Evil Dead 2 - Sam Raimi ( 1987 )
Arrivé au début des années 60 sur les écrans avec le cinéma d'un certain Herschell Gordon Lewis (
Blood Feast,
2000 maniacs ), le gore était à ses origines cinématographiques quelque chose de festif, héritier du grand-guignolesque, se déroulant dans la joie et la bonne humeur, avec une bonne dose de second degré et beaucoup d'humour, et où chaque membre tranché à l'écran prenait des allures de célébration. Ça c'était avant que les 70's ne donne au genre un cachet beaucoup plus terre à terre avec comme toile de fond des thèmes beaucoup plus lourds.
Dans les 80's une partie du cinoche horrifique retrouve donc le gore tel que celui-ci l'avait connu à ses origines, avec l'arrivée de réals comme Stuart Gordon, Peter Jackson, Jim Muro et donc Sam Raimi, dont le premier film,
Evil Dead, tourné en 1981 avec un budget modeste ( il me semble que ça tourne aux alentours de 350000 dollars, ce qui doit être le budget café pour la trilogie
Spider-Man ) mais une réelle envie et un sens de la démerde qui force le respect, sera en quelque sorte le fer de lance du renouveau du genre ( même si pour le coup, l'humour était plutôt en retrait ).
6 ans et 3 millions plus tard , le réal donne une suite à son film et si suite a souvent la fâcheuse tendance de rimer avec redite au rabais ce
Evil Dead 2 fait partie des rares cas à transcender leurs modèles. Car si Evil Dead, premier du nom était déjà une bien belle réussite au rapport qualité/prix défiant toute concurrence, ce second volet en mode faster, bigger & lourder est une putain de bombe. Du cartoon live survitaminé, qui va à 100 à l'heure, shooté par une caméra qu'on croirait sous cocaine, celle-ci va partout, brise les vitre des voitures et traque les personnages tel un fauve affamé. Dans le genre horrifique, comme ailleurs, rarement une telle fureur de mise en scène aura été égalée.
Et si le premier volet avait pour défaut de proposer des personnages sans grandes saveurs interprétés par des acteurs à l'amateurisme évident, ici, en tant qu'unique survivant du premier carnage, le perso de Ash, interprété par un Bruce Campbell survolté, se voit offrir une putain d'iconisation, le faisant passer du statut de loser à celui de héros exterminateur de démons ( Putain, la scène ou il se greffe la tronçonneuse à la place de sa main et qu'il dresse un shotgun dans l'autre, c'est d'une classe ultime! ). Maltraité par un Sam Raimi qu'on devine un brin sadique avec ses acteurs ( ce qui se confirmera avec les
Spider-Man ), Bruce Campbell livre ici l'interprétation de sa vie ( avec celle du sublime
Bubba Ho-Tep ), faisant échapper un talent pour le burlesque tout simplement bluffant, à tel point que les presque 1h30 du métrage prennent rapidement des allures de show à l'image de son acteur principal. Il faut le voir le battre contre sa main possédée ou céder à une folie passagère et accompagner les objets de la cabane dans leur fou-rire, après que notre héros se soit casser la gueule de sa chaise. Sérieux, cette scène me fera toujours autant délirer...
Enfin voilà, Evil Dead 2 c'est du très très lourd qui, presque 30 ans après sa sortie, reste encore une putain de référence du genre. Personnellement c'est, et je pense que ça restera, mon numéro 1. J'ai beau kiffer des délires comme
Braindead ou
Poultrygeist, à savoir des films qui ont depuis poussé le vice un peu plus loin dans les débordements gore ou les gags de "mauvais goût", pour l'audace, la fureur et l'inventivité constante de sa mise en scène, ses délires, son rythme infernal, et son héros, ce
Evil Dead 2 est pour moi l'ultime chef-d'oeuvre du genre.
10/10