Les Félins René Clément - 1964
Film de gangster tendu pendant près de 30 minutes avec Delon en gigolo pourchassé par des tueurs parce qu'il a couché avec la femme d'un mafieux, c'est haletant dès le début ( même si l'évasion de Delon est un peu abusée ). Et puis le film prend un virage où la menace va peu à peu disparaitre ( sans que ça pénalise le film ) pour livrer un huis clos psychologique avec Delon se retrouvant employé pour une riche américaine et sa nièce et ce triangle amoureux va donner un jeu de manipulation où chacun essayera de mener à bien son but, j'en dit pas plus sur la seconde partie du film car elle réserve quand même quelques petites surprises réellement sympathique et pendant presque une heure on ne sait pas trop où le film va nous emmener ( et il peut vraiment tout arriver ) et ça c'est toujours plaisant quand c'est bien écrit. Et ici on se retrouve devant un récit complétement cynique où les sentiments n'existent pas, dans le film y a pas un seul personnage qui soit à sauver, tous agissent que pour leur propre intérêt au détriment des autres. Et Clément s'amuse avec le titre du film ici on assiste donc aux combats de 2 félins et d'un dont les griffes sont entrain de pousser ( c'est dit explicitement dans le film ).
Je sais plus où j'ai lu ça mais Clément était un cinéaste conspué par la nouvelle vague qui trouvait qu'il faisait des films à papa ( bein oui monsieur ne tournait pas à l'arrache dans la rue, monsieur avait des beaux décors soignés pour avoir des jolies choses dans son cadre ), bein putain ce qu'il faut pas lire car techniquement Clément il encule bien profond Godard et ses copains, Les Maudits posait déjà les jalons d'un style avec une caméra prima donna et ici on voit encore un Clément qui aime les beaux mouvements d'appareil ( super plan en vue subjectif de Delon jeté au sol par les malfrats ) et il instaure un climat presque fantastique pendant toute la première partie du huis clos dans sa grande résidence labyrinthique recelant des pièces secrètes ( y a d'ailleurs une séquence de 5 minutes en terme d'ambiance et de choix des cadres c'est complétement fantastique avec des personnages apparaissant dans le cadre au dernier moment ). C'est d'ailleurs dommage que Clément livre si vite le secret de la maison, y avait moyen d'aller un peu plus loin dans le délire fantastique, surtout qu'il était vraiment à l'aise donnant même par moment un coté gothique très réussit, le tout renforcé par la très belle photo N/B de Henri Decae. Et Clément se montre aussi à l'aise sur le coté érotique du film, tout le passage avec Jane Fonda devant un miroir c'est vraiment réussit ( beau cadrage avec jeu sur les différents miroirs ).
Delon en séducteur manipulateur c'est une force sûr, il a pas besoin de forcer son jeu pour être crédible et le petit jeu qu'il va jouer avec les 2 femmes est très bien amené, car ici il n'y a jamais de sentiment juste un mec qui sait que pour s'en sortir il ne peut jouer que sur son charme, ici le choix de Delon c'est une évidence,il est le séducteur arrogant par excellence il maitrise, d'ailleurs dans ses premiers films il jouait vraiment, il était pas juste Delon l'icône, pour les 2 personnages on a la jeune Jane Fonda alors sacrément gauler mais qui ne fait aucun effet sur Delon et la quarantenaire Lola Albright, la blonde fatale manipulatrice à la Hitchcok, ce trio est parfait.
Le tout est emmené par la super BO de Lalo Schifrin très présente.
Alors si ça n'égale pas les meilleurs Clouzot on est quand même dans ce qui se fait de mieux dans le thriller psychologique frenchy, bon me reste à voir Plein Soleil que j'ai toujours pas vu mais Clément c'est vraiment un bon petit gars un peu tombé dans l'oubli amha. Un film noir vénéneux à voir.
8/10