Tiens d'ailleurs Logan, si tu ne là pas lu, je te conseille Le Démon d'Hubert Selby Jr. Ca raconte une histoire assez proche finalement mais en allant beaucoup plus loin notamment car si McQueen traite ce sujet comme une addiction et une souffrance, Selby le traite comme un passe temps pour tromper l'ennui au départ, ce qui lui permet d'aller beaucoup plus loin. Le deux oeuvres forment un assez bon diptyque en quelque sorte.
Logan a écrit:Ca le ferais pas rentrer dans le top de toute facon, aucun rapport.
Il est où l'intérêt alors ? Et maintenant on peux jarter les films qu'on veut ? J'ai une critique (objective évidemment) de Casino prête depuis un bail mais j'ai pas envie que mon topic redevienne encore un lieu d'insultes.
When a noise bothers you, listen to it John Cage.
scalp a écrit:Southland Tales d'un drogué On dirait une version scary movie de Strange Days. 10/10
J'me sens pas encore de faire une critique de Shame, et à cause d'Escott, il n'atteindra pas les 10. Pourtant j'avais pas été marqué par un tel film depuis la sortie de There Will Be Blood.
When a noise bothers you, listen to it John Cage.
scalp a écrit:Southland Tales d'un drogué On dirait une version scary movie de Strange Days. 10/10
Si je fais partie de ceux qui ont clairement détesté Drive, le précèdent opus du cinéaste, force est de constater qu’il livre ici un film de bien meilleur facture et qui confirme le fait qu’il ne faudrait pas se laisser à renoncer trop vite à pénétrer l’univers d’un cinéaste. Only God Forgives rappel un certain cinéma de genre qui se fait hélas plus rare ces temps-ci : histoire minimale, film très court et ne perdant pas de temps dans les explications ou approfondissement inutile. Une histoire courte, tel un conte moderne.
Only God Forgives est le récit de la rencontre malheureuse entre un policier de Bangkok, ange exterminateur et rendant la justice comme bon lui semble (on ne sait d’ailleurs jamais si on peut le qualifier de bons ou mauvais, car après tout, toutes ses victimes n’étaient pas « innocentes », ce qui rend le personnage extrêmement dérangeant) et une famille de dealers de drogues, dont le fils ainé est mort après que le policier, Chang, ait décidé implicitement de son exécution. Cherchant à le faire tuer, le frêre de la victime et sa mère s’apercevront qu’il est bien plus coriace que ce à quoi ils s’attendaient. Le personnage de Chang est clairement le personnage principal du film, à la grande surprise du public, Gosling n’ayant en réalité qu’un rôle secondaire. Stoïque, tout de noir vêtu, sa présence hante littéralement le film. Insaisissable et imprévisible, il est l’image de la vengeance venue remettre de l’ordre dans un Etat corrompu. Son interprète, Vithaya Pansringarm, est la révélation du film, apportant au personnage son physique commun mais magnétique. Il bouffe littéralement le film : la caméra ne voit plus que lui dès qu’il est dans le champ. Sa démarche lente et son pas assuré, son sabre en guise de bras de la justice, et le thème de Cliff Martinez accompagnant chacune de ses apparitions, finissent de caractériser ce personnage déjà marquant dans l’histoire du Cinéma de ces dernières années. Gosling, quant à lui, met le spectateur dans l’embarras : est-il génial ou tel Jean Reno dans Léon, est-il au naturel ? En lui faisant jouer un abruti de première, puceau frustré et castré, Refn prend le pari de mettre à mal sa star. Le plan où, sourire benêt mêlé à un aplomb inébranlable, il montre les poings à Chang, avant de se faire démonter la tronche, est à mourir de rire. Kristin Scott Thomas s’en sort très bien malgré le fait que l’on pouvait avoir un mauvais a priori, à la vue de son maquillage.
La mise en scène est évidemment le point fort du film. S’adjoignant les services du chef opérateur d’Eyes Wide Shut, Refn nous plonge dans un véritable enfer sur terre, à la dominante rouge évidemment, où la puanteur, la sueur, la fumée, suinte à tous les coins de rue. Pour la description du club de Gosling, on pense au Suspiria de Dario Argento où on retrouve les couloirs labyrinthiques à dominantes rouges. On pense aussi à Argento lors de la scène de torture/interrogatoire, menée par Chang. Le cinéaste réussit toujours à livrer des cadres très réussis et le film est presque « beau » à regarder. On pourra reprocher un style tape à l’œil. Certes, le film en fait des caisses, la subtilité n’est manifestement pas dans le style de Refn, mais, cela s’accorde assez à ce qui est raconté. En ce sens, le film m’a plus.
Toutefois, il faut admettre que le scénario en fait peut-être un peu trop par rapport au sujet traité. Par exemple, je ne suis pas vraiment convaincu par les scènes d’humour disséminées ici et là, à l’image de la scène dite de karaoké, bien qu’on puisse la trouver utile pour la fin du film. Aussi, peut-être Refn est-il trop scolaire sur l’utilisation de certains thèmes, en particulier ceux tournant autour de la mère.
SPOILER : En ce qui concerne la fin du film, je pense que le personnage de Gosling meurt dans son club, tué par Chang. En effet, Refn nous montre le personnage de Gosling comme un garçon castré par sa mère, incapable de ce fait d’avoir une relation avec une femme, c’est-à-dire impuissant. A la place, il transforme son énergie sexuelle en énergie violente, ce qui lui permet de démontrer une force physique imposante auprès d’un malheureux client. Après la mort de sa mère, il lui ouvre le ventre et dans un moment d’instinct de mort, si cher à Freud (c’est en ce sens que l’utilisation de certains thèmes m’ont paru lourd), il insère sa main dans son ventre, comme pour revenir à l’état fœtal. Se retirant d’elle, c’est comme une renaissance. Il retrouve sa virilité, il bande à nouveau. Mais il a de fait perdu son énergie et, seul avec sa bêtise, il ne fait pas le poids face à l’ange exterminateur. Le film se finit donc avec Chang chantant devant ses collègues, comme plus tôt dans le film, reprenant sa routine et prêt à continuer son œuvre repentrice.