SAYA ZAMURAÏ++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Hitoshi Matsumoto (2011) |
8.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Découverte de l'univers assez singulier de Hitoshi Matsumoto qui me fait l'effet d'une jolie gifle, toute en douceur, emprunte de poésie et d'une belle dose d'inspiration. En s'appropriant certains codes propres au Chanbara, le réalisateur se lance dans une petite fable initiatique qui fait mouche en se jouant habilement de multiples genres cinémarographiques. Du burlesque qui habite toutes les épreuves que traverse ce père samouraï en quête de sa personnalité perdue au petit message sensible et à la fois acide sur le sens de la vie, on se fait chahuter à coup de métaphores joliment imagées. Et si après une petite demie heure de film, temps nécessaire à la mise en place des personnages et du propos central du film, on se demande comment Hitoshi Matsumoto va réussir à nous tenir captif de ces 30 journées peu excitantes au prime abord, on se laissera convaincre rapidement par sa capacité à insuffler du rythme à son histoire, qu'il raconte d'ailleurs à la perfection.
A l'aide d'un petit cercle d'acteurs tous très impliqués, à l'image du magnétique Kanjuro Nomi ou de la très prometteuse Sea Kumada qui se joue avec aisance et élégance d'un rôle pourtant difficile, le cinéaste nous met dans sa poche en quelques tours de bobine. Une fois qu'on s'est pris d'affection pour la petite troupe qui tente de faire sourire ce prince marqué par la vie, on ne verra pas le temps passer jusqu'à se faire cueillir par le torrent d'émotion qui habite la dernière séquence du film. Cette habileté avec laquelle Hitoshi Matsumoto change de ton est assez remarquable et pour beaucoup dans l'impact émotionnel qui nous saisit à la gorge lorsqu'il met enfin bout à bout toutes les pièces de son puzzle. Ce samouraï sans sabre peut enfin trouver à nouveau la lame qui sied à son fourreau, guidée par ce sang versé qu'il n'osait plus mettre en jeu. L'image est forte, d'une efficacité redoutable.
On pense à beaucoup de films devant Saya Zamuraï, à Kikujiro forcément qui était lui aussi emprunt de cette belle émotion qui caractérise la bobine, mais également à Baby Cart auquel il emprunte cette touchante relation père/fils comme point de départ. Comme Daigoro, Tae fait preuve d'une force de caractère qui nous soulève le coeur avec douceur. Impossible de ne pas se laisser happer par cette chansonnette finale qui constitue le seul véritable échange qu'elle aura avec son père, pourtant absent de l'image, comme si finalement, seul cet acte ultime suffira à combler son absence récente, comme en témoigne cette pierre qui résiste au temps pour inviter ceux qui l'observent à profiter de la vie au maximum.
Hitoshi Matsumoto s'inscrit dans mon esprit comme un auteur à suivre. J'ai très envie maintenant de découvrir ses autres réalisations, qui, je l'espère, seront aussi personnelles que ce magnifique Saya Zamurai.