[Alegas] Mes Critiques en 2024

Vos critiques de longs-métrages

Modérateurs: Dunandan, Alegas, Modérateurs du forum

Outrun (The) - 7,5/10

Messagepar Alegas » Mar 22 Oct 2024, 00:25

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The Outrun de Nora Fingscheidt
(2024)


Après la très belle découverte, plus tôt cette année, qu’était Benni, j’étais curieux de voir un autre film de cette réalisatrice, et belle coïncidence : elle sort justement un nouveau film cette année, avec en plus ce que je considère comme l’une des meilleures actrices de sa génération. The Outrun confirme tout le bien que je pouvais penser de Nora Fingscheidt, puisque j’y retrouve toute la qualité d’écriture et de direction d’acteurs qui m’avait plus dans son premier long de fiction, chose qui n’était pas forcément gagné ici car elle tourne hors de ses frontières natales, et uniquement avec des comédiens anglo-saxons. Sur un pitch intriguant (une jeune femme alcoolique cherche à se retrouver en s’exilant dans les îles écossaises de son enfance), Nora Fingscheidt livre un film qui est d’une justesse d’écriture vraiment étonnante.

L’alcoolisme est un sujet qui peut facilement tomber dans quelque chose de très facile et/ou grossier, mais là c’est réellement traité à hauteur de femme, sans jugement, et sans que ça ne sorte les violons à tout va. Mieux encore : le fait d’avoir un montage fragmenté, qui passe d’une époque à l’autre sans prévenir (super idée les différentes couleurs de cheveux pour saisir rapidement à quel moment de la vie de Rona on se trouve), voire qui passe d’un petit film d’animation à un mini-documentaire, pour repasser ensuite à la fiction, donne encore plus le sentiment d’être dans la tête de l’héroïne que l’on suit, et de comprendre le chaos mental qu’elle vit au quotidien. D’ailleurs, rarement devant un film je n’ai eu autant l’impression d’être dans la tête d’un personnage de fiction, c’est assez saisissant comme résultat, et c’est d’autant plus surprenant que je m’attendais à un film assez sage sur le plan formel, alors que c’est une belle leçon de montage, avec quelques chouettes moments à la clé (le passage à la fin où elle joue avec les éléments, et où tout donne enfin une impression de plénitude dans sa vie, j’ai trouvé ça très très fort). Je serais curieux d’ailleurs de savoir si le roman adapté est comme ça dans la construction narrative, ou si c’est vraiment un choix de la réalisatrice pour épouser au plus près son personnage.

Toute l’ambiance des lieux naturels choisis pour le tournage est un gros plus : je n’ai pas l’impression que les Orcades soient parmi les endroits les plus représentés de l’Écosse, alors que c’est absolument magnifique à voir :love: . Les îles désertes où le vent hurle, les nuits de recherche de l’oiseau en voie de disparition, les falaises continuellement frappées par des vagues surpuissantes :love: , tout ça donne vraiment envie d’y aller. Mais évidemment, la grande force du film, c’est clairement Saoirse Ronan, actrice que je suis avec curiosité depuis désormais plus de quinze ans, et qui m’étonne toujours par ses choix qui confirment de plus en plus qu’elle recherche avant tout des rôles de qualité plutôt que des rôles qui lui apporteront une reconnaissance supplémentaire. Ici, elle livre ce qui est peut-être bien la plus belle prestation de sa carrière, avec des moments assez déchirants (la découverte de l’origine de ses blessures, l’arrivée nocturne chez la mère :cry: , etc…). Un beau portrait de femme que j’ai déjà envie de revoir, et dont je recommande bien évidemment la découverte.


7,5/10
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Tonnerre de Dieu (Le) - 6/10

Messagepar Alegas » Mar 22 Oct 2024, 13:49

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Le Tonnerre de Dieu de Denys de la Patellière
(1965)


Si j’ai été plutôt convaincu jusqu’ici par la collaboration entre Jean Gabin et Denys de la Patellière (Les grandes familles, et surtout Rue des prairies qui est pour moi un des meilleurs Gabin des années 50), c’est déjà un peu moins le cas ici avec un film plaisant au visionnage, mais indéniablement mineur. C’est un métrage assez surprenant dans le sens où ça s’assume comme quelque chose de très simple (et un peu simpliste), l’histoire d’un vieux riche qui recueille une prostituée nantaise (ça permet d’ailleurs d’avoir quelques plans d’époque du Quai de la Fosse, ce qui est franchement cool 8) ) chez lui avec pour seule intention de l’aider, et cette dernière va peu à peu créer un effet bénéfique sur son couple et son entourage. Le souci, c’est qu’avec ce rapide résumé, c’est grosso modo tout le film qui est raconté : il y a zéro enjeux narratifs malgré quelques pistes qui laissent à penser qu’il y a matière (tout ce qui tourne autour de son mac notamment), le moindre problème est résolu très rapidement, tout se finit d’un coup sans prévenir, et finalement l’intérêt du récit tient plus dans les révélations qui vont être faites autour du couple de Gabin, qui vont changer peu à peu la perception qu’on a du personnage.

Si en plus on ajoute une mise en scène très classique où il n’y a pas grand chose à retenir, on ne peut pas réellement dire que le métrage brille ni par son histoire, ni par son enrobage. Ceci dit, c’est clairement le casting et les dialogues qui viennent rehausser l’ensemble : tout le monde campe son personnage de façon efficace, Gabin le premier dans un rôle qui ne le met pas toujours à son avantage (la scène où il boit au point de vouloir coucher avec celle qu’il a recueilli et d’insulter sa femme, il a rarement été autant pathétique à l’écran), et le script a quelques répliques bien trouvées qui font qu’on rigole bien (tout le passage où Gabin remet à sa place Robert Hossein, ça vaut le détour :mrgreen: ). Des bons points qui font qu’on ressort du film avec un sentiment plus positif que négatif, quand bien même l’ensemble ne reste guère en mémoire par la suite.


6/10
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Arrête ou ma mère va tirer ! - 1,5/10

Messagepar Alegas » Mer 23 Oct 2024, 11:48

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Stop ! Or my mom will shoot (Arrête ou ma mère va tirer !) de Roger Spottiswoode
(1992)


Qu’est-ce que je ne materais pas par curiosité :eheh: , je me souviens encore de la BA sur les VHS de l’époque, et ça ne sentait déjà pas bon :mrgreen: . Le film se tape une bonne grosse réputation de merde, genre un des pires films avec Stallonne, et franchement c’est complètement mérité. On peut bien trouver pire dans la carrière de l’acteur, genre Spy Kids 3D ou le dernier Expendables, mais là pour le coup c’est un film qui arrive alors qu’il est encore au sommet de sa carrière et qui préfigurera des années 90 peu glorieuses. L’anecdote autour du film est connue mais est particulièrement drôle et représentative du résultat final : alors que Schwarzenegger et Stallone se battent régulièrement pour les mêmes rôles, le premier tombe sur le script d’un buddy movie entre un flic et sa vieille mère. Consterné par la piètre qualité du scénario, il lance la rumeur qu’il serait intéressé pour le jouer à la condition d’un très gros cachet. La rumeur arrive aux oreilles de Stallone, qui décide alors d’accepter moins juste pour voler le rôle à Schwarzy, et ne se rendra compte que des années plus tard qu’il s’est fait piéger en jouant dans un bon gros film de merde :eheh: .

Du coup, outre le fait que le scénario était déjà naze de base (car bon, une idée pareille, c’est chaud, c’est vraiment le fond du fond du buddy movie :eheh: ), c’est aussi un film qui a été fait uniquement pour des raisons mercantiles, et franchement ça se voit à l’écran que personne n’avait réellement envie de participer à cette mascarade. Le film est réalisé par un Spottiswoode déjà un peu abonné à ce genre de buddy movies improbables (Turner & Hooch, qui pour le coup passe pour un chef d’œuvre à côté de celui là :mrgreen: ), et c’est peu dire qu’il met ça en scène de la façon la plus anecdotique possible, j’ai rarement vu des scènes d’action aussi mollement foutues. Stallone est évidemment particulièrement embarrassant et embarrassé, à chaque scène il semble se demander ce qu’il fout là. Mais le pire, c’est vraiment Estelle Getty dans le rôle de la mère, et qui est tout bonnement insupportable, tant par le personnage que par la façon de le jouer. Franchement, il n’y a rien à retenir de ce métrage, qui est particulièrement embarrassant pour tout le monde. Mon cerveau a déjà entrepris d'en oublier la majorité quelques jours après visionnage, et ce n'est pas plus mal.


1,5/10
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Jed_Trigado » Mer 23 Oct 2024, 13:54

La scène où il est en couche culotte, fallait vraiment être aux abois pour accepter de tourner une scène pareille. :mrgreen:

Dis-toi qu'il y a eu ça avant :chut: :

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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Dunandan » Mer 23 Oct 2024, 14:23

On dirait un rôle prévu pour Adam Sandler! :mrgreen:
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Maison Russie (La) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 24 Oct 2024, 09:43

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The Russia House (La Maison Russie) de Fred Schepisi
(1990)


Film sympathique que voilà, une plutôt bonne surprise dans le sens où je n’en attendais pas grand chose. C’est une adaptation de Le Carré donc c’est du film d’espionnage qui se veut très réaliste et avare en action, chose dont je suis plutôt client. Là où le récit est surprenant, c’est que le héros est très loin d’être un espion puisque c’est simplement un éditeur littéraire qui se retrouve embarqué dans une histoire qui le dépasse (à base de secrets nucléaires qui sont donnés à l’Occident, et dont il faut vérifier la fiabilité de la source), et plus l’intrigue va avancer, plus on se dirige finalement vers une histoire d’amour en contexte de Guerre Froide, même si le côté espionnage reste un peu présent.

Un film qui se base donc beaucoup sur le couple Sean Connery/Michelle Pfeiffer qui, ma foi, fonctionne plutôt bien, rien de fou non plus, mais ça suffit pour qu’on suive l’histoire avec intérêt et qu’il y ait l’envie de voir ces deux personnages se sortir de cette situation, avec d’un côté le KGB qui veut supprimer la source, et de l’autre les services anglais et américains (avec des apparitions remarquées de Roy Scheider et Ken Russell) qui font le forcing pour des résultats. L’autre originalité du héros, outre le fait qu’il soit éditeur, c’est qu’il n’a pas grand chose à faire de la querelle Est/Ouest, et va même jusqu’à tenir des discours à tendance révolutionnaire, ce qui permet d’avoir un regard sans réel parti-pris, c’est vraiment juste un mec qui veut se sortir de là pour retourner dans son appartement à Lisbonne, et qui s’en fout de ne pas plaire à ceux qui l’emploie. Un personnage qui va tout de même avoir une évolution, et va gagner en humanité au fur et à mesure du récit, au contraire des services secrets des deux côtés qui sont montrés comme déshumanisés jusqu’au bout.

Si le film fonctionne, c’est surtout avec le script, le casting, et le tournage partiellement en URSS, car formellement on ne peut pas dire que ce soit remarquable. Il y a bien quelques idées comme toute l’introduction avec la narration non-linéaire et qui s’amuse à faire des allers-retours dans le temps sans pour autant perdre le spectateur, mais c’est à peu près tout, il n’y a pas vraiment de scène qui ressort de l’ensemble, c’est très fonctionnel (ce qui est déjà pas mal on va dire). Je n’avais d’ailleurs jamais entendu parler de ce réalisateur avant de voir ce film. Pas une grande découverte donc, mais un petit film qui raconte son histoire avec assez d’efficacité pour que ça tienne bien la route.


6,5/10
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Rob Roy - 5,5/10

Messagepar Alegas » Jeu 24 Oct 2024, 23:15

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Rob Roy de Michael Caton-Jones
(1995)


Un film que j’avais envie de découvrir depuis un moment : entre l’aspect historique et le casting, c’était couru d’avance que j’y trouve un minimum mon compte. Rob Roy est souvent comparé à Braveheart, sorti la même année et traitant lui aussi d’un personnage historique écossais, mais très franchement la comparaison s’arrête là : ce n’est pas du tout les mêmes budgets, et là où Gibson a clairement voulu faire une grande fresque qui n’hésite pas à tordre la réalité historique, ici on est dans quelque chose de nettement plus terre à terre et sage, ce qui n’est pas un défaut. On a donc l’histoire d’un écossais victime d’une injustice de la part d’un lord anglais, et qui va se rebeller jusqu’à pouvoir faire valoir ses droits. Pas de révolte massive, pas de bataille sanglante, on est vraiment dans un récit qui reste à hauteur d’homme, où les combats se règlent généralement en duel à l’épée en 1 VS 1.

Pas d’épique donc, mais tout de même une histoire assez prenante, surtout si, comme moi, on ne la connaissait pas. Alors bon, je me doute que ça romance quand même pas mal, mais qu’importe : que ce soit le personnage de Rob Roy qui préfère défendre ses valeurs plutôt que sa propre vie, les prises de positions des lords anglais pour humilier leur confrère, la storyline autour de la femme qui cache son viol pour éviter que son mari ne parte dans une vendetta sanglante, autant d’éléments plutôt efficaces qui viennent donner de la dynamique à cette histoire. Ceci dit, l’ensemble a quand même des défauts, tout ne se marrie pas toujours très bien et on a presque l’impression que le métrage essaye d’être plusieurs films à la fois, on sent que ça manque d’un scénariste de talent pour homogénéiser toutes les bonnes idées du récit et en faire quelque chose qui fonctionne à 100%. Du coup, le film a beau être plutôt efficace, il n’arrive jamais à être passionnant : on suit cette histoire avec intérêt, mais pas avec le petit truc en plus qui ferait toute la différence, et qui permettrait de terminer le métrage sur une note particulièrement enthousiaste.

C’est un peu pareil pour la mise en scène, ça manque d’un réalisateur avec une vision. Michael Caton-Jones s’en sort pas trop mal par moments, il arrive à faire quelques scènes marquantes (l’arrivée des anglais chez Rob Roy) et ne salope pas les duels (celui de fin est même assez efficace), mais c’est quand même dommage car il y avait vraiment matière à mieux. Côté casting, sans surprise, c’est plutôt cool : Liam Neeson dans ce genre de rôle s’en sort très bien, John Hurt et Brian Cox font de beaux enfoirés (Hurt est parfait dans ce registre), bon par contre Tim Roth c’est peut-être un poil abusé, j’aime bien d’habitude ce genre de bad guys complètement fucked up et inattendus, mais là ça dénote un peu par rapport au reste. Sinon, je ne sais pas trop quoi penser de Jessica Lange, qui me paraît être un miscast : elle livre une bonne prestation, aucun doute là-dessus, mais son physique ne marche pas du tout à mon sens avec le rôle. Un film qui fait le job donc, mais dont on ressort quand même pas mal avec le ressenti qu’entre de meilleures mains, le projet aurait pu aboutir sur une bobine bien plus marquante.


5,5/10
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Évadée (L') - 5/10

Messagepar Alegas » Ven 25 Oct 2024, 07:59

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The Chase (L'évadée) de Arthur Ripley
(1946)


En voilà un film étrange, même plusieurs jours après la découverte, je n’arrive pas encore à décider si j'ai apprécié ou non :mrgreen: . Si j’ai voulu le voir, c’est surtout pour la présence de Michèle Morgan en femme fatale (toujours l’une des plus belles actrices de l’époque, ça ne bouge pas :love: ) et de Peter Lorre en homme de main du bad guy, car pour le reste on ne peut pas dire que le film a un casting particulièrement vendeur : Robert Cummings, malgré sa présence dans quelques Hitchcock est loin d’être un grand acteur, et le réal Arthur Ripley semble être un quasi nobody. Sur le papier, c’est du film noir tout ce qu’il y a de plus classique, avec un héros sans le sou qui, par besoin, va travailler pour un homme dont les affaires sont louches, et qui va finir par essayer de fuir à Cuba avec la femme de ce dernier, mais le couple va être poursuivi. Ça, c’est pour la partie classique, car pour le reste on peut dire que le métrage réserve quelques surprises pas toujours très heureuses, mais qui ont au moins le mérite de rendre l’ensemble assez original. Le début avec le héros qui trouve un portefeuille et qui va se faire engager juste parce qu’il le ramène à son propriétaire, la baraque du bad guy, le délire autour de la voiture qui semble tout droit sortir d’une lubie d’un méchant de James Bond (faudra m’expliquer l’intérêt pour un passager à l’arrière d’avoir le contrôle sur l’accélérateur, mais pas sur le volant :eheh: ), la fuite à Cuba et l’intrigue autour du couteau, tout ça contribue à donner un côté très étrange, presque de l’ordre du rêve éveillé, à un film qui ne semble pas maîtriser entièrement cet aspect, comme si c’était involontaire.

Mais ça, c’est juste sur la première moitié du film, car une fois passées les 45 premières minutes, le métrage prend une direction assez inattendue via un twist (j’ignore si De Palma a vu le film, mais ça m’a fait pas mal penser au retournement de situation de Femme fatale), et à partir de là j’ignore ce que cherche à faire le réal, avec tout un suspens autour d’une amnésie et d’un rendez-vous à une heure précise à ne pas manquer, mais le fait est que ce n’est guère intéressant en plus d’être assez raté en termes de tension :? . La fin est en plus assez peu satisfaisante pour un film noir, ça fait vraiment happy end écrit à la va vite. Si en plus on rajoute des personnages à l’écriture assez basique (notamment la menace) et un Robert Cummings qui peine à avoir le charisme nécessaire pour porter le film sur ses épaules, ça fait beaucoup de points négatifs pour un petit film comme celui-ci. Un film moyen donc, mais ça a quand même assez d’éléments originaux pour en faire une petite curiosité.


5/10
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Joker (2019) - 6/10

Messagepar Alegas » Ven 25 Oct 2024, 23:15

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Joker de Todd Phillips
(2019)


Comme je le redoutais, ça supporte mal une seconde vision. Déjà à la découverte, j’avais mes réserves, mais il y avait un effet de surprise qui faisait que les qualités l’emportaient sur les défauts, chose qui s’atténue nettement une fois qu’on connaît les grandes lignes du métrage et qu’on sait où il nous emmène. Personnellement, contrairement à d’autres, je trouve ça intéressant d’avoir un film sur le Joker qui soit une take qui soit à contresens de la majorité des autres versions du personnage : comme Batman et d’autres personnages de ce type, j’ai tendance à penser qu’il peut y avoir autant de versions qu’il y a d’artistes qui s’y penchent, et c’est justement ça qui fait la richesse de ces adaptations, où l’on peut avoir des traitement complètement différents les uns des autres.

En ce sens, le fait d’avoir une origin story du Joker dans un Gotham 70’s, avec Taxi Driver et King of Comedy en références, est une perspective intéressante, et selon moi ça le devient encore plus avec l’idée que le Joker est un personnage qui a été créé par la société qui l’entoure, et non pas un psychopathe qui allait forcément mal tourner. Un concept d’autant plus pertinent qu’il s’accorde avec quelque chose de souvent implicite dans Batman, à savoir que la ville de Gotham a les vilains qu’elle mérite. Est-ce que cela a pour conséquence d’avoir un personnage principal qui subit la majorité des évènements ? Complètement, mais c’est pour moi loin d’être un défaut car c’est clairement assumé comme note d’intention, et ça permet d’avoir un rapport intéressant entre le personnage et les actions qu’il va entreprendre, d’abord sages, puis de plus en plus prononcées, avant un final où il tombe dans l’extrême par volonté d’exorciser tout ce qu’il a subi avant (le meurtre de Murray, c’est autant la figure paternelle mise à mort que la représentation de toute une société qui se sert de Fleck comme un paillasson) et de devenir enfin maître de sa destinée. Maintenant que la suite est sortie, cette dernière remet en question ce traitement, mais à prendre ce premier film tel qu’il est, c’est clairement une proposition intéressante, d’autant que ça résonne avec une Amérique où les inégalités sociales sont de plus en plus marquées.

Globalement, ce que je pourrais reprocher le plus au film serait son manque de subtilité : c’est écrit avec des gros sabots, ça se voudrait plus intelligent que ça ne l’est, et ça donne du coup un film un peu trop self-conscious et parasité par des idées qui débouchent sur des choses décevantes : la soi-disant vie romantique avec la voisine (twist vite grillé en plus), ou encore toute la storyline qui rapproche Fleck de Thomas Wayne, c’est vraiment pas terrible, et je ne parle même pas de cette scène complètement inutile avec Bruce. L’autre problème à mon sens, c’est que j’ai l’impression de voir une vraie occasion manquée concernant la représentation de Gotham : l’idées des 70’s avec des références scorsesiennes est top, mais pourquoi suivre la ligne directrice de la trilogie de Nolan avec une ville qui est une proto New York, plutôt que de faire un vrai Gotham rétro qui puiserait dans plusieurs influences ? Sur ce coup là, j’ai vraiment la sensation que le film a choisi une voie de facilité.

Formellement, faut l’avouer, Todd Phillips se sort les doigts. Le mec n’était pas connu pour livrer des films particulièrement léchés (idem pour son directeur photo) mais là ça a clairement de la gueule, ça a ce qu’il faut de dirty dans l’imagerie (même si je n’aurais pas craché sur un rendu un peu plus pellicule pour aller jusqu'au bout du délire) et il y a plusieurs plans qui flattent la rétine. Ça n'en fait pas forcément un film très bien mis en scène, mais franchement vu le budget c’est du bon boulot. Un peu moins convaincu en revanche par la musique qui se veut très atmosphérique : elle accompagne bien le film mais pas assez le personnage à mon sens, il y avait moyen d’avoir quelque chose qui s’accorde plus avec la descente aux enfers qu’on voit à l’écran. Sinon, difficile de parler du film sans l’évoquer, mais Joaquin Phoenix vole clairement le show. J’irais pas jusqu’à dire que ça méritait un Oscar, mais on sent le bonhomme complètement habité par son personnage, et arrive à donner un côté à la fois pathétique et flippant à un protagoniste aux émotions particulièrement complexes. Si le film fonctionne, c’est en très grande partie grâce à lui. Bref, c’est ni le grand film portée aux nues à sa sortie par le public (avec le recul, c’est quand même dingue le parcours d’un tel film au box-office), ni l’étron détestable que certains ont voulu y voir, pour moi la vérité se trouve plutôt dans un entre-deux, avec un film inégal mais pas dénué d’aspects intéressants.


6/10
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Voleuse de livres (La) - 6,5/10

Messagepar Alegas » Sam 26 Oct 2024, 16:43

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The book thief (La voleuse de livres) de Brian Percival
(2013)


J’avais lancé le film sans trop d’espoirs, surtout motivé par le sujet et le fait qu’on a John Williams à la BO, et en fait c’est pas mal du tout. Je n’ai pas lu le roman donc impossible pour moi de dire si c’est fidèle, mais en tout cas ça donne envie de le tenter. Des films sur la Seconde Guerre Mondiale, on en a eu des milliers, mais j’ai toujours trouvé intéressant le point de vue des civils allemands qui permet de créer des nuances, ce qui est le cas ici, au sein d’un récit qui se veut particulièrement humaniste. On va suivre une jeune gamine allemande qui est recueillie par une famille adoptive près de Munich, et qui va être témoin des changements de sa bourgade, de ses voisins, de l’évolution du comportement de sa nouvelle famille (qui vont se révéler être des personnes capables d’héberger clandestinement un juif), le tout sur léger fond de chronique adolescente, notamment avec l’héroïne qui se découvre une passion pour la lecture et les histoires en général, à une heure où des livres sont brûlés en place publique.

C’est un récit prenant le point de vue la gamine, donc c’est traité avec une certaine candeur, sans chercher à aller dans quelque chose de particulièrement sombre, mais à côté de ça c’est une aussi une véritable histoire tragique, avec des personnages appréciés qui disparaissent, et le ton est donné assez rapidement puisque le narrateur n’est autre que la Mort (idée qui fait un peu gadget au début mais qui s’avère finalement très poétique). Sans que le métrage ne soit particulièrement remarquable, il a indéniablement un côté plaisant, touchant, en plus d’avoir un propos universel, c’est typiquement le genre de films relatant cette époque qu’on peut montrer à des enfants/ados. L’actrice principale s’en sort avec les honneurs, et le duo Geoffrey Rush/Emily Watson offre un couple particulièrement attachant. La BO de Williams (sa présence est étonnante : c’est le dernier film en date qu’il a mis en musique qui ne soit ni un film de Spielberg, ni un film d’une licence), si elle n’atteint pas la qualité de ce que le compositeur a pu offrir par le passé, élève tout de même l’ensemble. Tout ça donne un beau petit film sans prétention, qui se regarde très bien.


6,5/10
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Re: Joker (2019) - 6/10

Messagepar Mr Jack » Sam 26 Oct 2024, 20:22

Alegas a écrit:l’idée que le Joker est un personnage qui a été créé par la société qui l’entoure, et non pas un psychopathe qui allait forcément mal tourner. Un concept d’autant plus pertinent qu’il s’accorde avec quelque chose de souvent implicite dans Batman, à savoir que la ville de Gotham a les vilains qu’elle mérite.


C'est justement ça qui moi me fait dire que c'est un film bête et inutile. Il ne comprend pas l'essence de ce qu'est le Joker. Le Joker n'est pas une victime de la société, c'est un fou. Un malade mental. La puissance de son aura vient du fait qu'il n'a pas de passé. C'est ce qui le rend inquiétant et terrifiant, même. On ne sait rien de ce qui l'a rendu fou. Est-il tombé dans une vase toxique, a-t-il pété un cable après la mort de sa femme ? On ne sait pas. Les seules bribes que l'on a de son background son des récits du Joker lui-même (dans le comics de Moore, dans le film de Nolan), donc forcément biaisés. Là, Phillips le place comme une victime. Victime des moqueries. Victime d'un contexte social et d'un cadre parental plus que défaillant. Partant de là, il décide d'accepter sa folie et de répandre le mal en justifiant tout ça par sa souffrance, sa marginalisation le pauvre chaton. En plus de dénaturer le personnage, il le neutralise dans le récit. Il ne peut plus faire peur puisqu'il est une victime. C'est donc un terroriste qui ne fait pas peur ? Pour moi ce film n'est qu'un objet marketing à la gloire d'un acteur qui lui, est peut-être tombé dans la folie, celle de la vanité et du contrôle.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Sam 26 Oct 2024, 21:41

Pour le coup peut-être que la suite t'ira mieux car, sans spoiler, elle va dans ton sens vis à vis des origines du Joker. :mrgreen:

Mais quoi qu'il en soit, que ce film donne une raison et une origine au Joker ne le rend pas bête à mon sens. C'est seulement une version du Joker parmi des centaines d'autres, ça ne fait pas de ce récit quelque chose de canon à toutes les versions, donc à chacun de prendre ce qu'il veut dans le film.
Quand à la question du "ne fait plus peur", j'ai envie de dire que c'est l'intention même du métrage que de te placer du point de vue d'un bad guy en puissance et donc de compatir.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar lvri » Sam 26 Oct 2024, 21:43

@Mr Jack : du coup, si on suit ta logique, personne ne peut proposer une lecture différente d'une oeuvre ou d'un personnage ?
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Scalp » Dim 27 Oct 2024, 07:30

Cette version ridiculise le personnage en faisant de lui une victime. Le film n'aurait jamais dû s'appeler Joker, Calimero était plus adéquate. C'est la pire version du Joker jamais fait car en plus ça a un côté prétentieux tant dans la performance affreuse de j'ai pas le talent de mon frère Phoenix et le mec derrière la caméra.
Des versions du Joker y en a eu des dizaines en comics, des ratées aussi mais là ça dépasse tout car ce n'est tout simplement pas le personnage, en terme d'adaptation pure c'est une hérésie totale.
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Re: [Alegas] Mes Critiques en 2024

Messagepar Alegas » Dim 27 Oct 2024, 09:08

Beaucoup de ressenti et peu d'arguments dans ton post. On sent aussi le délit de faciès vis à vis de l'acteur et du réal.
Que ce soit fidèle en termes d'adaptation on s'en fout (tu la ressors souvent celle là d'ailleurs :mrgreen: ), d'autant que ce sont les origines souvent éludées et différentes à quasiment chaque version, là ça apporte une vision fraîche et originale du perso, après que l'on adhère pas c'est autre chose.

Quand à la position de victime, j'ai écrit dans ma critique en quoi c'est une vision intéressante.
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