Un peu hypé par l'arrivée d'un Matrix 4 qui titille ma nostalgie du premier film, je me suis décidé à revoir la trilogie et lui redonner une chance.
Le premier film est toujours une tuerie, d'une efficacité de tous les instants, et n'a presque pas pris une ride à l'exception de quelques cgi sur la fin du film.
Hier soir, j'étais chaud pour Reloaded, pour enfin lui redonner une chance. Et... c'était encore pire que dans mes souvenirs
Quel enfer, y a presque rien qui va du début à la fin.
Si je salue l'ambition du projet et la volonté de ne pas refaire le même film, reste que je trouve l'exécution assez affligeante en dehors de la mise en scène et chorégraphie de certaines bastons. Dès la scène d'intro, c'est la catastrophe avec cette chute de Trinity en bullet time, qui s'étire jusqu'à l’écœurement et dégueule de CGI absolument infects. Un problème qui se retrouve dans de nombreuses séquences d'action du film, qui s'étendent plus que de raison, juste pour la frime, au point de lasser, et s'achèvent souvent dans une bouillie numérique indigeste. Je pense en premier lieu à la baston avec tous les Smith et la poursuite de l'autoroute, qui commencent bien et se finissent en regardant la montre et en détournant les yeux tellement c'est moche. Seule la baston chez le Mérovingien est rééllement convaincante du bout en bout, en plus d'être la seule à être pleinement justifiée scénaristiquement, avec un enjeu réel. Car je suis désolé, mais toutes les autres scènes d'action du film me paraissent totalement gratuites, ne sont jamais moteur de l'intrigue, et sont donc dénuées de réel enjeu. On les apprécie juste pour les chorégraphie et la mise en scène, toujours lisible, mais qui pêche tout de même par ses excès. A plusieurs reprises, les Wacho se regardent filmer et mettent plus en valeur leurs mouvements de caméra plutôt que l'action en elle-même. C'était déjà un peu le cas dans le premier film, mais là c'est bien plus fréquent, et donc pénible.
Le scénario maintenant... J'aimerais aimer ce que ce film veut me raconter, sur le papier j'ai toujours trouvé ça fascinant, très riche. Vraiment, j'aime beaucoup tout le "lore" de la saga. Et pourtant, rien ne va dans la manière de raconter. Le premier Matrix s'en sortait à merveille en reprenant tous les codes du voyage du héros théorisé par Campbell. C'était d'une efficacité redoutable. Bien sûr, on ne pouvait pas avoir la même chose pour ce 2eme film, mais il y avait surement moyen de rendre le tout bien plus engageant et moins abscon. Tout le début est laborieux, dénué d'enjeu engageant pour le spectateur, en plus d'être d'un mauvais goût esthétique absolu (ok, là c'est très subjectif... quoique je pense vraiment que la rave party est indéfendable). Le film a un mal fou à nous dire ce qu'il veut raconter, les objectifs des personnages sont nuls : il faut trouver l'oracle, puis il faut trouver le gardien des clés chez le Mérovingien, puis il faut aller dans une pièce secrète d'un immeuble. Et à chaque fois, on se dit "pourquoi ?". On ne ressent jamais l'intérêt de la quête de Néo. On se contente de suivre ces micro objectifs, parce que "ta gueule c'est la prophétie". Et visiblement c'est voulu, puisque certains personnages reprochent cette quête à Morpheus. Mais c'est pas pour autant que c'est bien.
Puis vient la scène de l'Architecte, qui est tout ce qu'il ne faut pas faire à mon sens, et traduit un cruel échec de narration. Incapable d'intégrer les révélations dans l'action, on arrête tout et on fait tout dire à un personnage, ce qui finit de rendre le truc indigeste.
Ah et j'oubliais. Le costume design, on en parle ? Le premier Matrix intégrait parfaitement son esthétique cyberpunk au réel. Là, on se croirait dans un rendez-vous de cosplayer pour le comic-con. Les tenues de Neo et Trinity sont des caricatures d'elles même.
Bref, ce Matrix Reloaded, c'est un film incapable de raconter une histoire à partir de sa base pourtant alléchante, et qui prend systématiquement le mauvaises décisions. J'ai encore d'autres trucs à reprocher, mais je vais m'arrêter là. J'ai détesté de bout en bout, hormis une vingtaine de minutes chez le Mérovingien et le début de la course poursuite.
Vivement Revolutions