Autodidacte, il ne maîtrise pas complètement le solfège, mais joue d'une quantité dingue d'instruments et se permet, dès les années 70, d'enregistrer chez lui dans son home studio les BO de films pourtant à vocation populaire comme La Scoumoune de José Giovanni avec Bébel. Cela va forcément influencer ses compositions, faites de bric et de broc, avec quantité d'effets, de bidouillages, un peu loin des orchestres classiques que l'on trouve habituellement chez ses collègues, même s'il en usera aussi. Il sera pionnier dans la musique électronique et les mélanges de sonorité. Il ne sera pas seul sur ce coup-là, rien qu'en France on peut compter Pierre Henry ou Jean-Claude Vannier, et cela se développera par la suite et infusera une bonne partie du cinéma européen des 70s. Il n'y a qu'à écouter les musiques des thrillers de Morricone pour s'en convaincre.
Côté carrière, il commence avec Robert Enrico et le suivra tout au long de sa filmographie, on lui doit donc les très beaux thèmes des Aventuriers et du Vieux Fusil, pour lequel il sera récompensé d'un César à titre posthume. Malgré son joli travail sur Le Samouraï de Melville, ils ne travailleront qu'une fois ensemble. D'ailleurs s'il est resté ainsi dans l'ombre c'est aussi parce qu'il n'a pas pu mettre en valeur tant de grands films que cela. Beaucoup de jolies BO pour des films mineurs sur son CV... Et finalement, c'est Robbie Williams et la kyrielle d'auteurs qui ont samplé son travail sur Dernier Domicile Connu, sympathique polar sans grande envergure qui ne méritait pas tant, qui ont redonné un coup de jeune à son travail, qui s'est arrêté en 1975 suite à son décès accidentel. D'ailleurs je m'étonne que Lautner, pourtant friand de BO un peu décalées, n'ait jamais fait appel à lui...
Ah, j'oubliais, Chapi Chapo c'est lui!
Un petit florilège :