El Dorado Howard Hawks - 1966
There's only three men I know of with his kind of speed. One of 'em's dead; one of em's me; and the other is Cole Thornton. Avant dernier de film de Hawks et second film de sa trilogie du siège, si Rio Bravo reste le film le plus apprécié de la série, El Dorado n'a pas grand chose à lui envier, seul Rio Lobo se révèle décevant au final. Si El Dorado arrive à la cheville de Rio Bravo c'est pour 3 raisons évidente : James Caan à la place de Ricky Nelson on gagne en charisme ( c'est comme passer de Paul Dano à Ben Foster aujourd'hui ) et puis le perso de Nelson était bien pourri aussi, Mitchum à la place de Martin (même si j'aime bien Martin) et surtout pas de chanson à la con !!! bon après on perd Angie Dickinson et Walter Brennan mais c'est pas grave.
Hawks est alors en fin de carrière, Hollywood subit un bouleversement avec une nouvelle génération qui arrive et tout les grands réal sont en fin de carrière ( Ford, Walsh, Mann, Hitchcock ... ), le western quand à lui est en pleine mutation, Leone est arrivé et plus rien ne sera comme avant. Mais ceci n'empêche pas Hawks de faire un western à l'ancienne comme il l'a toujours fait sans succomber à plagier les trucs à la mode ( même si on trouve pas mal de zoom surprenant ici ). Et histoire d'encore moins se prendre la tête il "remake" son Rio Bravo, alors que Ford et Walsh avait tenté de s'adapter à leur époque en faisant des films plus "grave", Hawks fait du Hawks. On y retrouve donc les 2 persos pote ( thème favori du réal ), le jeune chien fou, les longs passages d'unité de lieu avec un coté siège très présent.
Le siège met quand même un moment avant d'arriver, la première heure est donc plutôt riche en rebondissement s( avec Wayne tuant un innocent notamment et une sympathique rencontre avec Caan qu'il prendra sous son aile ) et on est dans les grands espaces.
Les légendes de l'ouest sont fatiguées, même si les réflexes demeurent ici on a un bon duo d'éclopés entre Mitchum en épave alcoolique qui boite et Wayne qui devra faire face à des crises de paralysie, on est loin d'être devant un duo fringuant et ça apporte souvent de l'humour réussie et des séquences plaisantes ( le climax final où Wayne malgré son handicap affronte son rival dans un duel qui ne sera pas si d'égal à égal d'ailleurs ).
L'humour dans un western j'ai souvent du mal, voir toujours, et ici curieusement ça passe très bien ( seul le passage où Caan fait le chinois est raté et "autre"), le running gag avec Mitchum demandant toujours qui est Caan, celui avec les qualités de tireur de Caan ( super idée d'ailleurs ), ou bien encore les dialogues entre Wayne et Mitchum, l'humour fait ici que certains trucs passent tout seul, ainsi la façon dont Mitchum arrête de boire est tellement grotesque que c'est une idée de génie. Et tout cette humour fait que bien que le film soit prévisible de bout en bout (on sait très bien qu'aucun héros ne mourra) on regarde ça avec attention grâce au sens du timing de Hawks qui alterne humour et action avec son talent de conteur.
Sur la réal c'est carré, toujours bien cadré et Hawks innove donc avec plusieurs zooms, les séquences d'actions vieillissent à merveille ( la scène de l'église fait encore office de modèle en terme de découpage et le suspens fonctionne à merveille, pourquoi se faire chier à faire 5 plans quand 2 sont suffisants, le genre de truc qui a été oublié depuis un moment ), le seul regret c'est l'absence de scope assez incompréhensible, ça c'est vraiment pas à mettre au crédit du film, ça lui donne un cachet visuel assez pauvre, enfin sans faire injure à Hawks il n'a jamais été formellement un génie ( Ford ou Mann sont bien plus esthète que lui ) ce qui ne l'empêche pas de faire des séquences très réussit et notamment celle où Mitchum se fait humilier ( c'est dut aussi au talent de Mitchum ).
John Wayne ici campe un gunfighter qui se trouve de l'autre coté de la loi, à savoir qu'il offre ses services aux plus offrant mais ça reste Wayne donc il a un code l'honneur et toussa et donc il se mettra du coté de la loi, par contre c'est loin d'être un héros sans reproche, il a un coté sadique ( il envoie un gars à une mort certaine ) et il use de supercherie pour gagner lors de son duel final, c'est du personnage qu'il maitrise à la perfection, il a même pas besoin de jouer, il est juste Wayne la légende et ça suffit pour le rôle et du haut de ses 60 ans il avait encore la forme même si la démarche était lourde, Wayne quand on regarde bien sa filmo en fait il aura été réellement bon avec 2 réal et c'est tout : Ford et Hawks, le reste du temps il était en mode auto.
Mitchum en shérif un brin cynique mais toujours cool mais complétement bourré est très bien et pour une fois son physique de gros lourdaud va très bien pour le rôle et le coté humoristique de son personnage est très réussi et on sent vraiment l'alchimie naturel entre lui et Wayne. James Caan campe ici Mississippi ( en écho au Colorado de Rio Bravo ), un jeune gunfighter qui ne sait pas viser et qui du coup aura un canon scié et au vu de sa dégaine et de l'amour de Carpenter pour Hawks on y trouve ici une des inspirations de Carpenter pour Snake Plisken. Caan dès son plus jeune âge c'était une valeur sûre. Arthur Hunnicutt en vieil adjoint c'est pas Brennan mais il s'en sort très bien. Christopher George que j'ai jamais vu ailleurs je crois, campe ici un super tueur balafré, un personnage loin d'être traité à la légère, c'est un tueur éduqué qui admire Wayne et il en impose en très peu de scène, il est bien plus intéressant que tout les méchants de Rio Bravo et ne tombe jamais dans la caricature de son physique ( la grosse balafre quoi ), dès la première scène il nous captive et sa rencontre avec Wayne est une belle réussite et on sait très bien comment ça se terminera entre les 2. On ajoute cette vieille trogne de R.G Armstrong et on a un chouette casting. Le casting féminin est par contre assez anecdotique.
Un bon petit western qui vieillit bien, et au final enfin dans l'ensemble je trouve que même si Hawks a fait des films sympas aucun de ses westerns n'atteint le niveau des meilleurs Ford, Walsh, Mann, Daves ou encore Aldrich.
"You left a boy out there to do a man's job!"
7,25/10