THE FUCKING ULTRA BORING GRANDMASTERS OF VOID++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++Wong Kar Wei (2013) |
4/10++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++ Je connais assez peu le cinoche de Wong Kar Wei, mais j'aime ce que j'en ai vu. En général il y manie à merveille ce sens de l'esthétisme que je lui avais associé avec de beaux moments de romantismes, aussi graphiques que touchants. Je me souviens par exemple avec tendresse des très jolis Chungking express ou In the mood for love qui sont des films que je conseillerai sans problème à mon entourage. J'allais donc découvrir The Grandmaster avec enthousiasme, voir ce génie de l'image s'approprier le monde des arts martiaux étant très prometteur. J'ai vite déchanté devant ce qui m'a fait l'effet d'être l'aveu d'impuissance d'un homme emprisonné dans on style, complètement dépourvu du recul nécessaire à l'appropriation d'un genre populaire comme le Kung Fu Pian. Tout au long de la séance, j'ai eu cette désagréable sensation d'assister à la déconstruction de tout ce qui fait le panache de ce genre bien particulier, à savoir un rythme frénétique et un contexte simple qui permet d'enchaîner les combats. Ici rien de tout cela, quelques rares combats rappellent certes l'exercice de style, brillamment même lorsque la virtuosité formelle de WKW s'y associe. Dommage que le bonhomme complexifie exagérément tout le reste. De là à penser qu'il prend le genre de haut, en transposant dans un monde maniéré ses mécaniques les plus simples, il n'y a qu'un pas.
Toute sa fausse trame narrative le crie haut et fort. Longue, longue, longue et faussement complexe, c'est un calvaire que j'ai subi pour arriver péniblement jusqu'au générique de fin. Je suis sorti de la salle passablement blasé par ce gâchis complet. Ce n'est pas compliqué, The grandmaster n'est qu'une juxtaposition de séquences qui fonctionneraient individuellement dans le cadre d'une mini série esthétisée à outrance sur les arts martiaux chinois (enfin quelques maîtres les représentant, faut pas trop en demander non plus). Le problème, c'est que mises bout à bout, elles ne trouvent aucune cohérence. Comme si WKW s'était laissé aller à filmer au gré de ses envies, en oubliant son script sur sa table de chevet. Script qu'il n'a probablement jamais lu au vu des différents moyens du pauvre qu'il utilise pour maintenir un semblant d'histoire. Sa solution, compenser, toutes les 5 minutes, sa narration bancale par des cartons resituant le contexte. C'est sympa de sa part, parce qu'au bout d'une demie heure à peine, on est paumé. Les années sont censées passer, mais les acteurs ne changent pas. Les lieux sont censés être différents, mais ils sont tous esthétisés à outrance de la même façon, à coup d'images saturées dégoulinantes et de CGI cradasses qui anéantissent tout espoir d'une quelconque authenticité. Le duel ultime en est l'exemple parfait. Quelle idée fantasque de le faire prendre place devant un train en CGI qui file à toute allure, c'est censé compenser le manque de panache du combat ?
Je ne vais pas m'attarder davantage, je n'ai pas aimé grand chose dans ce Grandmasters, même si je lui reconnais quelques qualités de mise en scène, trop timides cependant. J'y allais pourtant avec beaucoup d'envie. Mais les ralentis pompeux, l'ambiance Calvin Klein omniprésente et l'absence complète d'une esquisse de script ont eu raison de ma motivation et des qualités du film : ses acteurs, tous très convaincants, voir magnétiques à l'image de la sublime Zhang Zihi. Mais, à mon sens, quand un réalisateur se sent obligé de sortir les violons à chaque moment clé pour combler l'absence totale d'émotion de sa mise en scène, c'est que lui même n'est pas spécialement convaincu par ce qu'il propose.