Alien : Resurrection (Alien, la résurrection) de Jean-Pierre Jeunet
(1997)
Pas revu depuis très longtemps, et je revois quelque peu le film à la hausse. Alors oui, ce quatrième opus de la saga Alien reste une abomination, mais ça passe beaucoup mieux lorsqu'on se limite à la version cinéma, qui reste la version voulue par Jeunet à la base (parce que bon, la version longue qui rajoute le plan séquence hideux d'introduction ou le plan final sur un Paris ravagé, dans le genre ajouts qui servent à rien c'est du haut niveau). Comme il est souvent dit à juste titre, Alien : Resurrection est plus à voir comme un épisode à part d'une saga qui aurait du rester une trilogie, car devant les problèmes de production entre Fincher et la Fox durant Alien 3, l'idée était de repartir sur des bases totalement différentes pour relancer la saga dans de nouvelles directions (rien que le générique de début est là pour annoncer la couleur). Le script, écrit par Joss Whedon, est à ce niveau là une abomination sans nom, où l'on ressuscite Ripley pour la transformer en humaine aux cellules aliens qui font d'elle une super-héroïne, où on rajoute une bande de pirates pour plus d'humour et où le design de certaines créatures sont d'un ridicule affolant (on voit nettement la différence de direction artistique lorsque l'on passe de Marc Caro à Pitof). Jeunet fait de son mieux pour torcher quelques bonnes séquences (on retiendra notamment l'attaque aquatique et la découverte des tentatives de clonage) mais ça ne sauve clairement pas le film qui peine vraiment à marquer via son mélange des genres, entre action horrifique molle et humour qui s'intègre très mal à l'univers (rien que le plan sur les deux soldats qui mâchent du chewing-gum on a l'impression d'être devant une comédie basée sur des stéréotypes). On rajoute à ça des effets spéciaux pas géniaux, un récit ultra banal qui ne sait même pas comment se finir, et un casting qui a du mal à y croire, et on obtient de très très loin le pire film de la saga qui aura eu au moins le mérite de laisser à Jeunet une certaine liberté financière par la suite.
Revision 2022 : Revision à la hausse, possiblement en partie avec l'effet salle (super copie 35mm de la collection personnelle de Jeunet), mais aussi et surtout parce que je pense enfin avoir compris où se trouve l'intérêt de cet épisode. Auparavant, je le prenais vraiment comme une suite de la saga, alors qu'au final c'est bien plus un épisode à part et qui en profite pour faire son délire.
De l'aveu même de Jeunet, le script est très con et il n'y a rien qui changera ça, mais le fait est qu'à la revoyure j'apprécie beaucoup plus le côté film de sale gosse hystérique, avec ses effets bien gores (c'est clairement le plus généreux de la saga sur ce point), ses ruptures de ton et son humour. Même la DA passe beaucoup mieux désormais, comme quoi j'ai bien fait de lui redonner une chance.
Ça reste toujours à mes yeux l'épisode le plus faible de la saga, même en comprenant le derniers films de Scott, mais c'est loin d'être la purge que je décrivais il y a encore quelques années.
NOTE : 6/10