On peut vivre heureux dans son pays et avec sa famille , pour moi c'est même bien plus "naturel" et sain que de tout laisser tomber mais pour trouver quoi de plus ou quoi de mieux ? En réalité, on s'échappe de son pays et de sa famille (ou de son village) quand notre rapport à tout ça nous enferme, nous oppresse, nous dirige et nuit à notre développement, à notre indépendance, notre autonomie mais quand ça n'est pas le cas, partir ne sert à rien d'autre qu'à vivre ailleurs, une vie finalement similaire et débarrassé de tous ceux que l'on connaissait....amis, famille, travail, terre...mais dans quel but ? Ne peut-on pas être heureux avec les siens et sur sa terre natale ? Ca se discute et chacune est libre de faire ce qu'il veut mais j'ai souvent remarqué que ceux qui "partent" sont des gens qui se lassent très vite des autres, supportent mal la différence, ressentent le besoin de fuir leur condition d'origine pour se sentir plus libre, se débarrasser de ce qui les ferait stagner....Ils ont peur de l'immobilisme en fait. Mais eut-être que c'est une résurgence génético-spirituel de notre premier mode de vie à savoir le nomadisme
et que dans le fond, notre espèce n'est pas faite pour être au même endroit à chaque fois. On a toujours ce désir de voyage, de terre vierge à découvrir, de changement de métier, de différentes passions etc...sinon on reste tout le temps dans un même carcan , dans une bulle et au final on ne se sent pas libre, on se sent mal, on s'encrasse. Il faut des petits nettoyages de printemps de temps en temps.
Tout seul c'est différent : le mec n'a rien pour lui. Il est moche, il est né coupé du monde et on l'a empêché (pour son bien) d'aller sur le continent. Résultat : il est en prison, il ne connait rien du monde mais il en a une vision déformée par le dictionnaire et les objets. Il est humain, il a l'intelligence, la conscience, la faculté d'imaginer, de projeter, il pense, donc il a envie , comme tout le monde, d'échapper à la solitude (qui n'est pas du tout le mode de vie de l'Homme qui est avant tout une espèce sociale)...Les mots sur lesquels il tombe dans le dico ne sont pas anodins et tout est là pour lui indiquer qu'il est seul, triste, emprisonné et condamné à arpenter le même phare pendant des années. Or , l’exploration et l'envie de découvrir et de parcourir le monde est encré dans l'espèce humaine : on peut être casanier mais au final pour faire quoi ? Lire et voyager "intérieurement" est-ce que ce n'est pas déjà de l'exploration et un désir inconscient d'aventure, de savoir, d'expériences et d'horizons différents ? On est fait pour bouger ça c'est clair et c'est même une des premières conditions du développement de l'intelligence et de l'évolution des différentes facultés puisqu’un homme qui ne bouge jamais n'affronte rien, il ne se confronte jamais à rien comment peut-il évoluer, s’endurcir, apprendre ? Ou alors il le peut mais de manière théorique, imaginative et c'est ce que je disais : l'imagination ne suffit pas à un homme pour vivre heureux : le réel prendra toujours le pas.
C'est par les sens qu'on perçoit le monde, qu'on prend du plaisir et qu'on savoure la vie. Pas par les mots et les idées.
Pour en revenir au pays et à la famille : j'ai un pote très "nomade" et il l'est parce que ça ne s'est jamais bien passé avec sa famille et il se foutait de son pays. Résultat il est revenu, car on finit toujours pas revenir
(cf l'Alchimiste) et ce retour est bénéfique : on revient au point de départ, à la source, à l'origine, à la famille, aux amis d'enfance, au pays, à la ville que l'on connait par cœur, où l'on a tous nos repères et on se sent "renouvelé". On a acquis de nouvelles compétence,s de nouveaux savoirs, on a évolué, on s'est démerdé sans nos parents, on a connu d'autres personnes etc... La famille et le pays, quand ça se passe "bien", c'est dans l'âme et le coeur pour la vie entière. Ce qui ne veut pas dire qu'on doit vivre à 10m les uns des autres.
Les gens qui se voient trop , on voit bine qu'à un moment c'est sous pression, les relations s'électrisent et on apprend plus rien de l'autre au bout d'un moment. Malgré tout, il y a parfois des amitiés éternelles , des amours impérissables mais c'est de plus en plus difficile dans cette société de consommation où le désir de nouveauté tous les 4 matins nous empêchent de savourer et de "connaître" vraiment ce qui nous entoure....
Conclusion : je pense qu'on a tous une part de notre personnalité qui veut rester à jamais au même endroit, profiter de cette petite routine, des amis de longue date, frères, parents et terre et une autre qui veut se libérer de tous ces déterminismes, qui veut s'affranchir de sa condition naturelle et voir les choses en grand sans attachement aucun....
Le coup de la corde c'est énorme : j'ai faillit lâcher une larme quand je l'ai vu prendre celle-ci et page d'après j'étais