Lettre à Momo, de Hiroyuki Okiura (2012) L'histoire : Momo, une jeune adolescente, quitte Tokyo avec sa mère pour s'installer dans un petit village. Elle conserve précieusement une lettre inachevée de son père, écrite peu de temps avant sa mort...Treize ans se sont écoulés entre la sortie de
Lettre à Momo et
Jin-Roh, précédent long-métrage de Hiroyuki Okiura. L'homme, pour autant, n'est pas resté inactif au cours de cette période, travaillant pour la télévision et en tant qu'animateur au service d'autres cinéastes, comme Mamoru Oshii et Satoshi Kon. Son nouveau film, on le devine plus personnel, puisqu'il l'a écrit, contrairement au précédent. Mais aussi parce qu'il est le fruit d'un travail long de sept années : adoptant pour l'occasion une approche plus traditionnelle, Okiura a réalisé chaque dessin à la main. Du boulot à l'ancienne donc pour un résultat payant à l'écran. Les décors se révèlent magnifiques, l'animation fluide et les personnages on ne peut plus expressifs.
L'histoire, simple sur le papier, est magnifiée par le traitement opéré : sur le thème du deuil d'un père par une jeune adolescente qui regrette les derniers mots, très durs, qu'elle lui a adressés avant sa disparition, Hiroyuki Okiura livre une histoire tout d'abord légère et drôle, grâce aux interactions de son héroïne avec des créatures mythologiques, issues du folklore nippon, puis grave et triste. Une rupture de ton réussie, qui intervient assez tardivement et qui évite tout excès de pathos. L'écriture se montre subtile, même si certaines scènes appuient parfois trop le côté symbolique (le passage du pont, la réussite du plongeon) pour montrer comment cette jeune fille va réussir à aller de l'avant et développer son empathie, malgré l'absence d'un être aimé.
On pense à Hayao Miyazaki, forcément, et notamment au cultissime
Mon voisin Totoro (le combo douce campagne + créatures du folkore), mais
Lettre à Momo parvient à s'affranchir de son modèle, à développer sa propre identité et s'impose comme une envoûtante réussite.
Note : 8/10