LE DERNIER TRAIN DU KATANGA - Jack Cardiff (1968)
"En 1960, dans une Afrique noire en pleine décolonisation, le capitaine Curry, un mercenaire, est chargé par Mwamini Ubi, le président de la toute nouvelle République démocratique du Congo, de conduire un train de militaires dans une région éloignée, le Katanga, pour rapatrier les colons occidentaux menacés par les rebelles du général Moses. Il doit aussi récupérer 50 millions de dollars en diamants bloqués dans les coffres d'une compagnie minière. Il s'entoure d'une équipe de mercenaires (un bras droit, congolais d'origine, un ex-officier nazi, un jeune lieutenant inexpérimenté, un médecin alcoolique), dont l'épopée ne se déroulera pas comme prévu."
Encore un film découvert grâce à la cinéphilie débordante de Quentin Tarantino, qui le cite souvent comme un de ses films de chevets, et dont il a repris certains éléments pour son Inglourious Basterds (notamment la musique). Un film d'aventure et de guerre à la fois, dans un contexte historique assez peu exploité au cinéma, et qui s'avère être une belle réussite. Principalement réputé pour sa grande violence, il est vrai que le film étonne sur ce point : une incursion bestiale dans le Congo de l'époque dont le spectateur ne va pas ressortir indemne, où l'on voit des enfants exécutés froidement, des membres tranchés, des innocents brulés vifs et même un viol homosexuel. Un film très couillu donc, qu'on a vraiment du mal à imaginer aujourd'hui dans une industrie vérolée par la bienpensance. Et pourtant, la violence du film est certainement très éloignée de la réalité
Hormis cette sauvagerie due à un contexte parfaitement retranscrit, la grande force du film réside également dans son duo d'acteur principal. Rod Taylor est excellent dans le rôle du capitaine Curry, une gueule cassée à la présence incroyable, un vrai dur à cuire qui ne fendra l'armure que par amitié. Mais le personnage qui s'avère être le plus intéressant est son partenaire interprété par le charismatique Jim Brown, qui incarne en quelque sorte l'essence du film, à la fois conscience de son coéquipier et incarnation vivante de toutes les contradictions de son pays. Un rôle très bien écrit qui hérite des meilleurs dialogues du film, parfois très lourds de sens. Le reste du casting est moins marquant, hormis le personnage du nazi joué par Peter Carsten, et le personnage féminin est malheureusement peu intéressant, la faute à une interprétation plutôt fade d'Yvette Mimieux.
Coté réalisation, sans être un modèle du genre, Cardiff livre un chouette Scope qui met bien en valeur ses acteurs et ses décors (le film a été principalement tourné à la Jamaïque), les scènes d'actions sont plutôt bien réalisées (notamment l'attaque de l'avion), même si elles manquent parfois d'ampleur (l'attaque des rebelles en milieu de film, et la tuerie qui suit dans le bar). On notera également un final très réussi et même poignant.
Au final, malgré une réputation légèrement galvaudé de chef découvre méconnu, Le Dernier Train du Katanga reste encore aujourd'hui une expérience étonnante, une épopée sauvage et transgressive au cœur d'une Afrique meurtrie, sublimé par un duo d'acteurs en parfaite osmose et une sauvagerie rarement vu dans le genre.
7,5/10