[oso] Mes critiques en 2013

Modérateur: Dunandan

Homme aux poings de fer (L') - 5,5/10

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 12:28

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THE MAN WITH THE IRON FISTS

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RZA (2012) | 5.5/10
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Pur film de fan, ni plus ni moins, the man with the iron fists sait faire le show pour mettre dans sa poche les amateurs des films de la shaw brothers. Au programme, bastons furieuses, ambiances musicales improbables qui cartonnent, coiffures aux allures de perruques et cris stridents décupleurs de Chi qui font crisser les tympans d'un spectateur qui ne peut que sourire devant tant de générosité. Et si le soufflé aurait pu ne jamais retomber si tous ces éléments avaient été mieux mixés, ce n'est malheureusement pas le cas avec ce premier essai de RZA qui y pêche par son ambition démusérée en rapport à sa faible expérience en matière de production audio-visuelle.

En effet, si le mec excelle dans son monde, il parvient difficilement à tenir la barre de la réalisation sur son premier film. On termine les hostilités assez fatigué par cette surabondance d'idées dans la réalisation qui ne s'avèrent être que très peu pertinentes. Les split screens en pagaille finissent par nous faire soupirer, comme tous les inserts sur les armes, les poings ou les pétons qui font voler les mâchoires lors des combats d'ailleurs pas toujours bien mis en valeur. On peut en effet regretter qu'ils ne soient pas tous de la trempe de ce passage faisant la part belle aux veuves noires, qui commencent de la meilleure des manière, pour tomber dans un brouhaha d'images non contenues qui finissent de faire du combat un brouillon illisible qui image bien ce qu'on peut ressentir devant la plupart des passages martiaux du film. Dommage.

On ressent également ce côté brouillon dans le script de RZA. Multipliant à outrance les personnages, il ne parvient pas spécialement à les rendre homogènes, et finalement aucun ne sort véritablement du lot. Heureusement que les acteurs sont suffisamment investis pour palier à ce défaut. Russel Crow, Lucy Liu, Bautista et leurs compèrent semblent avoir pris beaucoup de plaisir à graver l'image de leur pote RZA, leur bonne humeur est suffisament communicative pour nous faire oublier temporairement les défauts du film. Et puis, comment ne pas tomber amoureux de cette brochette de jolis minois qui envahit la bobine. On se laisserait volontiers enfermer dans la tanière de la très charmeuse Madame Blossom :mrgreen:

Ressort donc de ce premier film un sentiment partagé. D'un côté on a envie de l'aimer, son côté généreux de fan assumé, cette bonne humeur générale sont en effet attachants mais l'imperfection d'une réalisation beaucoup trop ambitieuse, qui est inutilement parsemée d'effets visuels malvenus font retomber l'enthousiasme de manière irréversible. Au final, pas certain que ce film de fan se regarde une seconde fois jusqu'au bout, il y a en effet fort à parier que certains de ces passages fonctionneront bien mieux extraits de l'ensemble que noyés dans une mixture trop vitaminée.
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Running in madness, dying in love - 6,5/10

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 17:21

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RUNNING IN MADNESS, DYING IN LOVE

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Koji Wakamatsu (1969) | 6.5/10
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Oeuvre intimiste que ce road movie passionnel de deux âmes en perdition prenant la fuite d'une réalité émoussée par un acte non souhaité dans un amour presque maladif, unique remède aux tourments nés de ce coup du sort. Les deux amants se désirent depuis longtemps, mais la morale voulait que leur union soit impossible. C'est à travers un geste malheureux, un acte criminel que Wakamatsu leur permet de se laisser aller aux pulsions qui les nourrissait de manière silencieuse.

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Le cinéaste exacerbe les sentiments de ses deux protagonistes de différentes manières pour nous livrer un film déroutant aux thématiques complexes. Il insère dans son récit non seulement une véritable réflexion sur la victimisation de la femme dans la sphère maritale au japon, malmenée par des codes inflexibles qui font du mari la seule voix de la raison dans le couple mais il s'intéresse également à ce sentiment de culpabilité qui ronge les deux personnages de son film. L'un est révolté contre le système qui régit son pays, et par extrapolation contre son frère qui représente en tant que policier l'autorité répressive même de ce système, l'autre est en totale perdition, et si l'acte dont elle est l'auteur semble la condamner, il semblerait qu'elle soit dépressive depuis bien plus longtemps. Les deux jeunes gens ne trouveront une voie salutaire que dans cet amour interdit qui les unit lors de moments charnels passionnés.

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Wakamatsu filme alors les corps au plus près pour faire des ces séquences d'un érotisme stimulant les seuls instants du film lors desquels ses protagonistes peuvent s'évader de leur désespoir. En les parant de couleurs chaudes réconfortantes, il les extrait volontairement du ton très froid du reste de ses images. Ces moments éphémères coupables atteignent ainsi un contraste qui les fait exister avec violence. Et si la culpabilité des deux personnages n'en est pas absente pour autant et se remémore à eux par l'intermédiaire d'une bichromie bleuté très froide, elle y est toutefois estompée temporairement. Car le reste du temps, le cinéaste pare son film d'une esthétique d'un froid polaire comme pour annihiler tout espoir d'une rédemption opportune. Ce couple formée par le chaos d'une bagarre qui dérape y erre en effet sans véritable but. Entre envie de suicide comme unique échappatoire pour la plus faible des deux âmes et fuite psychologique de la seconde qui refuse ce crime qu'il aurait pu commettre, RUNNING IN MADNESS, DYING IN LOVE est d'un noir ébène à vous rendre dépressif.

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Et c'est d'ailleurs à mon sens ce que l'on peut reprocher à cette oeuvre un cheveu trop jusqu'au boutiste. Un manque de nuance qui transforme une réflexion profonde en un moment de vide absolu, que l'on subit de la même manière que les deux personnages du film. Certains passages s'étirent plus que de raison et malgré la seule heure et demie du film, on se sent parfois sombrer du côté de l'ennui. Et si l'on sent une farouche révolte contre une société un peu trop conformiste dans cette oeuvre passionnée, c'est par moment à défaut du film, à l'image de ce final d'un noir charbon qui se fait l'écho surréaliste et glacial de cette oeuvre difficilement palpable.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar Mark Chopper » Dim 17 Fév 2013, 17:24

Tu t'es trompé dans le titre, non ?

Pour moi c'est Running in Madness, Dying in Love.

Et pour les screens, ça en valait la peine.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 17:27

Arf ouais, mince, je sais pas pourquoi j'avais associé Living dans mon esprit ^^

Pour les modos, merci de changer le titre pour le réf, c'est bloqué à priori :chinese:
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar Scalp » Dim 17 Fév 2013, 17:33

C'est bon.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 17:57

Merci Scalp :super:
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Secrets derrière le mur (Les) - 7/10

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 21:02

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SECRETS BEHIND THE WALL

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Koji Wakamatsu (1965) | 7/10
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Véritable cri du coeur d'un cinéaste que l'on devine en rébellion contre une société dont il ne pense pas que du bien, Secrets behind the wall dresse un bilan peu flatteur du japon d'après guerre. En se focalisant sur la solitude extrême de ses personnages, Wakamatsu se lance dans un véritable réquisitoire contre l'individualisation à outrance dont sont victimes les personnages qui peuplent son film.

Par l'intermédiaire de différents foyers logeant dans un quartier résidentiel japonais typique, le cinéaste surligne au marqueur le manque d’interaction entre les différents occupants des lieux, pourtant séparés uniquement par des cloisons peu épaisses. Certains tentent pourtant de nouer des liens, à l'image de cette triste célibataire qui essaye de dialoguer avec ces voisins immédiats, essuyant échec sur échec. Les autres comblent le manque d'attention dont ils font preuve dans la drogue, l'adultère ou le voyeurisme. Constat violemment amer qui fait de Secrets behind the wall une oeuvre profondément pessimiste.

Illustrer cette solitude meurtrière qui semble toucher les habitants du quartier est aussi l'occasion pour le cinéaste de livrer une critique acerbe de la place de la femme dans le foyer japonais en même temps qu'il aborde plus généralement la condition de l'humain au sein de la société japonaise. Les maris sont présentés comme des instruments de labeur dont on abuse jusqu'à la fin. Quant aux femmes, elles souffrent de l'inattention de ces derniers lorsqu'ils daignent rentrer chez eux. Pour achever son discours politique, Wakamatsu saupoudre son message des ravages psychologiques causés par la seconde guerre mondiale et dont le Vietnam prenait le relai alors même que le film était tourné.

En optant pour des cadrages serrés, en jouant sur les espaces confinés qu'il investit, le réalisateur nous positionne dans la peau d'un voyeur un peu malsain. La position est inconfortable et c'est assez mal à l'aise que l'on devient témoin des différentes trames narratives du film. Les lumières sont fébriles, Wakamatsu privilégie une ambiance intimiste faite de gros plans qui s'attardent longuement sur les visages, sur les corps lors de moments que l'on ne partage habituellement pas. En résulte une ambiance perturbante qui éclate totalement dans la dernière partie du film, malsaine au possible.

D'une noirceur radicale et d'un final dévastateur, Secrets behind the wall fait parti de ces oeuvres qui marquent durablement. Impossible de ne pas garder certaines images en tête après la projection, de ne pas continuer la réflexion sur ce sentiment de solitude radical qui habite l'intégralité d'un métrage on ne peut plus radical.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Dim 17 Fév 2013, 21:04

J'suis un peu paumé pour le référencement, du coup j'ai mis le titre FR mais je sais pas s'il faut opter pour celui là. Le film est parfois appelé l'amour derrière les murs ou bien les secrets derrière le mur ou les versions anglaises Secrets behind the wall ou encore Affairs within walls. Donc c'est un peu le bordel :eheh:
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar angel.heart » Dim 17 Fév 2013, 21:10

Moi j'opterais pour Les secrets derrière le mur, titre sous lequel il est sorti en dvd en France.
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Trois soeurs - 7,5/10

Messagepar osorojo » Lun 18 Fév 2013, 22:54

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TROIS SOEURS

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Milagros Mumenthaler (2012) | 7.5/10
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Très belle tranche de vie teintée d'une once de mystère qui ne sera jamais levé, Trois soeurs s'impose comme une oeuvre émouvante et marque par son côté authentique. Avec son premier film, Milagros Mumenthaler choisit de nous plonger au coeur d'une famille de trois soeurs qui vivent dans la maison de leur grand mère, qui semble les y avoir élever jusqu'à son dernier souffle. Dans ce huit clôt presque atemporel, la réalisatrice promène sa caméra avec beaucoup de douceur pour illustrer les différentes personnalités en présence et surtout détailler avec minutie le lieu chargé d'histoire qu'elles animent de leur présence.

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Car si le film traite de l'histoire de trois soeurs qui expriment leur sentiments de manière radicalement différente, il s'intéresse avant tout à cette bâtisse qui ne cesse d'intriguer un spectateur en quête de réponses. Ces dernières ne seront jamais données, Milagros Mumenthaler préfère user de nombreuses élipses pour distiller quelques indices qui ne pourront que nourrir bon nombre d'hypothèses sans jamais les confirmer. Mais finalement, est-ce le plus important de tout savoir ou la force du film n'est elle pas dans cette histoire que l'on peut tous se raconter, à différents niveaux. Les trois jolies jeunes femmes qui évoluent tout au long du film dans leur relation aux autres suffisent à créer le liant nécessaire à stimuler notre imagination. Dès lors, les synapses s'agitent et le moindre soupçon de solution est une nouvelle piste à explorer, comme ces inserts presque fantastiques qui viennent à nouveau redistribuer les cartes.

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Certains regretteront l'absence d'une réelle trame narrative, les autres se laisseront porter par les sentiments portés à l'écran avec beaucoup de retenue par des comédiennes très touchantes, dirigées avec minutie par une réalisatrice qui sait manier les émotions. En tout cas, pour tous ceux qui sont un tant soit peu amateurs de ce genre de films mélancoliques, attendrissant par leur authenticité, il est certain que Milagros Mumenthaler devient une réalisatrice à suivre capable de nous délivrer prochainement d'autres jolis moments de cinéma, poétiques, réels et surtout très emprunts d'humanité.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Mar 19 Fév 2013, 00:57

Je me souviens que j'avais été un peu gêné par la lenteur du film quand je l'avais vu au ciné.
En tout cas, la nouvelle vague du cinéma argentin est vraiment prometteuse.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Mar 19 Fév 2013, 01:02

C'est sur que le film est très contemplatif mais c'est à mon sens nécessaire pour qu'on soit en empathie avec le caractère oisif des personnages. Ils sont comme absorbés eux même par le lieu qu'ils habitent et j'ai trouvé pour ma part que c'était très réussi à ce niveau là.

Pour ta remarque sur le cinéma argentin, tu penses à quels autres films, parce que j'avoue ne pas forcément l'avoir spécialement appréhendé ;)
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar nicofromtheblock » Mar 19 Fév 2013, 01:20

Y'a pas mal de cinéastes plus ou moins confirmés qui valent le détour :

- Pablo Trapero (Leonera, Carancho, Nacido y criado ou encore Elefante blanco qui sort mercredi au ciné)
- Carlos Sorin (Bombon el perro, El camino de San Diego et le récent Jours de pèche en Patagonie)
- Lucia Puenzo (XXY et El nino pez)
- Lucrecia Martel (La nina santa)

En plus, le cinéma argentin est particulièrement bien distribué en France : y'a quasiment un film par mois qui sort sur nos écrans.
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Re: [oso] Mes critiques en 2013

Messagepar osorojo » Mar 19 Fév 2013, 01:22

Merci pour les infos Nico, j'ai entendu parler de certains titres, les autres pas du tout. Je vais me pencher la dessus :super:
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Louise Wimmer - 5,5/10

Messagepar osorojo » Mar 19 Fév 2013, 21:01

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LOUISE WIMMER

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Cyril Mennegun (2012) | 5.5/10
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Difficile de cerner totalement ce Louise Wimmer qui semble surfer de façon un peu grossière sur un sujet d'actualité pour fédérer les foules. A travers une femme dont on ne sait pas grand chose à part qu'elle a subi un coup du sort qui l'a propulsé dans la rue avec sa seule voiture comme abri, Cyril Mennegun s'intéresse à la pauvreté, à cette misère qui peut rattraper n'importe qui en ces temps de crise. En faisant de son film un moment vérité sans artifice, le réalisateur semble manquer quelque peu le coche, donnant à son propos des allures moralisatrices certainement involontaires, mais pourtant belles et bien présentes.

A vouloir rester proche de la réalité, Cyril Mennegun semble ne jamais choisir son camp entre documentaire et fiction, on se retrouve devant une oeuvre transgenre qui ne marche pas véritablement du fait d'une prise de position trop fébrile. Ainsi le petit gimmick des bonnes combines pour économiser quelques euros passe douloureusement à l'image, on ne croit en effet jamais à cette Louise roublarde par la force des choses, qui tente de grappiller quelques euros. Pire encore, pour s'éviter de faire tomber son personnage dans des clichés qu'il se refuse à montrer, le cinéaste nous propose des scènes graveleuses où la farouche Louise trouve le réconfort dans les bras d'un toy man désabusé. En résulte un manque de caractérisation totale de celle qui est le point central du film, ce qui est assez pénalisant pour faire passer les émotions qu'elle est censée véhiculer.

A l'image de ces passages très maladroits, Cyril Mennegun enchaîne les séquences qui n'ont d'autres buts que de faire écouler les grains d'un sablier creusant les rides sur le visage de Louise Wimmer. On ne s'ennuie pas véritablement, il y a un savoir faire réel à l'écran qui donne une belle tenue à l'image, mais en ne nous impliquant jamais dans l'histoire de son héroïne, on finit par devenir un spectateur passif peu touché par le sort de cette dernière. Idée maladroite également que celle de la déshumaniser à outrance, c'est même limite si le cinéaste ne lui ôte pas sa dignité, en s'autorisant un manque de pudeur total, artifice peu subtile pour une nouvelle fois nous rappeler que c'est la réalité et qu'on ne doit pas en douter.

C'est au final un sentiment très paradoxal qui m'envahit lors le générique de fin se déroule. Totalement partagé entre cette impression d'avoir été manipulé par des images faussement vraies et ce sentiment assez triste de manquer de compassion pour le sujet grave dont traite le réalisateur. Comme si l'on devait finalement juger une oeuvre de fiction de la même manière que l'on regarde une production journalistique et c'est à mon avis ce qui est à l'origine du malaise.
Traiter son film comme un documentaire en jouant sur les artifices que permet le cinéma de fiction aboutit à une oeuvre incomplète qui tend dangereusement vers la démagogie sans nuance rehaussant une fable morale un peu trop martelée pour être totalement sincère; ce qui n'est pas sans rappeler par exemple, à un degré moindre certes, des films comme Polisse pour n'en citer qu'un. On est devant le même schéma structurel, avec un réalisateur qui accumule les scénettes fortes pour illustrer des évidences. Comment, en effet, ne pas être en empathie avec ce que subit cette femme méritante qui en prend plein la tronche pendant 1h30. Mais n'y a-t-il pas un problème à être davantage touché par ce qui lui arrive que par elle, en tant que personne. Au final, le personnage est tellement peu caractérisé qu'il devient presque générique. Cyril Mennegun tente bien par moment de lui donner une histoire, un passé, mais ça tombe à plat, on ne retient pas l'effort, on préfère se demander comment elle va redémarrer sa Volvo.

Cela étant dit, il est à saluer tout de même dans Louise Wimmer une actrice véritablement investie dans son rôle, malheureusement sous exploitée par un script qui ne parvient jamais à lui donner la place qu'elle aurait méritée. A noter également cette fin pleine d'espoir qui évite au film de tomber dans un misérabilisme total, ce contre-pied avec l'ambiance générale est en effet très appréciable.

Louise Wimmer aurait gagné à être plus assumé, moins parasité par un manque de parti pris caché sous la carte du film documentaire. En l'état, si l'on ne peut remettre en cause la bonne volonté du cinéaste à s'approprier un sujet sensible, il est bien difficile de ne pas se sentir baladé par ce résultat dénué de toute prise de position et dont la contestation nous est interdite dès les premières images.
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