Entre Le Comte de Monte Cristo et celui-là, on est servis en cinéma populaire qui n'a pas peur de la flamboyance. Une grande fresque amoureuse sur plusieurs décennies, à la mise en scène généreuse (on sent que Lellouche se fait plaisir et profite de son budget), portée par un casting XXL (sérieux y'a quasiment tous les bons acteurs découverts ces dernières années : Civil, Exarchopoulos, Quenard, Leklou, Bajon, et les deux jeunes sont très bons aussi), j'avoue que je ne m'attendais absolument pas à ça, et ça fait plaisir.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Sympathique ascension dans le monde du jazz à Tokyo, qui trouve plus sa force dans les représentations scéniques (mises en scène dans un gros délire à mi-chemin entre Whiplash et Mind Game) que dans l'évolution de son trio (ça manque clairement d'un truc pour qu'on s'attache à ces personnages, et tout paraît trop facile). Dommage aussi que le film alterne fréquemment entre de l'animation traditionnelle et de la motion capture : dès que la seconde apparaît (sur un bon quart du film je dirais), ça fait un peu rotoscopie cheap et je pense que le film aurait gagné à se passer de ça.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."
Inoffensif mais d'un opportunisme mercantile écœurant.
Une femme en jeu : 5.5/10
Première réalisation d'Anna Kendrick, qui comporte son lot de balbutiements à commencer par une temporalité éclatée de la narration qui ne convainc pas vraiment. Pour autant, la reconstitution des 70's et l'expression de sa misogynie ambiante est elle plutôt réussie. Dommage que le film peine à choisir entre le thème de la condition des femmes (et son inévitable résonance avec notre époque) et le portrait de serial killer. C'est court, on ne se fait pas chier mais c'est bien vite expédié.
Tout sauf toi : 3/10 Le téléfilm du dimanche après-midi que tu regardais en zappant sur M6 quand t'avais ni internet, ni jeux vidéo, ni amis. C'est con et ça sert à rien.
Making of : 6/10 Sympa de voir les coulisses d'un film. C'est bien mis en boite mais il manque un truc.
Les chambres rouges : 8/10 Bizarrement les très bons films sont moins faciles à digérer que le reste. Comme on voit 1 très bon film sur 100, ça rend tout chose. C'est brillant, j'ai envie de dire que son seul défaut ça peut être que le réal sait qu'il est brillant. Ca se sent qu'il maitrise tout. Tout est soigné, travaillé. Ca m'a un peu fait penser à Tar, de Todd Field. La vraie réussite, je pense, c'est son ambiguité. J'ai retracé les avis sur le forum et j'ai lu l'itw du réal chez Cinémaniak.
Ca m'a fait penser au débat relancé sur Joker dans le topic d'Alegas et pourquoi à mon sens le Joker de Phillips est bête et vain. Je cite Pascal Plante :
"on ne donne aucune clef sur le passé de Kelly-Anne. On ne peut pas par exemple la psychanalyser : « elle agit comme ça parce qu’elle a eu tel trauma… ». On ne peut pas la saisir par ce qu’on appelle le backstory. Et tout à coup, tout ce qui est autour d’elle devient générateur de sens."
Voilà la différence avec un réal intelligent.
Sinon je pense qu'on assiste à la "naissance" d'un très bon (je mets des guillemets parce que je n'ai pas vu ses premiers films mais il reste relativement jeune). Avec Monia Chokri j'ai l'impression qu'il se passe vraiment un truc du côté du Québec.
Assez surpris par la première partie du film, qui sonne assez juste, bien aidée par 2 excellents jeunes comédiens. Bien qu'improbable, Lellouche sait rendre cette bluette "contre-nature" assez touchante. L'aspect brut des sentiments amoureux de l'adolescence est plutôt bien capté.Le background ouvrier des dockers du nord de la France offre également un cadre intéressant à l'histoire.
Mais tout se casse la gueule dans la seconde partie. Malgré la présence d'acteurs super bankables, tout est expédié, certains rôles sonnent creux (Lacoste, Zadi) et tout s'étire dans un cinéma de l'entre-soi. Le cinéma fait entre potes qui s'auto-proclame mieux que celui des autres... Tout a déjà été vu en mieux ailleurs. Lellouche hyper-référence son film, multiplie les fausses notes et on ne croit plus à l'histoire. L'émotion devrait prendre du grade avec le passage à l'âge adulte des personnages mais ils sont en fait restés bloqués à l'adolescence.
Seuls les 18-25 ans resterons donc captivés tout du long, comme ma voisine de fauteuil qui dégainait son smartphone toutes les 5 mn pour shazamer la soundtrack, s'imaginant qu'un amour aussi bancal puisse être exaltant toute une vie.
Derrière les bonnes intentions de faire du film une réflexion sur la place de Deadpool au sein du MCU de Disney, ainsi qu'une lettre d'amour aux productions Marvel par la Fox, il y a finalement un film qui est l'équivalent de No way home, à savoir un gros machin qui ne sait pas s'arrêter en termes de fan-service, et où les enjeux sont complètement perdus au milieu du délire multivers qui anéantit toute notion de dramaturgie. Derrière les blagues autour de la résurrection de Wolverine, et le fait que Disney va vouloir le faire jouer Jackman jusqu'à ses 90 ans, il y a une triste constatation de la désacralisation d'un personnage. Bref, c'est indéniablement plaisant au visionnage, mais dans les intentions c'est typiquement tout ce qui rend le MCU détestable depuis un bon bout de temps.
Transformers One : 6,5/10
Je n'ai aucun attachement vis à vis de l'univers Transformers donc j'imagine que je suis passé à côté de plein de choses, mais en un film il y a plus de relations de personnages, de world building et de mythologie réussies qu'en plusieurs épisodes live action. Du bon boulot même si visuellement on devine que le film aurait mérité un budget plus confortable.
"Our films were never intended for a passive audience. There are enough of those kinds of films being made. We wanted our audience to have to work, to have to think, to have to actually participate in order to enjoy them."