Tetsuo, de Shinya Tsukamoto (1989) L'histoire : Un homme s'entaille profondément la cuisse et y insère une barre de métal. Trouvant ensuite des vers dans la blessure, il s'enfuit et est heurté par une voiture. Le conducteur se débarrasse du corps et découvre, le lendemain, qu'un morceau de métal sort de sa joue...Réalisé sur une période de deux ans avec un budget dérisoire, le premier film de Shinya Tsukamoto a rappelé au monde, à sa sortie, que le cinéma japonais n'était pas encore mort. Avec cet objet filmique non identifié, le jeune cinéaste a accompli un miracle : proposer une œuvre qui ne ressemble à aucune autre alors qu'elle se nourrit d'influences diverses et variées, toutes digérées. On pense au David Lynch de
Eraserhead, à David Cronenberg pour
Vidéodrome et
La Mouche, au cinéma muet, à Ray Harryhausen, au
kaiju eiga, à la littérature cyberpunk, mais aussi au théâtre nô... Dépourvu de dialogues et dégraissé d'une structure narrative classique,
Tetsuo ne prend jamais le spectateur par la main et le malmène pendant près de soixante-dix minutes. Il s'agit d'un trip, d'une expérience sensorielle qui en laissera plus d'un exténué sur le bord de la route... Avec son montage épileptique et la musique industrielle de Chû Ishikawa comme vecteurs rythmiques,
Tetsuo conte une histoire invraisemblable de fétichiste qui souhaite contrôler le métal et détruire le monde, quand il ne nous inflige pas des scènes de sexe malade, notamment celle où une femme se laisse pénétrer par un pénis devenu foreuse électrique. Difficile de comprendre où Tsukamoto a voulu aller, mais ceux qui prendront leur ticket pour ce voyage qui va à cent à l'heure ne l'oublieront jamais. Pour le meilleur ou pour le pire. Quoi qu'il en soit,
Tetsuo reste une œuvre à la postérité immense qui, malgré son faible budget (ou grâce à ?), paraît intemporelle.
Note : 10/10