Je suis un peu embêté. Pour être franc, ce qui m'a gêné, c'est l'ambiance et l'esthétique du film ressemblant sérieusement par endroits à un porno chic de luxe. Un vrai petit voyeur le B. De Palma. Je le savais d'après sa réputation et ma foi c'est l'un de ses thèmes favoris, par contre je trouve abusé de filmer ses actrices sous toutes les coutures sous la douche, alors que ça n'apporte pas grand chose au film, à part une belle petite gaule. Bref je m'égare, mais à part ce défaut de subtilité (j'ai compris ce qu'il voulait faire mais je trouve qu'il en fait trop), la mise en scène sait se montrer exemplaire dès que le jeu du chat et de la souris entre tueur et victime se met en place. Travellings maîtrisés,
splitscreen, sur-impression d'images, jeux de miroirs, faux-semblants, tout est mis en oeuvre pour figurer l'impression de poursuite.
Par contre, si j'ai assez bien adhéré à la première demi-heure, qui hume à plein nez le désir de la femme qui ne pense qu'à être baisée correctement, brillamment mise en scène par une grammaire visuelle au service de son sujet, mon attention a rapidement baissée durant une enquête pas vraiment intéressante, d'autant plus que j'ai anticipé l'identité du tueur, ce qui n'a pas arrangé les choses. Puis on ne peut pas trop compter sur le jeu d'acteurs pour relever le niveau, à peine mieux dirigés que chez D. Argento (encore cette impression d'un porno de luxe). Mais je remarque la présence d'un personnage qui préfigure
Blow out, véritable geek de la technologie et vraisemblablement alter-ego du réalisateur. Heureusement que les scènes de poursuite, encore une fois, frisent le sublime, mais quasiment tout le reste (jeu d'acteurs, histoire) ne m'a pas passionné des masses.
En outre, il s'agit globalement d'une assez bonne relecture de
Psychose. Ce qui n'empêche pas les deux histoires et styles de différer en de nombreux points. Ici, la chasse à la femme n'est plus en huis-clos mais D. Palma se régale à nous rendre exigus tous les espaces qui se prêtent à l'exercice, à nous offrir un sentiment oppressant de filature, et des exécutions méticuleuses du geste meurtrier au style
giallo. Ne reste que le thème freudien de la frustration/castration sexuelle, qui n'est pas montrée de la même manière : alors que Hitchock se concentrait surtout sur les ombres noires de la psychologie de ses personnages, la manière dont les scènes de douche sont réalisées ici montre combien importent plus chez De Palma le regard et le désir pulsionnel féminin/masculin qui animent également le meurtre. Du coup il aurait été préférable qu'il s'étale moins sur les explications psychanalytiques car son exposition visuelle était largement suffisante pour appuyer son propos.