[Dunandan] Mes critiques en 2013

[Dunandan]

Rambo 2, George Pan Cosmatos (1985)

Beaucoup moins bourin que dans mes souvenirs, Rambo 2 est surtout le film à partir duquel toute sa "philosophie" se développe, définie par une série de punchlines bien jouissives, à la manière de Commando, prononcées la plupart par son ancien chef avec qui il semble avoir une amitié bien virile ... : Ce que vous appelez l'enfer, il appelle cela chez lui.

Co-écrit par James Cameron, on retrouve sa touche avec l'homme versus la machine et aussi son amour pour les machines/armes de guerre de toutes sortes (dont le fameux arc à flèches explosives, et même un hélico russe), sans oublier la patte de Stallone qui décidément s'évertue à donner un visage humain à son "fou de guerre" entre deux affrontements bien musclés.

La réalisation est assez carrée dans l'ensemble mais soignée et plaisante à suivre avec des effluves bien "burnées", soutenue par une BO entraînante. Il faut souligner la présence du directeur photo John Cardiff, vraie plus-value en nous offrant des panoramas qui nous plongent dans l'ambiance suintante de la jungle. Bridée par une contrainte de script favorisant l'infiltration silencieuse, l'action démarre vraiment après que la brève idylle de Rambo meurt comme une merde, offrant ainsi une belle démonstration de force en dégommant tout ce qui bouge avec ce qui lui tombe sous la main, alternant stratégies vicieuses (ah, je ne me lasse pas de la façon dont il dérouille les russes, capable de se cacher n'importe où pour les débusquer, ou encore de la ruse dans l'hélico) et éliminations plus bourrines les unes que les autres.

Rambo 2 est un action-movie bien "burné" des années 80 qu'on prend plaisir à revoir si on apprécie le genre.

[Dunandan]

Achille et la tortue, Takeshi Kitano (2008)

Après deux essais chaotiques et vains à mes yeux, Takeshi Kitano clôt sa trilogie introspective d'une belle manière, avec cette fois-ci une véritable histoire, mettant en abîme le processus créatif et pictural à l'oeuvre dans son travail. Il apporte donc avec lui une émotion (soutenue par une jolie BO même si elle ne nous ne vient pas de son ex-collaborateur Joe Hisaishi) et une profondeur qui étaient presque absentes de Takeshi's et de Glory to the filmmaker. Si les péripéties en elles-mêmes sont inégales en qualité, soutenues par une fibre sensible parfois tendue jusqu'au pathétique, cette oeuvre est si touchante par son propos, mettant à nu l'âme artistique du cinéaste dans ses ambiguïtés, qu'elle emporte finalement l'adhésion.

L'histoire est linéaire et abordable avec trois axes principaux qui abordent différents stades de la vie : l'enfance, l'âge adulte, et enfin la maturité. Chaque acteur incarne bien le personnage principal du film - ce qui permet une cohérence bienvenue -, sorte d'autiste qui veut juste peindre, peu importent les circonstances extérieures. Le premier chapitre montre surtout à quel point cette détermination est forte en dépit des évènements (avec une pointe dramatique parfois trop appuyée), mettant en oeuvre un style qui brille par sa spontanéité et son regard d'enfant. Ensuite, devenant adulte, traumatisé par un décès qui lui fait perdre en partie son âme d'enfant, puis encouragé par un galériste, il recherche un style personnel qui n'a plus rien à voir avec ce qu'il faisait avant. Il se perd entre les différentes influences, et se confronte aussi à d'autres apprentis qui font n'importe quoi pour obtenir quelque chose d'original. Enfin, à l'âge mature, il s'enfonce dans les méandres de la création pour se conformer aux objectifs de vente qu'il n'atteint jamais ironiquement, embarquant ses proches jusqu'à écarter toute humanité en lui au nom d'une obsession pour l'art qui devient de plus en plus auto-destructrice.

Autour de cette fresque, se déploient donc les enjeux d'une reconnaissance artistique et financière, offrant en retour un élan créatif qui s'exprime à travers des peintures extrêmement variées par leur style visuel et leur caractère. Cette tension entre rendement et création donne parfois lieu à des réalisations d'une poésie vive, teintée d'une mélancolie inévitable par le sentiment d'échec qui se pointe en bout de piste. Grâce à ce film perdu quelque part entre Hana-bi et L'été de Kikujiro, d'une tonalité tour à tour anxiogène et rafraîchissante, Kitano retrouve donc enfin l'inspiration (en exprimant la difficulté de la trouver !), à partir d'un thème pourtant anti-cinématographique. Il se permet même de donner du sens aux deux films qui lui ont précédé, par une fin qui se moque au fond de cette tentation de rejoindre un public à tout prix, et par là-même se retrouve lui-même (même si le dénouement final peut paraître too much).

En dépit d'une intrigue inégale en qualité, Kitano termine sa trilogie introspective sur l'art par une oeuvre qui est de très loin la plus intéressante des trois, par un traitement tragi-comique et poétique qui nous atteint au coeur.

[Mark Chopper]

Tu surnotes peut-être un poil, soulagé de voir un "vrai" film après ses deux purges.

Je l'avais trouvé sympa, mais je ne suis pas sûr d'avoir envie de le revoir avant longtemps. Une fois de plus, je trouve que le film souffre d'un déséquilibre car Kitano n'est présent que pendant une partie du film.

[Dunandan]

Au départ j'avais hésité entre 6.5 et 7 pour la note finale, mais oui, certainement que le douloureux souvenir des précédents films a joué en sa faveur ^^.

Par contre je ne suis pas d'accord pour l'apparition tardive de Kitano, j'ai trouvé les acteurs incarnant le personnage principal très bien dans les deux premières parties. Je regrette surtout un excès de pathos ou des retournements de situation parfois maladroites.

[Mark Chopper]

Par contre, je te conseille de mater une paire de films de Fukasaku avant de mater Outrage, pour mieux l'apprécier. Si tu en as parmi tes Wild Side...

[Dunandan]

Même trois ...

[Dunandan]

Rambo 3, Peter MacDonald (1988)

Armé de la vision d'un conflit digne d'un enfant de 4 ans et d'une psychologie faisant passer Rambo 2 pour un film intellectuel et profond, et des Afghans qui sont vraiment pris pour des ignorants, Rambo 3 est parfait pour se débrancher le cerveau. Et il n'est pas aidé par une VF qui enfonce le clou (ah l'accent russe !), les punchlines à 2 balles, les scènes d'action qui envoient du bois mais qui manquent de lisibilité et juste un peu de crédibilité (Rambo qui prend d'assaut une armée à lui tout seul, et combattant un hélico avec un char d'assaut), un Rambo toujours huilé pour bien faire briller ses muscles, et des infiltrations faisant passer le jeu vidéo MGS pour une merveille d'intelligence stratégique. Quasiment impossible à défendre au premier degré, je le mets au même rang qu'un certain Commando avec qui il partage une subtilité du même calibre. Un manuel du parfait petit soldat qui voudrait se la jouer bourin, mais aussi un peu philosophe (priceless quand il se bat pour gagner du fric pour les moines bouddhistes). Un nanar friqué peut-être, mais complètement jouissif, que j'assume comme plaisir coupable.

[Jed Trigado]

Des afghans pris pour des ignorants ? J'avoue que j'ai dû rater une scène là. Nan mais sérieux je le redis la VF est une catastrophe et n'aide vraiment pas à traiter le film à sa juste valeur.

Au contraire, j'ai été étonné de voir Stallone accorder pas mal de temps aux soldats afghans et montrer leur courage face à un ennemi mieux armé technologiquement, de plus, Rambo 3 dénonçait une guerre assez peu médiatisée (avec l'excellent La Bête de Guerre sorti la même année). Et pour les scènes d'action mal shootées, là aussi je comprends pas, c'est pas virtuose pour un sou mais c'est vraiment nickel malgré le changement de réal pendant le tournage (commencé par l'illustre Russell Mulcahy qui a fini par se prendre le chou avec Stallone) avec des échelles de plans variées et de la maille bien investie.

[Dunandan]

Ben pour les Afghans avec la scène des explosifs ça fait un peu genre je connais juste les fusils, et je n'ai rien vu du monde extérieur. Par contre je n'ai pas de problème avec ce que t'as soulevé et je n'ai pas critiqué ce point-là d'ailleurs.

Les scènes d'action c'est surtout la lisibilité que je leur reproche. On sent le tout public (ou presque) où on montre presque rien sinon le résultat final.

Mais sinon c'est une critique ironique hein (en partie en tous cas), j'ai mis l'accent sur les défauts que j'ai perçu ^^.

Edit : j'ai précisé mon propos sur l'action.

[Dunandan]

Safe, Boaz Yakin (2012)

Petite déception pour ma part. Ce film démarre comme un bon petit polar noir, en nous préparant une montée en force alléchante (servie par une chouette BO qui prend le pouls de la situation) en voyant tous ces groupes antagonistes (flics, chinois, russes) se mettre sur la gueule d'une part, et d'autre part ce pauvre Statham subissant l'humiliation pour une raison qu'on connaîtra plus tard, et que l'on oblige à se couper du monde sous peine d'éliminer toutes ses relations.

Mais passée cette exposition de 30 min qui met bien dans l'ambiance, le scénario se révèle vite bancal, jusqu'à "sonner" comme un Payback meets Besson : si certaines d'actions sont jouissives par leur violence brute (c'est un peu sans pitié : fusillades dans des lieux publics avec victimes collatérales à la clé) et proposent même quelques idées de mise en scène ludiques, les ficelles deviennent si grossières que ça en devient gênant, avec en première ligne des personnages qui manquent de profondeur en dépit de leur tentative à créer à un peu d'émotion. D'autant plus que je m'attendais à une relation touchante entre la chinoise et Jason Statham, mais c'est aussi raté de ce côté-là (alors que c'est la moitié de l'intérêt du film à la base) : il faudrait déjà que ce dernier donne un peu d'épaisseur à son personnage qui affiche toujours la même expression et ton de voix en toutes circonstances, gérant une amitié comme un combat de boxe.

Bref, un bon film d'action décomplexé qui exige de poser le cerveau, mais loin d'être marquant.

[Mark Chopper]

Encore un film survendu par BoM

[Dunandan]

Que je vais d'ailleurs revendre de suite ... Bon heureusement je l'ai eu à 5 $ ^^

[Alegas]

La vérité éclate enfin. Comment ça s'est bien touché sur ce film...

[Logan]

La vérité c'est à dire que Gatsby c'est mieux?

[Mark Chopper]

La vérité c'est que la branlée de 8 que tout le monde lui a mis au début était clairement abusée.