[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

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Damien : La Malédiction II - 2,5/10

Messagepar Alegas » Ven 16 Aoû 2024, 12:25

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Damien : Omen II (Damien : La Malédiction II) de Don Taylor
(1978)


Le premier ayant été un succès, il était évident qu’une suite allait être mise en chantier juste après, et on peut difficilement le reprocher car quand bien même le premier film se suffit à lui-même, il laissait tout de même ouverte une porte vers une continuation potentielle, avec Damien dans une nouvelle famille d’accueil, cette fois encore plus proche du pouvoir. Globalement, sans détour, c’est un mauvais film qui n’a pour lui qu’une qualité à laquelle je ne m’attendais pas, à savoir le traitement du personnage de Damien, qui est cette fois adolescent, et qui, à la manière d’un coming of age, doit faire face à sa véritable nature, la gérer, et grandir avec. C’est plutôt bien vu, ça permet d’avoir un personnage qui doute, presque horrifié de découvrir ce qu’il est réellement, et la présence d’un frangin de substitution, qui connaîtra une fin tragique, vient renforcer cette complexité psychologique bienvenue.

Voilà, malheureusement c’est bien le seul point réellement positif que je peux signaler dans cette suite, car pour le reste c’est quand même bien loupé. C’est un film qui a pour principal défaut de vouloir émuler la formule du précédent alors qu’il y avait matière à faire évoluer la franchise. Tout le premier film se basait sur un personnage qui devait faire la lumière si oui ou non son fils était bien l’Antéchrist, et évidemment, maintenant que le spectateur connaît la vérité, c’était évident qu’il fallait passer moins de temps là-dessus. Que propose donc cette suite ? Une succession de personnages qui sont sur le point de découvrir la véritable nature de Damien, ou qui cherchent à le nuire dans son ascension, et qui vont tous se faire tuer d’une manière ou d’une autre par un malheureux concours de circonstances provoqué par les forces du Mal. Concrètement, le film ne raconte pas grand chose d’autre, c’est réellement ça répété sept ou huit fois sur toute la longueur du récit,avec en parallèle Damien qui évolue dans une école militaire, qui va apprendre la vérité en partie grâce à des protecteurs satanistes, et l’accepter. Autant dire qu’on s’emmerde facilement devant ce film qui n’a pas grand chose à raconter et qui fait durer le suspens des mises à mort qui se révèlent globalement toutes décevantes.

C’est, en plus, réalisé très platement par un Don Taylor peu inspiré (son épisode de La Planète des Singes n’était déjà pas ouf de ce côté-là), il y a vraiment un gros pas en arrière en comparaison du Donner, avec beaucoup de séquences qui sont involontairement ridicules (la meuf sur la route qui va se faire percuter par le camion, le passage avec la classe dans l’usine, etc…). Côté casting, on a William Holden qui vient remplacer Peck dans un rôle similaire, Lance Henriksen qui met à profit sa trogne inquiétante, et j’ai été très surpris de voir dans ce film Sylvia Sidney, actrice des années 30 que j’apprécie beaucoup, et qui joue ici l’une des premières victimes de Damien. Tout ça donne un film peu recommandable, lourdingue à suivre de par son manque d’inspiration et sa répétitivité.


2,5/10
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Du silence et des ombres - 8,5/10

Messagepar Alegas » Sam 17 Aoû 2024, 19:46

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To kill a mockingbird (Du silence et des ombres) de Robert Mulligan
(1962)


Le roman a été l’une de mes plus belles découvertes littéraires de ces derniers mois, ce n’était donc qu’une question de temps avant que je lance cette adaptation. Surtout qu’elle jouit d’une jolie réputation, notamment parce que, comme le roman, c’est considéré aux États-Unis comme un classique parmi les classiques. C’est malheureusement moins le cas en France, mais c’est sans doute parce que livre est aussi moins connu chez nous : à l’école, on étudie volontiers du Steinbeck ou du Twain, mais pas forcément du Harper Lee, ce qui est dommage. Disons-le d’entrée, toutes mes craintes vis-à-vis de l’adaptation se sont rapidement envolées. Je craignais surtout que le film fasse le choix de mettre moins les enfants en avant, et de se concentrer sur l’affaire juridique, mais ce n’est pas le cas.

On a donc toujours en héros un frère et sa sœur qui grandissent dans une ville du sud des États-Unis où le racisme est encore bien présent, et donc au milieu des jeux, des leçons de vie, de l’innocence des premiers étés, et d’une rumeur vis-à-vis d’un voisin monstrueux, les deux enfants vont découvrir une certaine réalité avec une affaire de viol où un noir est accusé, leur père devant défendre ce dernier devant la cour. Je suis assez impressionné par le travail d’adaptation sur ce film, étant donné que je retrouve globalement tout ce qui m’avait plu dans le bouquin, et que je n’arrive même pas à définir les passages qui ont été enlevés pour permettre une durée convenable. Forcément, il y a des changements, notamment la durée des événements (dans le livre, ça se passe sur plusieurs années, ici c’est plutôt quelques semaines/mois) mais jamais ça n’abaisse la qualité de l’ensemble, pour le coup chapeau au scénariste pour le travail abattu (d’autant que le bonhomme a récidivé trois décennies plus tard avec l’adaptation de Gary Sinise de Of mice and men).

On y retrouve aussi toute l’ambiance particulière, notamment avec le délire autour de Boo Radley, et ce n’était pas forcément évident tant il est difficile parfois de rendre bien à l’écran l’innocence de l’enfance, il faut dire aussi que les gamins s’en sortent admirablement bien. Mais la force du film, c’est aussi tout ce qui gravite autour d’Atticus Finch, interprété ici par un Gregory Peck magistral. Toute la séquence du procès est assez fabuleuse, j’avais beau connaître l’issue de la scène la tension était tout de même là, et le petit ajout (enfin il me semble, je ne me souviens pas de ça dans le livre) à la fin avec la communauté noire qui se lève est une excellente idée qui fonctionne émotionnellement. Atticus Finch était déjà un superbe héros dans le roman, il devient ici avec Peck une icône absolue, à ranger à côté du Mr Smith de James Stewart, on est vraiment dans le même ordre d’idée. Mulligan, dont c’est le premier film que je découvre, emballe son film sans prise de risque particulière, c’est carré et fonctionnel, ça ne dépasse pas, on pourrait dire que c’est un défaut mais franchement vu le matériau d’origine une telle mise en scène convient parfaitement. Sinon, c’est marrant de voir Duvall dans le rôle de Boo, ça peut paraître incongru sur le papier, mais en fait il avait tellement une tête peu ordinaire à l’époque que ça marche complètement. Vraiment un beau film, doublé d’une excellente adaptation.


8,5/10
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Trapèze - 5,5/10

Messagepar Alegas » Dim 18 Aoû 2024, 17:16

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Trapeze (Trapèze) de Carol Reed
(1956)


Moi qui ai vu de Reed soit des films d’espionnage, soit des drames teintés d’ambiance de film noir, ça fait bizarre de le voir derrière cette histoire se déroulant dans le milieu du cirque parisien, le tout filmé en couleurs. Sur le papier, le récit fait étrangement penser à un film muet que j’ai découvert l’année dernière, à savoir le Variété de E.A. Dupont, où on retrouve le même postulat à base de triangle amoureux au sein d’un numéro de trapézistes. Ceci dit, c’est quand même bien différent, car ici il est aussi question d’une relation maître/élève pour performer un tour réputé très difficile, relation qui va donc être chamboulée par l’arrivée d’une jeune femme plutôt opportuniste (son ambition est d’avoir le projecteur sur elle autant que possible) qui va faire chavirer les cœurs

La particularité du métrage est d’avoir Burt Lancaster dans le rôle du mentor trapéziste, lui qui a justement été dans le milieu du cirque avant d’être acteur, et qui fait donc la majorité des cascades à l’écran (chose d’ailleurs pas super bien mis en valeur par la réalisation qui use souvent de plans larges). Tony Curtis dans le rôle de l’élève aux dents longues, c’est un registre qu’il maîtrise plutôt bien, et pour compléter on a la pulpeuse Gina Lollobrigida, qui porte plutôt bien son avec des arguments convaincants :chut: . Côté script, on ne peut pas dire que le film soit particulièrement surprenant : tout est très attendu, des motivations des personnages aux rebondissements, et il y a sans cesse le sentiment d’avoir une longueur d’avance sur le récit, ce qui n’aide pas vraiment à l’implication, et on suit donc cette histoire avec une certaine distance. Là où le film est plus convaincant, c’est justement dans son trio principal qui a une plutôt bonne alchimie, et sur lequel on peut aisément y voir un sous-texte sexuel, notamment entre Lancaster et Curtis où c’est à peine dissimulé, entre l’un qui a été “lâché” par son ancien partenaire, ou des regards lourds de sens (le final évidemment, mais aussi le passage où Curtis montre ses capacités, et où on voit que Lancaster le bouffe des yeux :mrgreen: ).

Formellement, on sent que les moyens sont là entre le tournage à Paris et les représentations qui se veulent grandioses, mais malheureusement on a aussi l’impression que Reed filme ça en mode automatique, surtout dans les passages spectaculaires qui ne sont pas très mémorables visuellement alors qu’il y avait sûrement moyen (en tout cas, dans Variété, c’est nettement plus inspiré alors que c’est tourné trente ans avant, et j’imagine avec un budget moindre). Pas un mauvais film, ça se regarde même plutôt bien, mais il n’y a rien qui me donne le sentiment que j’aurais envie de le revoir un jour, et c’est clairement deux crans en dessous des autres films de Reed que j’ai pu voir.


5,5/10
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Film: Trapèze
Note: 7/10
Auteur: Olrik

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Tina - 6,5/10

Messagepar Alegas » Dim 25 Aoû 2024, 11:32

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What's love got to do with it (Tina) de Brian Gibson
(1993)


Assez étonné de n’avoir jamais entendu parler de ce film avant seulement quelques jours à l’occasion d’une diffusion TV, à croire que c’est tombé dans l’oubli alors que dans le genre biopic musical, ça se défend plutôt bien. C’est donc l’adaptation de l’autobiographie de Tina Turner, et sur ce point ça peut faire peur car ça peut rapidement tomber dans le film à la gloire de son sujet. Mais, à ma grande surprise, le métrage évite en très grande partie ce piège, notamment parce que avant d’être un film sur comment Anna Mae Bullock est devenue Tina Turner, c’est surtout l’histoire de sa relation avec Ike Turner qui est mise en avant, et on est donc plus devant un drame sur l’émancipation d’une femme que devant un biopic classique.

Et c’est tant mieux car tout ce qui touche au biopic s’avère très attendu/convenu, avec le talent découvert tôt, l’enfance malheureuse, les rapports familiaux tendus, le manager qui va profiter de la crédulité de la chanteuse, etc… Évidemment, ça doit probablement coller avec l'ascension réelle de Tina Turner, mais il y avait sûrement moyen d’avoir un traitement qui rende tout ça plus intéressant. En revanche, tout le côté drame conjugal est ce qu’il y a de mieux dans le film, et ce pour deux raisons. D’un côté, il y a le casting : Angela Bassett est assez dingue dans ce film, livre une performance admirable bien plus centrée sur l’émotion que sur ses capacités à ressembler/mimer Tina Turner, et Laurence Fishburne incarne avec talent un Ike pathétique et détestable. De l’autre, il y a le fait que le métrage ne cherche pas à cacher les proportions violentes de la relation, ce qui donne quelque scènes assez dures à regarder, où ça se règle à coups de poings dans la gueule, de viols répétés, ou de passages à tabac devant les yeux des invités et des enfants.

En point d’orgue du film, il y a tout ce passage où Tina Turner décide enfin de lâcher l’affaire, quitte à perdre sa famille et sa carrière, et pour le coup, d’un point de vue émotionnel, ça marche vraiment avec d’une part la séquence dans la limousine où les deux conjoints se mettent sur la tronche et ressortent en sang, et de l’autre cette scène où Tina fuit vers un autre hôtel et, sans un sou, supplie le directeur de lui donner une chambre. Le métrage a beau ne jamais être exceptionnel, le fait que tout ce passage fonctionne à fond me laisse à penser que le film réussit tout de même son pari. Cerise sur le gâteau : le visionnage m’aura permis aussi d’avoir un regard plus approfondi sur la carrière musicale de Tina Turner, moi qui la connaissais surtout pour ses chansons conçues de la fin des années 80 au milieu des années 90. Pas un grand film, mais un biopic très respectable qui sort en partie du traitement classique de ce genre de projets.


6,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Dim 25 Aoû 2024, 12:05

Très bon biopic pour ma part, Ike s'en prend plein la tronche et Tina va finalement s'émanciper en devenant une icone sauvée par un paquet de stars des 80's.
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Misérables (Les) (1995) - 6/10

Messagepar Alegas » Mer 28 Aoû 2024, 12:53

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Les Misérables de Claude Lelouch
(1995)


Voilà un film sur lequel j’avais entendu un peu tout et son contraire, et effectivement c’est bien un film inégal à l’arrivée, mais s’il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas dire, c’est que Claude Lelouch n’a pas manqué d’ambition sur celui-ci. Chaque adaptation française des Misérables a toujours été l’occasion non seulement de se lâcher sur le casting (c’est presque devenu une étape obligée pour chaque grand acteur français que de jouer Jean Valjean), mais aussi de faire une proposition en termes de traitement, que ce soit visuellement ou scénaristiquement. Ici, Lelouch livre ce qui est probablement l’adaptation la plus libre du roman : exit le 19ème siècle, le film se passe désormais sur la première moitié du 20ème, en prenant notamment place durant l’Occupation, et l’existence même du livre de Victor Hugo est prise en compte au sein du récit.

Sur le papier, c’est complètement casse-gueule, voire suicidaire. A l’écran, quand bien même il y a des choses qui ne marchent pas toujours (le fait que Belmondo se découvre une passion pour Valjean, et ne cesse de créer des liens entre la destinée du personnage et la sienne, n’est pas l’élément le mieux géré en termes d’écriture et fait un peu forcé), il faut avouer que ça a de la gueule. C’est clairement un film dans la lignée de Les uns et les autres, ou La belle histoire, avec Lelouch qui se sort les doigts et qui donne tout pour livrer une grande fresque avec beaucoup de personnages, plusieurs arcs narratifs qui s’entrecroisent, des jeux avec les notions temporelles, des têtes connues un peu partout, une longueur assumée (on approche des trois heures), une mise en scène qui se veut flamboyante (parfois même trop, Lelouch abuse un peu des travellings circulaires autour de ses personnages), une belle photographie et reconstitution, bref c’est un projet qui fait plaisir à voir, et qui ne se repose pas sur ses lauriers.

Le changement d’époque marche plutôt bien, puisqu’on conserve les grandes lignes du roman tout en actualisant le propos, et ça permet d’avoir quelques arcs narratifs bienvenus, à l’image de tout ce qui touche au personnage de Michel Boujenah (étonnamment bon ici), juif qui va se retrouver utilisé à des fins financières par la dame Thénardier. Encore une fois, tout n’est pas parfait, c’est un film souvent inégal, qui a ses longueurs, qui ploie sous le poids de sa propre ambition, mais entre le traitement original et le fait qu’il marche plutôt bien émotionnellement, cela donne envie de voir le verre à moitié plein. Forcément, le casting est impressionnant à bien des égards : Belmondo en simili-Valjean, Annie Girardot et Rufus en Thénardier (on voit d’ailleurs que le second s’inspire énormément de la version Bourvil), Jean Marais,Ticky Holgado, la seule réelle déception dans la distribution vient de l’équivalent de Javert, peu marquant. Mine de rien, c’est aussi un film qui rappelle que c’est, toujours à ce jour, la dernière adaptation française du roman (si on ne compte pas la série avec Depardieu), mais peut-être que la situation va changer avec les récents succès des adaptations de Dumas.


6/10
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Viens chez moi, j'habite chez une copine - 6/10

Messagepar Alegas » Jeu 29 Aoû 2024, 13:59

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Viens chez moi, j'habite chez une copine de Patrice Leconte
(1981)


C’est le premier film de Leconte qui suit l’énorme succès des deux premiers épisodes des Bronzés, autant dire qu’il était attendu au tournant. Pour le coup, on ne peut pas dire que le réalisateur a le goût du risque sur ce projet : c’est de nouveau une comédie, mais en plus on a Michel Blanc en lead qui incarne un personnage assez semblable à Jean-Claude Dusse, genre gros loser qui rate tout ce qu’il entreprend, sauf qu’ici il est plus attachant et surtout il lui arrive de conclure :mrgreen: . Globalement, c’est une comédie qui marche plutôt bien, de par l’alchimie qu’il y a du côté du casting, et par sa courte durée (1H20, on a pas le temps de s’emmerder), ça se regarde bien et surtout c’est souvent drôle avec des répliques efficaces et des situations qui jouent bien entre la gravité de certaines actions (le perso de Michel Blanc foutant souvent son pote dans la merde) et le décalage humoristique.

Le souci, c’est que l’efficacité du film ne repose que sur un concept, à savoir le fait d’avoir Michel Blanc qui essaye de faire bien les choses mais qui tire toujours à côté, et ça, malgré la durée du métrage, ça crée clairement une forme de répétition qui empêche le film d’être au niveau des meilleures comédies de Leconte. La grande force du film, comme dit plus haut, tient surtout dans sa distribution : Michel Blanc est parfait dans ce genre de rôle qui lui a souvent collé à la peau, et le duo qu’il forme avec Giraudeau marche vraiment bien, on croit à leur amitié, ce qui permet de faire passer la pilule vis-à-vis des énormités que le premier fait vivre au second (le vol des bouteilles, le plan à quatre, etc…). Cerise sur le gâteau : le Renaud de la grande époque qui accompagne le film avec ses chansons et des versions instrumentales, c’est très cool. Bref, c’est une comédie qui se regarde, mais Leconte a fait bien mieux que ce soit avant ou après.


6/10
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Négriers (Les) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Ven 30 Aoû 2024, 17:45

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Addio zio Tom (Les négriers) de Gualtiero Jacopetti & Franco Prosperi
(1971)


Bon, déjà de par le sujet c’est pas spécialement un film qu’il est aisé d’évoquer, mais en plus avec un tel traitement, ça devient plus que tendu. Soyez prévenus donc : cette critique sera difficilement objective, tant le film est perturbant. Globalement, ce visionnage m’a beaucoup fait penser à celui que j’ai pu avoir, il y a une quinzaine d’années, avec Salo ou les 120 journées de Sodome : le sentiment de voir un film avec des qualités indéniables, mais tellement peu agréable dans ce qu’il contient qu’il en devient une bobine difficilement recommandable. Il faut dire aussi que c’est mon premier mondo, donc clairement je n’étais pas forcément préparé à ce que j’allais voir, si ce n’est que j’avais lu quelques retours sur la réputation sulfureuse du film. Le postulat du film est pour le moins étrange : c’est un documentaire qui tend fortement vers le docu-fiction, à cela près que ce qu’il met en image est quelque chose de complètement impossible, puisqu’on suit des cinéastes qui filment la condition des esclaves noirs dans… l’Amérique du 19ème siècle.

C’est, de plus, traité en mode premier degré total, avec les personnages filmés qui réagissent comme si une caméra à cette époque était une chose complètement normale, ce qui ajoute au côté perturbant du film. C’était quelque chose que faisait Peter Watkins quelques années auparavant avec Culloden, et je n’ai pas trop de doutes sur le fait que les réals connaissaient son boulot avant de faire ce film. Mais évidemment, ce qui est le plus choquant, c’est bien ce que l’on nous montre, et à ce niveau là il est bon de ne pas avoir l’estomac fragile : dès les premières minutes, ça annonce la couleur avec les conditions de transport des noirs durant la traversée de l’Atlantique, enchaînés dans des cales couvertes de vomi et de merde, juste avant qu’on nous montre les tortionnaires les nourrir à base de graisse, et de péter les dents de ceux qui refuseraient de manger la mixture. Et ça, c’est juste l’apéritif, car sans aller dans le descriptif total de ce qui suit, il faut s’attendre à voir ensuite de la violence brutale, des images perturbantes (surtout lorsqu’elles concernent des enfants) et des viols, bref l’image même du petit film à voir en famille :mrgreen: . Un peu comme le film de Pasolini cité plus haut, cette impression de voir un film sans aucunes limites est à double tranchant : d’un côté, on ne peut enlever le fait que cela sert le propos du film, qui est de retranscrire autant que possible l’horreur de ce qu’ont pu vivre des millions de personnes à l’époque (et on se doute que c’était pire dans les faits), et sur ce point le film est clairement réussi, mais il l’est tellement que ça en devient une bobine dont on détourne souvent le regard, vraiment pas agréable à suivre, et c’est quelque chose d’autant plus vrai que le métrage dure quasiment deux heures et demie.

Là où je trouve par contre le film nettement moins réussi objectivement, c’est sur le parallèle qu’il tente de construire avec la condition noire des années 70 : sur le papier, c’est une super idée, mais dans l’exécution c’est un peu trop bordélique pour être réellement convaincant, il y a un peu l’impression de voir les réals partir dans plein de directions différentes sans réellement savoir quoi faire au final. Formellement, c’est un film hyper intéressant à replacer dans son contexte d’époque, tant il y a une vraie modernité qui transparaît dans les choix de cadres et mouvements de caméra (là aussi, l’influence de Watkins se ressent), et là encore il y a un vrai contraste qui se crée, avec de belles images qui montrent probablement les pires facettes de l’humanité de façon très crue. C’est pas un film à conseiller à tout le monde, mais pour ceux n’ayant pas peur des images chocs et qui veulent tenter une expérience peu commune, il y a moyen d’y trouver son compte, ne serait-ce que pour la proposition en termes de concept et de travail formel.


5,5/10
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Film: Négriers (Les)
Note: 7/10
Auteur: osorojo

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Dim 01 Sep 2024, 12:19

BILAN AOÛT 2024


Films vus :

310 : Twisters, Lee Isaac Chung, 2024, Ciné VOST : 6/10
311 : The Siege, Edward Zwick, 1998, TV VOST : 4/10
312 : Boys don't cry, Kimberly Peirce, 1999, TV VOST : 6/10
313 : Les cents et une nuits de Simon Cinéma, Agnès Varda, 1995, TV VF : 3/10
314 : Le Comte de Monte-Cristo, Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patallière, 2024, Ciné VF : 7,5/10
315 : Fly me to the Moon, Greg Berlanti, 2024, Ciné VOST : 5,5/10
316 : What's love got to do with it, Brian Gibson, 1993, TV VOST : 6,5/10
317 : Le Père-Noël est une ordure, Jean-Marie Poiré, 1982, TV VF : 7/10
318 : Bloodsport, Newt Arnold, 1988, TV VOST : 4/10
319 : Sans toit ni loi, Agnès Varda, 1985, TV VF : 4/10
320 : Bridesmaids, Paul Feig, 2011, TV VOST : 7/10
321 : Jenny, Marcel Carné, 1936, Blu-Ray VF : 7/10
322 : Une fille facile, Rebecca Zlotowski, 2019, TV VF : 4/10
323 : MaXXXine, Ti West, 2024, Ciné VOST : 4,5/10
324 : Les glaneurs et la glaneuse, Agnès Varda, 2000, TV VF : 7/10
325 : Turner & Hooch, Roger Spottiswoode, 1989, TV VOST : 5/10
326 : Gone in sixty seconds, Dominic Sena, 2000, TV VOST : 6/10
327 : Tout feu, tout flamme, Jean-Paul Rappeneau, 1982, TV VF : 4,5/10
328 : Over the top, Menahem Golan, 1987, TV VOST : 4/10
329 : Alien : Romulus, Fede Álvarez, 2024, Ciné VOST : 7,5/10
330 : Piranha, Joe Dante, 1978, TV VOST : 5/10
331 : Trap, M. Night Shyamalan, 2024, Ciné VOST : 3,5/10
332 : Bad company, Joel Schumacher, 2002, TV VOST : 4,5/10
333 : Hôtel du Nord, Marcel Carné, 1938, Blu-Ray VF : 8,5/10
334 : Last tango in Paris, Bernardo Bertolucci, 1972, TV VOST : 3/10
335 : The Ruins, Carter Smith, 2008, TV VOST : 6/10
336 : Trapeze, Carol Reed, 1956, TV VOST : 5,5/10
337 : Le clan des siciliens, Henri Verneuil, 1969, Blu-Ray VF : 7,5/10
338 : The adventures of Buckaroo Banzai across the 8th dimension, W.D. Richter, 1984, TV VOST : 4/10
339 : Australia, Baz Luhrmann, 2008, TV VOST : 5,5/10
340 : Les félins, René Clément, 1964, TV VF : 6/10
341 : In the line of fire, Wolfgang Petersen, 1993, Truc VOST : 4,5/10
342 : The docks of New York, Josef von Sternberg, 1928, Truc VO : 7/10
343 : High fidelity, Stephen Frears, 2000, TV VOST : 6,5/10
344 : The bucket list, Rob Reiner, 2007, TV VOST : 5,5/10
345 : Matrimonio all'italiana, Vittorio De Sica, 1964, TV VOST : 6,5/10
346 : Gau lung sing zaai · Wai sing, Soi Cheang, 2024, Ciné VOST : 7/10
347 : Poseidon, Wolfgang Petersen, 2006, TV VOST : 4,5/10
348 : Ready or not, Matt Bettinelli-Olpin & Tyler Gillett, 2019, TV VOST : 6,5/10
349 : George of the jungle, Sam Weisman, 1997, TV VOST : 1,5/10
350 : Planet of the apes, Tim Burton, 2001, TV VOST : 3,5/10
351 : Seconds, John Frankenheimer, 1966, Blu-Ray VOSTA : 8/10


Découverte du mois :

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Autres découvertes marquantes :

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Ligue des Gentlemen Extraordinaires (La) - 5,5/10

Messagepar Alegas » Lun 02 Sep 2024, 17:51

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The League of extraordinary gentlemen (La Ligue des Gentlemen Extraordinaires) de Stephen Norrington
(2003)


Ne l’ayant pas vu depuis sa sortie vidéo, je pensais sérieusement le revoir à la baisse, mais à ma grande surprise, et même si j’ai bien conscience des défauts et limites du métrage, ça se regarde encore plutôt bien. C’est un film qui a, et ce dès sa sortie, une réputation affreuse, genre grosse purge comme la Fox pouvait en faire durant les années 2000, et pour le coup je trouve ça assez injustifié car c’est aussi un film qui a ses qualités, et qui a surtout le défaut d’avoir eu une production particulièrement compliquée, au point qu’elle a tué des carrières (Norrington, qui avait signé Blade quelques années plus tôt, ne fera plus jamais de films ensuite, idem pour le scénariste, et le tournage a tellement dégoûté Sean Connery du cinéma qu’il annoncera sa retraite juste après).

Je suis même étonné qu’il n’y ait pas eu un documentaire ou un gros dossier complet sur la production de ce film tant rien ne semblait aller : Connery qui a accepté le rôle juste pour jouer dans un gros film après avoir refusé coup sur coup des rôles dans Lord of the Rings et les suites de Matrix, Norrington qui était mal à l’aise avec l’ambition du projet, la mésentente entre Connery et le réal (la légende voudrait que le premier ait viré le second), les effets visuels qui n’étaient pas au niveau et qui ont dû migrer vers une autre boîte, la date de sortie avancée pour l’été, Alan Moore qui crachait sur le film avant même sa sortie parce qu’un personnage avait été ajouté pour attirer le public américain, le montage qui bouge jusqu’au dernier moment, bref un bon gros bordel qui ne pouvait accoucher, au mieux, qu’à un film malade. Et c’est un peu ce sentiment qui domine à la vision du film, l’impression d’un potentiel chouette blockbuster qui ne ressemble à rien d’autre (faut dire que le concept est mortel, à savoir la réunion d’une équipe de super-héros issus de la littérature européenne du 19ème siècle), mais qui est au final un gros gloubiboulga avec les pansements bien visibles pour essayer de raccommoder les morceaux.

C’est un film bourré de défauts, avec un script qui préfigurent les problèmes habituels des blockbusters des années à venir, avec une histoire où les personnages sont drivés par des enjeux nazes et où on ne travaille absolument pas leurs motivations, une menace qui peine à exister, et il y a même le petit plan à la fin qui permet de présager une suite. Mais à côté de ça, je dois bien avouer que je trouve le métrage pas désagréable à regarder. Ça me fait beaucoup penser à du Stephen Sommers en roue libre, avec tout de même un penchant plus premier degré : ça a beau être un film dont toutes les coutures sont visibles, avec un casting pas plus impliqué que ça, il y a une vraie sincérité dans le spectacle proposé, et surtout une certaine générosité qui manque dans le blockbuster américain depuis quelques années. Et puis techniquement, ça ne manque pas de classe, avec notamment des effets visuels qui tiennent encore plutôt bien la route et qui font la part belle aux maquettes plutôt qu’au tout numérique. Alors oui, certains passages vieillissent moins bien que d’autres, mais à côté de ça quand on voit le rendu de l’homme invisible face à certains films d’aujourd’hui, ça force le respect. Pour le coup, c’est un film où j’aurais presque voulu qu’on lui donne une seconde chance avec une suite, car il y avait du potentiel. Mais désormais, c’est plus vers une réadaptation que mes espoirs sont placés, à condition qu’il y ait des noms de confiance derrière.


5,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Lun 02 Sep 2024, 18:40

Jamais vu pour ma part, mais c'est clair que c'est triste de voir qu'il a stoppé net plusieurs carrières.

Alegas a écrit:Alan Moore qui crachait sur le film avant même sa sortie parce qu’un personnage avait été ajouté pour attirer le public américain

Venant d'un auteur qui passe son temps a faire barrage contre la moindre adaptation de ses oeuvres au cinéma, on peut largement se tamponner de ce genre de réaction.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Lun 02 Sep 2024, 18:46

Il me semblait qu'à l'époque ce n'était pas encore une habitude ? Dans la mesure où c'est, à ma connaissance, seulement la seconde adaptation d'une de ses œuvres au cinéma.
Mais c'est clair que depuis, c'est devenu un running gag.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Scalp » Lun 02 Sep 2024, 18:49

Alan Moore c'est un gros con tout simplement.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Mark Chopper » Lun 02 Sep 2024, 18:58

Nan mais ajouter Tom Sawyer c'est ridicule.

L'auteur a quand même le droit de la ramener quand on fait n'importe quoi avec son travail.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Scalp » Lun 02 Sep 2024, 19:22

Quand c'est fidèle il est pas content aussi :mrgreen:
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