Gozu, de Takashi Miike (2003) L'histoire : Un yakuza, persuadé qu'un chien l'espionne, le massacre lors d'une réunion avec son chef de clan. Ce dernier décide de s'en débarrasser, en l'envoyant à la "casse des yakuzas". Mais il disparaît avant d'y parvenir et son meilleur ami part à sa recherche...Qu'est-ce qui peut bien me pousser à regarder autant de films du prolifique Takashi Miike, près d'une trentaine à ce jour ? Pourquoi, même après avoir souffert devant plusieurs abominations comme
Agitator, qui repoussent les limites de la médiocrité, je continue de voir et revoir ses longs-métrages ? Nul masochisme ici. Tout est lié au fait qu'aucun autre artiste au monde n'est capable de me surprendre à ce point. Les vieilles recettes, l'auteur d'
Ichi the Killer s'en fout. Et dans nul autre film que
Gozu celui-ci ne donne autant l'impression de laisser libre cours à son imaginaire. C'est bien simple : dès la première scène, qui voit un pauvre chien se faire massacrer car il est suspecté d'en vouloir aux yakuzas, il est clair qu'il sera impossible de savoir où Takashi Miike nous emmènera. Esprits rationnels, vous pouvez fuir... Car ce
yakuza eiga convoque allègrement l'esprit de David Lynch, avec ce gangster puceau, perdu dans une petite ville qui a tout d'une Twin Peaks nippone. De rencontre improbable en épisode délirant, très librement inspirés de la mythologie grecque, notre héros va, tour à tour, croiser une voiture anti-yakuza, une aubergiste qui nourrit ses clients avec son propre lait maternel, un vieux gangster qui ne peut jouir qu'avec une louche dans le cul, un minotaure vêtu d'un slip kangourou et un accouchement inoubliable... Ce film est fou, délirant, parfois chiant mais, surtout, il surprend et ne ressemble à aucun autre. Et lorsque, comme moi, on devient de plus en plus allergique au formatage, ce genre de bizarrerie fait un bien fou. Moi qui pensais avoir fait une overdose de Takashi Miike, me revoici parti pour trente autres films.
Note : 8/10