La Femme Scorpion - Shunya Ito - 1972
Premier volet de la saga, La Femme Scorpion est vraiment une belle réussite pour les amateurs de cinéma un tant soi peu déviant. Porté par une héroïne au charisme indéniable (la sublime Meiko Kaji), le film de Shunya Ito est une référence du film carcéral avec des femmes. Dupée par un agent des stups dont elle était tombée éperdument amoureuse, Nami se retrouve dans un cachot peu reluisant, peuplé de détenues toutes plus cintrées les unes que les autres, et dirigé par un contingent de gardiens pervers. Froide et déterminée à se venger de l'homme responsable de son emprisonnement, elle devra auparavant se sortir de cet enfer où tout le monde veut sa peau.
Beau scope, cadrages atypiques, idées de mise en scène surprenantes, BO entêtante et une actrice qui bouffe l'écran, la Femme scorpion regorge de qualités. Parmi les scènes marquantes, un magnifique flashback évoque les circonstances qui ont mené Nami à être emprisonnée. Le coup du décor pivotant pour faire évoluer le récit plutôt qu'un basique fondu au noir entre deux scènes, c'est le genre de truc tout con sur le papier mais qui fait la différence à l'écran. La narration gagne ainsi en fluidité et se démarque positivement. Le film se permet même une excursion aux confins du fantastique au détour d'une scène dans les douches. Le sentiment de changer d'univers en l'espace de quelques secondes est troublant et ingénieux, à condition d'être réceptif au genre en version nippone. La violence, très graphique, porte un peu la marque du temps, mais réserve quelques séquences croustillantes.
Il en revanche dommage de constater que le film s'égare un peu dans son récit, la partie revenge arrive bien trop tardivement et il faut se taper quelques longueurs en prison. La scène de punition collective au cours de laquelle les détenues creusent inlassablement est un peu longue et ça fait chier de se taper des moments de flottements dans un film pourtant très court (1h25). Au tableau des doléances, on regrettera aussi l'amateurisme dont souffre les scènes dites d'action avec des coups qui ne portent jamais et qui ressemblent plus à des concours de chatouilles qu'à du crêpage de chignon entre femmes enragées. Les seconds rôles souffrent également de la comparaison avec l'aura qui se dégage de la prestation de l'actrice principale, que ce soient les flics caricaturaux et un peu cons ou les prisonnières au surjeu parfois horripilant. Le traitement tout en retenue au diapason de la beauté vénale de la Femme Scorpion dissipe toutefois ces quelques griefs et donne très envie de voir la suite.
7/10