surtout quand on se permet de citer ouvertement le Nosferatu de Murnau.

Mais la véritable attraction du film, comme dit plus haut, est bien Nicolas Cage : le mec semble être le seul à croire au potentiel du métrage, et se donne à fond dans n’importe quelle scène, au point qu’il rend la moindre scène intéressante à regarder juste pour voir à quel point il va péter un câble. Du coup, on comprend aisément pourquoi le film a été décliné en multitudes de memes, tant Cage est expressionniste à souhait dans celui-ci, et je dois avouer que la totalité des éclats de rires que j’ai pu avoir ont tous été en lien avec ce que faisait l'acteur à l’écran. On ne peut pas dire qu’il rend le film bon à proprement parler, mais il le sauve clairement de la nullité de par sa seule présence, et arrive à le rendre un minimum drôle, et ça c’est quand même très fort. Une petite curiosité donc, à réserver tout de même aux fans de l'acteur.


5,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Jeu 10 Oct 2024, 13:49

avec cette histoire de new-yorkais qui se fait mordre par une vampire et qui va peu à peu se transformer lui aussi


J'y vois vraiment un précurseur - raté - d'American Psycho (un homme s'imagine être un vampire / tueur en série parce qu'il ne supporte pas sa vie de yuppie dénuée de sens).
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Terrain d'entente - 6/10

Messagepar Alegas » Ven 11 Oct 2024, 23:37

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Fever pitch (Terrain d'entente) de Bobby & Peter Farrelly
(2005)


A ma grande surprise, moi qui suis plutôt friand du cinéma des Farrelly, je n’avais jamais entendu parler de celui-ci avant de découvrir sa dispo sur Disney+. Ceci dit, c’est assez normal dès qu’on se renseigne sur le film : Jimmy Fallon en lead ce n’est pas ce qu’il y a de plus bandant, le métrage a connu des résultats financiers plutôt moyens alors qu’on parle quand même d’une romcom dans le milieu des fans de baseball, et surtout en France le film est passé complètement sous les radars avec une sortie technique honteuse qui a fini de le condamner au quasi-anonymat. Alors bon, je vais pas vendre une pépite oubliée, c’est loin d’être le cas, mais pour peu qu’on apprécie les films des frangins il y a de quoi y trouver son compte. Le pitch :mrgreen: est plutôt fun : deux personnes se rencontrent et commencent à sentir qu’il y a la possibilité d’une relation sérieuse, mais ça c’est avant que la femme découvre que le mec est un fan hardcore des Red Sox (au point qu’il a des sièges réservés à vie et qu’il traverse le pays juste pour voir leurs séances d’entraînement), et de là découle le schéma classique de l’amour VS le hobby, et est-ce que les deux vont pouvoir cohabiter.

Côté script, y’a rien de bien original, c’est même très balisé et attendu (curieux de savoir si le film original, car oui c’est un remake d’un film anglais avec Colin Firth, l’est autant) mais à vrai dire ce n’est pas spécialement gênant car ça fonctionne, notamment parce que c’est plutôt bien écrit sur toute la partie romantique. Si Drew Barrymore fait très bien le job (elle a toujours été à l’aise dans ce genre), on ne peut pas dire la même chose de Fallon qui montre vite ses limites d’action. Rien de bien méchant non plus, ce n’est pas de la prestation qui vient gâcher le métrage, mais ça joue mine de rien sur l’attachement qu’on peut avoir au perso (chose toujours importante chez les Farrelly qui aiment leurs protagonistes, qu’ils soient cons ou moches), et là pour le coup on apprécie plus le perso grâce à l’écriture plutôt qu’avec la prestation. Côté comédie, ça livre la marchandise, c’est pas le film le plus drôle des frangins, on pourrait dire même que ça manque un peu du trash habituel, c’est un peu trop sage, mais on rigole bien par moments tout de même. Un petit Farrelly donc, mais j’en ressors globalement surpris car je m’attendais vraiment à quelque chose de pas terrible vu le peu de popularité du film, alors que c’est tout à fait sympathique.


6/10
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Megalopolis - 5/10

Messagepar Alegas » Sam 12 Oct 2024, 23:25

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Megalopolis de Francis Ford Coppola
(2024)


Projet de longue date de Coppola, puisqu’il a commencé à le développer dans les années 80, et comme souvent avec ce genre de projets développés sur trop de temps, ça suscite beaucoup trop d’attentes et ça déçoit, d’autant plus ici que l’âge de Coppola se fait réellement sentir. Pourtant, le potentiel est là, avec ce duel entre deux hommes pour l’avenir d’une ville et d’une femme, l’un étant le père avec une vision très conservatrice, pendant que l’autre est l’amant qui souhaite se diriger vers l’utopie, et avec entre les deux toute une société qui part en couilles à cause d’inégalités sociales de plus en plus marquées. Nul doute que ce projet, tel qu’il avait failli se faire au début des années 2000, aurait été autrement plus convaincant que cette version faite sur le tard où Coppola semble radoter sur des portes ouvertes depuis longtemps. Ça évoque un parallèle entre la chute de l’empire romain et les USA d’aujourd’hui, ça parle de l’Amérique de Trump, et après tout pourquoi pas, c’est un peu le Southland Tales de Coppola en fait :mrgreen: , mais c’est fait avec une telle lourdeur et un côté tellement didactique qu’on a l’impression que c’est papy Coppola qui s’assied à côté de nous pour nous expliquer sa vision de la société et du pouvoir de l'art, qui finit par se répéter sans s’en rendre compte, et qui divague de plus en plus au point d’avoir un discours proche de l’incohérence. :?

Quelques jours après la vision, je ne suis toujours pas certain de comprendre où veut en venir le métrage dans ce qu’il raconte, il y a un côté “tout ça pour ça” qui domine, et c’est vraiment dommage car encore une fois on sent un potentiel, et on devine par moment le gros morceau que ça aurait pu être fait par un Coppola en meilleure forme. Car clairement, le film ne peut pas avoir l’excuse d’un projet où Coppola n’aurait pas eu les mains libres : avec son statut de production indépendante auto-financée, c’est bien au réalisateur d’assumer le résultat, d’autant plus quand on sait qu’il a viré en pleine production des membres de la direction artistique, VFX et décors compris, et que ça se voit beaucoup. Concrètement, le film est un joyeux bordel particulièrement inégal : les bonnes idées y côtoient les mauvaises, le génial se mélange au ridicule, les plans inspirés s’opposent aux passages tournés platement, et c’est cela constamment pendant toute la durée du film, ce qui fait qu’on ne sait jamais trop sur quel pied danser, et quelle posture avoir vis à vis du métrage.

Côté script, c’est un gros foutoir où les personnages ont du mal à exister, s’arrêtant souvent à des fonctions, beaucoup sont là sans réelles justifications (je n’ai par exemple toujours pas compris à quoi sert celui de Dustin Hoffman) et on ne peut pas dire que les relations entre eux soient réussies : la dualité entre Driver et Esposito n’existe que dans des discours explicatifs (tout le setting de début de film c’est vraiment de la narration où tout passe par les monologues :evil: ), et c’est pareil pour la romance qui est censée être le moteur du récit. Ceci dit, ce n’est pas aidé par un casting qu’on devine dirigé de façon trop libre : on a souvent l’impression que chacun joue dans un film différent, entre Driver qui y croit à fond et le joue très sérieusement, Shia Labeouf et Aubrey Plaza qui sont dans la surenchère (ceci dit ça donne une scène de manipulation sexuelle plutôt drôle, scène d'ailleurs totalement improvisée par les comédiens vu que Coppola ne savait pas quoi en faire, ça en dit long), ou Jon Voight qui semble ne rien comprendre aux scènes qu’il joue (la scène où il prétend une érection et où il finit par tirer deux flèches dans le cul de Labeouf, c’est chaud), tout ça contribue encore plus à la sensation de voir un film qui ne sait pas réellement quel ton adopter, et décide donc de faire un peu tout en même temps. On notera aussi que Nathalie Emmanuel est simplement un joli minois sur ce film, elle n'apporte aucune consistance à son personnage et fait pâle figure face à Driver.

Formellement, c’est déjà mieux même s’il y a des écueils, on a notamment jamais vraiment l’impression de voir un film qui a coûté dans les alentours de 100 millions : les effets visuels ne sont pas terribles pour être gentil, la DA globalement est assez ratée (les visions de l’utopie sont bien ringardes), et ça donne des séquences un peu gênantes comme celle du Colisée, qui est censé être littéralement la Rome Antique de nos jours, alors qu’on a trois plans sur une course de chars, quatre mecs dans l’arène, et un concert de pop-star, tout ça a un cheap très prononcé :evil: . Heureusement, Coppola en a encore un peu sous le capot lorsqu’il s’agit de livrer des beaux plans, et sur ce point il nous rappelle qu’il est le mec qui était derrière One from the Heart, avec un paquet de shots très inspirés (celui des ombres sur les buildings alors que le satellite s’écrase, la main qui sort du nuage pour choper la lune, je ne m’en remet pas :love: ), jouant souvent sur tout un héritage de cinéma (beaucoup de superpositions comme au temps du muet).

J’ai bien conscience que j’ai dit plus de mal que de bien du film, mais le fait est que le métrage a, de par son développement et son statut de très probable ultime film de son auteur, un côté assez fascinant même si ça ne le sauve pas pour autant. Oui c’est souvent imbuvable, oui le film est inégal à souhait, et oui ça ne se range clairement pas à côté des meilleurs films de Coppola, mais je pense que les retours depuis Cannes étaient tellement catastrophiques que je suis surpris de voir un film qui a aussi des qualités évidentes, quand bien même elles ne soient pas toujours bien mises en valeur. En revanche, c’est aussi un film que je sais que je ne reverrais jamais, car j’ai bien conscience que je le reverrais sans doute plus à la baisse qu’à la hausse.


5/10
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Missouri Breaks - 4/10

Messagepar Alegas » Dim 13 Oct 2024, 16:03

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The Missouri Breaks (Missouri Breaks) de Arthur Penn
(1976)


Arthur Penn est un nom qui est loin de me convaincre, le meilleur film du bonhomme que j’ai vu jusqu’ici est son Bonnie & Clyde, et même ce dernier j’ai tendance à y trouver trop de défauts pour le considérer comme un très bon film. Avec The Missouri Breaks, Penn revient au western, et comme il l’a fait avec Little Big Man, il attaque le genre avec une intention évidente de le déconstruire. Manque de bol, je n’étais déjà pas fan de Little Big Man, et c’est un schéma qui se répète ici, tant j’ai toujours l’impression qu’avec son approche, Penn donne l’impression de se foutre du genre qu’il aborde. Sur un postulat de base intéressant (des bandits qui essaient de monter un ranch, chose très mal vue par le riche éleveur local qui veut se débarrasser d’eux en engageant un tueur), on a une histoire finalement vraiment pas terrible à suivre : déjà c’est très mal rythmé, ça dure plus de deux heures alors que le film aurait pu se passer aisément de 30 minutes, ça met une heure à réellement démarrer, la love story au cœur du film ne fonctionne pas, et surtout il y a une volonté de Penn de faire des ruptures de ton, sauf qu’elles fonctionnent rarement. L’humour est ici un élément qui fait pièce rapportée sur un script existant, le pire étant tout ce qui touche au personnage de Brando, mauvais comme pas permis, ce dernier jouant sa partition comme s’il n’était pas dans le même film que les autres (on dirait vraiment un perso venant d’une comédie à l’humour lourdingue, d’ailleurs il semblerait que Penn n’ait jamais vraiment cherché à le diriger sur le tournage).

Le métrage se rattrape avec la prestation de Nicholson, nettement plus convaincant que son opposant, une ambiance pas trop mal, et des passages assez violents ou cruels qui dénotent avec le reste (entre deux pitreries, Brando tue un par un des mecs de façons variées), mais ça fait peu par rapport à ce que le film promet (Brando et Nicholson, c’est quand même de la tête d’affiche qui a de la gueule, surtout au milieu des années 70). Le film a aussi la particularité d’être mis en musique par John Williams, mais c’est pas vraiment un score mémorable à mon sens, c’est encore un peu trop ancré dans le style qu’il avait au début de sa carrière, et dont je ne suis pas toujours friand. Un film pas terrible et vite oublié.


4/10
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Passenger (The) (2018) - 6/10

Messagepar Alegas » Dim 13 Oct 2024, 23:17

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The Commuter (The Passenger) de Jaume-Collet Serra
(2018)


Si la carrière de Jaume-Collet Serra peut difficilement qualifier d’être exemplaire, notamment parce que je trouve qu’il a un peu trop tendance dernièrement à faire le yes man pour Disney, DC ou Netflix, j’avoue trouver sa collaboration avec Liam Neeson plutôt intéressante. Non pas qu’elle ait donné lieu à des films fabuleux, loin de là, mais parmi la vague de films d’action avec Neeson en lead qu’on se tape depuis plus de quinze ans, je trouve que les films de Serra témoignent d’une certaine sincérité, ne serait-ce que par le fait qu’ils soient finalement tous différents les uns des autres (pas encore vu Run all night, mais le pitch semble confirmer mon point de vue), là où aurait pu être choisie la facilité de tomber dans une certaine formule.

Sur le papier, The Commuter peut sérieusement faire penser à une nouvelle version de Non-stop, où on aurait juste déplacé l’action d’un avion à un train de banlieue, mais c’est finalement un peu plus complexe que ça, et je trouve qu’en termes de traitement on est ici, dans une certaine mesure, plus dans l’hommage hitchcockien. Le début du film est efficace : un ex-flic qui vient de perdre son boulot et qui a désespérément besoin d’une rentrée d’argent, une mystérieuse organisation qui lui propose d’identifier un passager dans un train avant que ce dernier n’arrive à une gare précise, des complications qui arrivent au compte-gouttes, c’est clairement un postulat que n’aurait pas renié Hitchcock, et il faut avouer que Jaume-Collet Serra tient plutôt bien les rênes de son film la majeure partie du temps. Il y a plein de petites idées qui fonctionnent, comme le fait que Neeson soit un habitué du train et donc qu’il connaît déjà une bonne partie de ses occupants, le wagon du milieu où personne ne va car la clim y est coupée, les fausses pistes, la façon dont le personnage va réduire de plus en plus la liste de suspects, les passagers qui réagissent de plus en plus au fait que Neeson parcourt la totalité des wagons sans leur donner d’explications, pour toute ce genre de choses, le film s’avère réussi et livre, sur un peu plus d’une heure, un chouette divertissement qui fait le taf.

Dommage donc que, comme pour Non-stop, le métrage s’effondre dans un dernier acte qui veut jouer soudainement l’action et sortir explosions et guns. Non seulement ça dénote avec ce qui a précédé, mais en plus on voit bien que ce n’est pas là où le réal excelle : la séquence du crash du train est non seulement immonde, mais en plus incompréhensible (y’a rien qui va entre les CGI et le montage ultra cut :evil: ), et toute la fin à base de simili prise d’otages offre beaucoup moins de tension que les moments précédents où le personnage tentait de réduire sa short-list de passagers. C’est dommage car ça laisse finalement une impression en demi-teinte, on peut clairement parler d’un dernier quart qui bousille le reste du film, quand bien même ça n’enlève pas la qualité de ce qui a précédé. Neeson a beau se répéter dans ses choix de rôles, on ne peut pas lui enlever le fait qu’il joue toujours avec conviction ce genre de personnages, et on a en plus une jolie galerie de seconds rôles avec notamment Patrick Wilson (dommage seulement que son perso soit grillé rapidement), Sam Neill, Vera Farmiga, Jonathan Banks ou Florence Pugh, y’a de quoi faire de ce côté là. La BO de Roque Baños, compositeur habituel de Alex de la Iglesia, qui livre ici un score efficace. Encore une fois, c’est un film qui a ses défauts, notamment un dernier acte qui ne lui ressemble pas, mais pour l’état c’est un thriller pas dégueu qui fait le job le temps d’une séance du soir.


6/10
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Gorky Park - 5/10

Messagepar Alegas » Lun 14 Oct 2024, 08:35

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Gorky Park de Michael Apted
(1983)


Petite déception pour le coup car c’est typiquement le genre de film qui commence très bien, qui promet un polar avec une super ambiance, et qui s'essouffle au fur et à mesure que l’intrigue avance. De toute évidence, la grosse particularité de Gorky Park est d’être un polar se déroulant intégralement en URSS, sur ce point le métrage est plutôt convaincant : la reconstitution est de qualité alors que tout le film est tourné en Suède et en Finlande. Le fait d’avoir un héros russe, qui se méfie des institutions de son propre pays (il crache rapidement sur le KGB) est aussi un plus, surtout qu’il est interprété par un William Hurt convaincant. Comme dit plus haut, le film démarre fort avec cette enquête lugubre sur trois cadavres trouvés en plein milieu d’un parc de Moscou, et dont les visages ont été arrachés pour empêcher leur identification. Une enquête qui va prendre de plus en plus d’ampleur, surtout à partir du moment où l’on se rend compte que d’autres nations sont impliquées dans l’affaire (ce qui permet d’avoir Brian Dennehy dans un rôle sympathique), et qui contient de bonnes idées comme le coup de la reconstruction d’un visage à partir d’un crâne, mais malheureusement le récit a bien du mal à tenir la cadence, et autant les 45 premières minutes sont plaisantes à suivre, autant la suite a bien eu du mal à me passionner.

Déjà, il y a une désagréable impression de voir le film faire souvent du surplace avec ses personnages (vraiment pas convaincu par la relation entre William Hurt et Joanna Pacula, j’y crois pas des masses et ça manque d’intensité), mais surtout c’est toute la résolution de l’intrigue qui fait que le film retombe complètement à plat : on amène Lee Marvin, on se dit qu’il y a forcément une raison importante pour avoir tué trois personnes en plein Moscou, et finalement tout ça pour une sombre histoire de trafic de zibelines, dans le genre déceptif ça se pose là :eheh: . Formellement c’est du Apted, autant dire que c’est pas ouf, tout y est très fonctionnel et il n’y a rien qui ressort réellement. Le score de Horner est pas trop mal par contre, lui qui apprécie les inspirations russes il a de quoi se faire plaisir ici, ça donne une BO qui alterne entre valses et passages plus musclés à la 48 hours. Dommage que tout ça aboutisse sur un film moyennement convaincant, car il y avait assurément du potentiel.


5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 14 Oct 2024, 08:41

Official secrets, Gavin Hood, 2019, TV VOST : 7/10


T'as prévu une critique ? J'ai trouvé ça tellement wikipediesque et plat que ta note m'étonne.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Lun 14 Oct 2024, 08:59

Je pense en faire une critique ouais, mais globalement j'ai été cueilli par le fait que je ne savais pas du tout de quoi ça parlait, et surtout que je n'avais jamais entendu parler de cette histoire, donc le récit a bien marché sur moi en termes de révélations, j'ai vraiment été pris dans le truc. Pour donner un exemple sur une scène, quand le journal se fait épingler sur l’orthographe anglaise du mémo et qu'on pige la bourde de la secrétaire, j'étais à fond avec les persos.
Du coup, même si j'ai bien conscience que c'est effectivement un thriller wikipedia, avec les limites que cela impose (ça n'est pas transcendé comme peut le faire Spielberg sur The Post), j'en ai retenu plus les qualités (réal qui fait le job, casting trois étoiles) que les défauts (la narration conventionnelle notamment).
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 14 Oct 2024, 09:02

casting trois étoiles


Bah justement je le trouve sous-employé ce casting, ce qui a amplifié ma déception. Un mec comme Fiennes fait un super boulot OK, mais Matt Smith il n'a rien pour exister.

(Le coup de l'orthographe anglaise, c'était pas mal, j'avoue.)
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