RUNNING ON KARMA++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Johnny To & Wai Ka Fai (2003) |
6.5/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Déroutant mais enthousiasmant ce Running on karma. Doté d'un pitch de départ plutôt original, curieux également dans sa façon de mixer les genres et les intrigues, on se laisse surprendre sans trop broncher par cette bobine à part faite de séquences bien dynamiques et d'essais plus ou moins discutables. Et si avec ROK Johnnie To livre un film assez bancal, aidé du co-réalisateur Wai Ka Fai, il parvient néanmoins à nous toucher par la fraîcheur de ses personnages et l'audace de sa mise en scène.
A ce niveau, même si on est loin de la marque de fabrique ultra léchée qu'on lui connait, ROK a de quoi séduire. Certaines séquences sont bien énervées et sont divertissantes en diable. On notera également les traditionnels chouettes passages nocturnes dont le réalisateur pare son film. On est bien à HK, le quota de scènes urbaines est rempli.
Mais là ou le film détonne un peu avec les autres productions de la milkyway, c'est dans sa narration. Complètement foutraque, passant du coq à l'âne en permanence, il y a fort à parier qu'elle en laissera beaucoup sur le bord de la route. Difficile en effet de toujours adhérer aux ambitions que nourrit To avec ce film. Ce dernier se laisse même aller à une morale finale assez discutable qui est censée conclure une problématique assez évasive qu'il met pourtant en place dès le début de son film. A travers cette notion de Karma que son protagoniste peut voir chez les gens qu'il côtoie, c'est un mal plus profond que tente d'évoquer le cinéaste. Le bien, le mal, les conséquences de nos actes et leur repenti, tout un programme qui a le mérite de vouloir toucher des sphères qu'il n'aborde pas en règle général, préférant un cinéma plus frontal et moins métaphorique.
Pour le coup, c'est à mon sens à moitié réussi. A vouloir en faire un peu trop dans la philosophie, il se perd un peu en route et délivre parfois un message bien trop bancal pour convaincre. En délaissant également totalement la logique de son script puisqu'il sépare son film en deux grandes séquences presque totalement distinctes, il nous perd un peu au milieu des enjeux qu'il met en place. Heureusement que les différents personnages qu'il met en vie sont incarnés par des acteurs qui s'investissent dans leurs rôles, ce qui fait qu'on se laisse porter par leurs partitions respectives d'autant plus qu'elles n'étaient pas évidentes à délivrer. Le perso de Andy Lau par exemple est quand même bien costaud, paré de ce costume complètement surréaliste
A ce titre, Running on karma est une jolie bobine que l'on prend plaisir à suivre tant elle est empreinte d'une envie de tenter. Parfois ça fonctionne, parfois non, mais c'est synonyme d'une audace qui paye. Je me suis pour ma part beaucoup amusé tout au long du film, et même si je regrette qu'il ne se tienne pas davantage, j'en sors tout de même satisfait. Pas certain cependant que j'aie un jour envie de le revoir, mais en l'état, il m'a fait passer un bon moment.