Pacific Rim - Guillermo del Toro - 2013
Fallait-il attendre autre chose de Pacifim Rim qu'un film avec des robots géants qui se mettent sur la tronche avec des gros monstres? Rien de plus que ce que les images laissaient transparaître depuis des mois. Le prototype complet du blockbuster estival devant lequel il est essentiel de débrancher son cerveau. De la part d'un mec comme Guillermo del Toro capable de se sublimer en terme de narration (Le Labyrinthe de Pan), c'est forcément décevant. La faute à une implication émotionnelle proche du néant et à des acteurs desservis par des rôles vraiment peu inspirés. Charlie Hunmann est terriblement fade en lead, il déambule dans les couloirs de la base des Jaegers avec la même démarche chaloupée de wesh ridicule que dans Sons of Anarchy. Totalement inapproprié. C'est con, parce qu'on n'en demande pas forcément des tonnes dans ce type de production. Il aurait suffi de travailler le background des persos et le tour était joué. Il y avait par exemple mieux à faire avec celui incarné par Idris Elba. Quand tu disposes d'un acteur dont la seule présence physique en impose déjà, c'est dommage de l'enfermer dans des diatribes sentencieuses servant uniquement à exhorter les troupes. Puisqu'on parle du cast, autant en faire le tour. La petite japonaise est pas trop mal et le pauvre Ron Perlman fait illusion le temps d'une apparition décalée avant d'être sacrifié sur l'autel de l'humour de bas étage. Reste les deux scientifiques... Eux, ils sont bien gratinés et la VF n'arrange sûrement pas les choses. A peine débarqués, on a déjà envie de leur foutre des claques, et pourtant avec un peu de recul, ce sont peut être les meilleurs personnages du film. Leur traitement comique à la con, je le trouve nase mais au moins, ils ont des convictions. Tout ça pour dire que l'implication émotionnelle nécessaire dans un mastodonte pété de tunes, vous pouvez l'oublier.
A côté de ça, Pacific Rim invite les spectateurs (plutôt de sexe masculin) à retourner en enfance. A l'époque où vous pataugiez dans votre baignoire avec vos jouets qui s'affrontaient dans des combats épiques. Sur ce plan, Del Toro n'a pas son pareil pour séduire son audience. Il y a trois grosses scènes dans le film. Une intro qui pose les bases de l'univers et envoie un bon crochet à l'estomac. Un climax à mi parcours où les forces restantes côté Jaegers s'unissent pour défendre Hong-Kong face à l'invasion des Kaijus. Cette séquence est clairement la meilleure et envoie vraiment, mais alors vraiment, du lourd. Un uppercut visuel dans lequel le réalisateur mexicain étale toute sa maîtrise technique. Il a beau faire s'affronter des colosses aux dimensions hors-normes, c'est toujours ultra lisible, nerveux, rentre-dedans sans jamais virer à l'overdose. Tous les tâcherons d'Hollywood se seraient sûrement vautrer dans un montage clipesque pour masquer leur incompétence. Lui, rien ne l'effraie. Du très grand spectacle qui met à genoux pour peu qu'on ait l'intention de s'amuser comme un gosse. La scène finale peinera d'ailleurs à réitérer l'exploit, plus consensuelle et brouillonne après ce morceau de bravoure sans précédent. L'issue du récit étant courue d'avance, ça parasite forcément cette bataille finale en forme de mission suicide.
Les 190 millions de dollars de budget, pas de soucis, on les voit à l'écran. L'univers créé par Del Toro fait penser à une version gargantuesque de ses créations plus modestes. Ça fourmille de détails, les robots et les monstres en jettent et Hong Kong et ses néons sont à un ring idéal pour ce choc des titans. Il ne cède jamais à la facilité des lens flares ou autre effet de style moisi à la mode. Il est sûr de sa force, la marque des grands tout simplement. On pourra juste regretter les conditions nocturnes et souvent pluviales lors des bastons et une BO ratée qui peine à soutenir le caractère épique des images. Au grand jour, ça aurait pu le faire aussi. Pacific Rim est donc un concentré d'énergie brute qui livre indéniablement la came en matière d'action, mais qui se contente malheureusement du minimum syndical en terme de narration. Tout ce qui fait le sel d'un film d'été en somme. On en prend plein les mirettes mais on peste devant le caractère anodin de l'entreprise. Pour les grands enfants, ça reste tout de même une expérience à vivre en salle mais c'est vraiment léger et stéréotypé dans l'ensemble.
"Viens, on va se faire un p'tit Touché Coulé"
5.5/10