[Mark Chopper] Mes critiques en 2013

[osorojo]

Ca donne envie de se programmer un petit rencart avec Meiko cette histoire

Il a l'air sympa ce petit film, par contre est-ce nécessaire de se fader les deux premiers qui eux, au vu de tes avis, ne m'emballent guère !

[Mark Chopper]

Ca donne envie de se programmer un petit rencart avec Meiko cette histoire

Il a l'air sympa ce petit film, par contre est-ce nécessaire de se fader les deux premiers qui eux, au vu de tes avis, ne m'emballent guère !

Non, tous sont indépendants les uns des autres (personnages et histoires différents).

Et comme je suis sympa, je t'envoie un mp.

[Mark Chopper]

Lost Highway, de David Lynch (1997)

L'histoire : Un couple reçoit différentes cassettes vidéo par courrier. La première montre l'extérieur de leur maison, mais la seconde indique que quelqu'un s'y est introduit pour les filmer pendant leur sommeil...

Après avoir connu le sommet de sa carrière au début des années 1990, tant au cinéma (Palme d'Or pour Sailor & Lula) qu'à la télévision (la première saison de Twin Peaks, véritable révolution, a cumulé succès critique et public dans le monde entier), David Lynch a connu une période noire, marquée par l'annulation de sa série après une seconde saison en demi-teinte et l'accueil glacial réservé à sa préquelle cinématographique, pourtant passionnante. Lost Highway, tourné cinq ans plus tard, constitue une renaissance pour l'artiste qui n'avait pas proposé une œuvre aussi expérimentale depuis Eraserhead, son premier long-métrage. Certes, certains passages de Twin Peaks, le film comme la série (notamment les scènes de la Red Room/Black Lodge) avaient de quoi déstabiliser plus d'un (télé)spectateur, mais l'ensemble obéissait encore à un semblant de raison, Lynch se trouvant sans doute freiné par des impératifs de production ou tempéré par ses collaborateurs. Mais avec Lost Highway, il nous plonge en plein cauchemar, dans l'esprit d'un personnage dérangé, sans aucun repère auquel se raccrocher ou personnage susceptible de servir de pont entre le monde réel et cette expérience unique (à l'image de celui incarné par Kyle MacLachlan dans Blue Velvet ou Harry Dean Stanton dans Sailor & Lula).

L'admirateur du travail de David Lynch trouvera toujours en face de lui un esprit cartésien pour le dénigrer et rejeter en bloc l'idée que le cinéma, comme d'autres arts avant lui, telles la littérature ou la peinture, peut s'affranchir de toute logique au profit d'une narration purement sensorielle, ou bien un autre pour lui affirmer que tout ceci demeure incompréhensible, sans queue ni tête et surinterprété par des critiques en manque de masturbation intellectuelle. Rien de difficile, pourtant, dans Lost Highway : s'il emprunte beaucoup, de manière parfois caricaturale ou plutôt outrée, à l'univers du film (néo-)noir, tant dans son esthétique qu'à travers les figures qu'il met en scène, ce long-métrage évoque simplement la folie d'un homme. Un être impuissant et d'une jalousie maladive qui, dans une impasse après l'assassinat de son épouse, fantasme une autre vie, à l'opposé de la sienne. Mais son rêve, peu à peu, va être malmené par des obsessions et des névroses auxquelles il ne peut échapper et qui vont le contaminer au point de transformer ce fantasme en cauchemar éveillé et le ramener à son point de départ. Bien entendu, il s'agit d'une interprétation parmi d'autres et ici résident la force et la richesse du cinéma de David Lynch : dans ses innombrables degrés de lecture et dans sa capacité à impliquer le spectateur, à lui interdire toute passivité.

Formidable directeur d'acteurs, David Lynch tire ici le meilleur de son casting, composé d'excellents interprètes qui trouvent des rôles marquants (Bill Pullman et Robert Blake) ou d'acteurs/actrices d'ordinaire plus limités qui parviennent ici à marquer le spectateur (Robert Loggia, Balthazar Getty et surtout la sublime Patricia Arquette dans un double rôle entre imagerie de desperate housewife et femme fatale/pornstar manipulatrice). Ajoutons des comédiens marquants pour le cinéphile (Jack Nance, Richard Pryor et Gary Busey) et l'on obtient un sans faute. Mais surtout, ce qui impose Lost Highway comme une renaissance artistique à mes yeux réside dans sa maîtrise formelle : si Lynch a toujours été un esthète, y compris dans un film de commande comme le larmoyant Elephant Man, il n'avait jamais livré une oeuvre aussi belle, dans la lignée de son travail de photographe, ni des effets sonores aussi maîtrisés pour imposer son ambiance, entre angoisse et oppression. Lost Highway reste assurément l'un de mes films préférés, que je ne me lasse pas de revoir... Par conséquent, la note maximale s'impose comme une évidence.

Note : 10/10

[Scalp]

Tu mets quoi comme note à No Country et Riddick ?

[Mark Chopper]

8 et 8,5

[Scalp]

Le Coen tu le trouve donc pas ultime, surpris, je suis.

[Mark Chopper]

Yep, il me manque un petit truc que j'aurais bien du mal à définir. J'ai un peu de mal en général avec les personnages dépassés par un monde qu'il trouve de plus en plus violent (une vision complètement faussée de la réalité, le monde l'étant moins). Donc du mal avec le perso de Tommy Lee. Je préfère largement tout ce qui concerne Bardem et Brolin.

[angel.heart]

Tu m'as donné envi de revoir Lost Highway.

Du coup j'vais me refaire quelques Lynch ces prochains jours je pense.

[osorojo]

Très jolie critique Mark, qui, comme le dit Jed, ravive sans problème cette flamme d'admiration présente chez tous ceux qui sont fascinés par Mr Lynch

[Waylander]

Yep, il me manque un petit truc que j'aurais bien du mal à définir. J'ai un peu de mal en général avec les personnages dépassés par un monde qu'il trouve de plus en plus violent (une vision complètement faussée de la réalité, le monde l'étant moins). Donc du mal avec le perso de Tommy Lee. Je préfère largement tout ce qui concerne Bardem et Brolin.

Je capte pas ce que tu veux dire dans ta parenthèse. Tu crois vraiment que le monde est de moins en moins violent

[Mark Chopper]

Je ne le crois pas, c'est un fait. Ce n'est pas la violence qui augmente, mais la tolérance à la violence qui diminue (d'où la focalisation médiatique sur des fais divers isolés).

Les Etats-Unis (puisque c'est le pays dont il est question) connaissent moins la violence qu'auparavant (malgré leur jeune histoire). On peut parler de hausse des incivilités, mais pas de la violence. Idem pour la France.

[Waylander]

J'aimerais bien connaitre tes sources. Je ne vois d'ailleurs pas comment on peut calculer ça. La propagation de la violence est forcément plus intense aujourd'hui puisque les moyens de communications sont plus nombreux et largement démocratisés. Youtube, dailymotion, le marché étendu des appareils photos, la sur-commercilisation des caméras, les réseaux sociaux, la violence se propage en un clic. Le nombre de psychopathes n'a jamais été plus haut qu'au 20 ème siècle, les snuff movies toutes ces conneries etc...le cinéma gore, d'horreur, le tout version pop corn , on banalise de plus en plus l'ultra violence. Et le 20 ème siècle tu répertories le nombre de conflits, de guerres (2 guerres mondiales en 30 ans), de famines etc... Le porno (qui est une forme de violence) n'a jamais été aussi diffusé que grâce au net. Aujourd'hui il n'y pas aucune barrière entre un gamin de 5 ans et une gorge profonde ou une double sodomie ou un journaliste qui se fait égorger. Certains diront " c'est aux parents de faire gaffe". Les parents ne sont pas 24h 24 chez eux. Le môme a une vie côté, indépendamment de ses parents. L'école, les amis, l'accès au net et surtout une société qui lui permet. N serait-ce pas à la société de faire attention plus qu'aux parents eux-mêmes dépassés par la technologie et les nouvelles générations aux mentalités différentes ?

Les taux de criminalité ça me parle pas. Je vois juste qu'autour de moi et dans le monde ça klaxonne de partout, ça insulte tout le monde, la violence attire l'oeil des hommes bien plus que la paix et l'amour ça c'est un fait. Le monde n'est peut-être pa plus violence mais il ne l'est pas moins. La violence n'a jamais été aussi bien distribuée, publiée, diffusée qu'aujourd'hui donc ça ne peut que l'alimenter. Avec le 20 ème siècle on a vu venir de nouvelles formes de violences justement mais on en a peu vu disparaitre. La peine de mort est toujours présent dans pleins de pays, la torture aussi, la bombe H, les armes chimiques, les ambiguïtés sur les vaccins et la création de nouvelles maladies, la psychopathie, les gangs, etc... Le passé est souvent diabolisé alors que certaines périodes historiques ont connues des paix de 2 siècles voir plus. Ici, maintenant, on est soit disant plus intelligent, évolué et cie mais c'est pas le cas du tout. Le monde n'a jamais été si près de s'écrouler que maintenant.

Pour No country for old men je pense que tu as zappé que justement les Coen montre un vieux désabusé alors qu'il est plutôt inactif, très passif et totalement dépassé par les évènements. Il n'est pas objectif et c'est clairement illustré surtout lors du dialogue avec un vieil ami à son père qui lui fait comprendre que c'était pareil avant. il ya toujours eu des fous, des hors la loi sans foi, des tocards pédophiles, des tueurs en séries etc...mais le vieux de No country est d'une autre génération , la violence était là mais n'avait pas la même gueule , n'opérait pas de la même façon. En fait le vieux croit être dépassé par la violence mais il n'est dépassé par que sa nouvelle forme (le tueur et ses manières, sa personnalité).

[Heatmann]

[Scalp]

On serait 200 ans en arrière j'aurais au moins 50 morts à mon actif, et je suis sérieux

[Mark Chopper]

Putain, c'est le lundi de Pâques et Way me lance un pavé...

Pas le courage de lire, surtout quand je vois en diagonale Seconde Guerre Mondiale et Bombe H alors que nous en 2013 et que je parle d'aujourd'hui et du temps de narration du film.

La phrase de Scalp a le mérite d'être concise et juste.

On parle d'un pays qui s'est construit sur un génocide, puis une guerre civile. Un pays où on réglait ses comptes à la sortie du saloon à coup de flingues.

Aujourd'hui, on peut se mettre un peu sur la gueule, mais à moins d'appartenir au crime organisé ou de se retrouver face un psychopathe, on ne risque pas de se retrouver avec une hache en travers de la gueule pour un mot de travers.