Showgirls - Paulo ( 1995 )
Brûlot d'une rare radicalité nous montrant sans compromis l'envers du décors du rêve américain, craché à la gueule d'une Amérique aux paillettes tâchées de sang et de sperme, par un Verhoven jamais bridé lorsqu'il s'agit de mettre le nez dans sa propre merde à son pays adoptif, et véritable mine d'or pour les ados des années 90 en mal de branlette. On le sais tous,
Showgirls c'est en parti cela.
Par-contre, une chose qu'on a un peu tendance à trop vite oublier quand on parle du film et donc sur laquelle il me parait intéressant de m'attarder ( indispensable, même... ), ce sont toutes les zones d'amour et de lumière que l'on peut aussi trouver ici et là si l'on gratte bien le verni et qui, à mon sens, font que
Showgirls et malgré tout un film qui a un coeur gros comme ça.
Car le perso de Nomi, aussi pourri que puisse-t-être le milieu dans lequel elle évolue, rencontre malgré tout des êtres humains, quelques-fois près à faire les pires crasses pour s'adapter et survivre dans ce beau milieu mais pour certains, également capables de faire preuve de générosité, d'amour et de solidarité.
Que ce soit la femme qu'elle rencontre dès son arrivé, avec laquelle elle se lie rapidement d'amitié et entretiendra une relation de soeur à soeur, le danseur black qui, si celui-ci reste un homme aux actes et motivations dictés par sa bite n'en est pas moins un être humain au fond pas mauvais, pas toujours fier de ses choix et parfois enclin au remord, et même les "petites gens" de la boite de strip, dont la grosse, pas très sexy et à la limite du pathétique mais également pleine de tendresse envers les stripteaseuses pour lesquelles elle se place un peu comme un perso de grande soeur au soutien morale et affectif précieux, ou le patron, de prime abord dégueulasse et totalement rustre, mais pourtant également plein d'amour envers "ses femmes" avec lesquelles il a un peu le sentiment de former une grande famille. Celui-ci à beau avoir un mode de vie et des principes bien à lui et au demeurant discutables, il n'en reste pas moins "réglo" vis à vis de sa ligne de conduite. D'ailleurs la scène où ces derniers viennent rendre visite à une Nomi en pleine ascension est assez forte, ceux-ci étant à la fois triste à l'idée qu'un membre ait quitté la famille mais également fier et heureux de sa réussite, comme des parents peuvent l'être pour leur enfant.
Donc voilà, comme à son habitude lorsqu'il s'attarde à d'écrire le relationnel entre être humain, le portrait que Paulo dresse ici n'est ni tout noir, ni tout blanc, on y croise des personnages qui apprennent de leurs erreurs et sont capable de faire marche arrière et d'essayer de réparer les torts causés, et d'autres, bien moins scrupuleux et peu soucieux d'avancer sans faire tomber les autres. C'est en fait ce que l'on peut trouver dans la vie de tous les jours, en ce sens, la vision de Verhoeven me parait très juste bien qu'elle puisse sembler par instant un peu caricaturé. Mais là encore, je penses que c'est le milieu qui veut ça...
Le réal hollandais livre ici son film le plus touchant et personnel de sa période américaine, le beau portrait d'une femme qui, partie de rien passera par l'ascension, la consécration puis tout naturellement la désillusion pour finalement retomber non loin de sa case départ, mais pas tolalement... Son parcours lui ayant apporté une leçon de vie bénéfique tout en lui forgeant un solide caractère, lui permettra peut-être par l'avenir de plus facilement trouver sa voie et, tout simplement, le bonheur...
9/10