Spy Game, Tony Scott (2001)
Un bon petit film d'espionnage old-school que nous concocte Scott, centré sur la relation entre mentor (Robert Redford) et disciple (Brad Pitt), l'un des plus grands atouts du film. Quel régal de voir la vielle école tourner en ridicule cette machine administrative (qui préfère lâcher ses troupes lorsque l'intérêt général, à savoir les lois du marché, est en danger). Dans le jeu du pur interrogatoire sans soutien technologique, ça se voit que c'est lui qui mène la danse à partir de techniques simples mais efficaces, et de son réservoir de relations. Ce défi de l'autorité est un grand thème du réalisateur, mais qui est ici magnifié par le bagou et la ruse de Redford, souvent imprévisible (mais combien a-t-il de femmes ?), alimenté par le touchant rapport père-fils qui s'y joue. De l'autre côté, on retrouve Brad Pitt, qui aura à choisir entre suivre la voie "grise" de son instructeur ou bien la sienne, laissant entrevoir une petite touche d'humanisme dans ses motivations.
Par contre le film est assez inégal dans le traitement. Pas de problème avec la première partie. D'abord par la forme de présentation, alternant l'urgence de la situation présente et flash-backs, qui se concentrent sur la formation du boy-scout et leur amitié. Il s'y joue une tension permanente entre professionnalisme et fougue, réalisme cynique du métier d'espion et remords. La narration choisie ici est brillante : c'est par l'apprentissage que l'on apprend un peu de chacun, mais aussi que l'on comprend mieux dans quel pétrin s'est mis son ancien coéquipier alors que c'était flou au début. Malheureusement la seconde partie casse le mystère et ne laisse plus beaucoup de surprises, glissant vers une histoire d'amour qui prend trop de place. Si on connaît le romantisme de Scott, on peut comprendre qu'il a voulu créer un peu de chaleur au sein d'un métier qui en manque, au risque pour le personnage de Pitt de foutre en l'air la mission mise en place dans le passé. Mais si dans ses autres films cela pouvait avoir un impact émotionnel important et nécessaire pour la qualité de l'histoire ( True Romance et Revenge pour ne citer que ceux-là) ici on s'en fout un peu car les motifs et l'alchimie sont presque inexistants. Ainsi comment ne pas trouver soûlant le fait d'écouter pour une quatrième fois la "chanson" de la femme ? En outre, il y a des petits problèmes de crédibilité pourtant si importante dans ce genre de film : par exemple la scène de transition sur le toit offert à tous les regards, ou traverser un champ de bataille pour aller au restaurant (à la limite ça peut trouver sa place dans le petit jeu de défis rigolos entre les deux personnages).
Pour terminer la réalisation est assez posée, ce qui permet de suivre l'histoire sans interférences, qui plus est se déroule essentiellement durant les années 60-70, apportant ainsi un petit plus de réalisme. D'ailleurs, la photographie est très sympa, sobre mais travaillée, surtout au niveau de la colorimétrie faisant ressentir l'ambiance de chaque lieu rencontré. Ce qui n'empêche pas le tout d'être bien rythmé, élément assez rare dans le genre qui mérite d'être signalé, pourtant parsemé de scènes de dialogue. D'autre part ce rythme relativement posé rentre en tension avec le fameux jump-cut, un style qui sera plus présent par la suite, qui marque ici l'inhumaine machine de la CIA, comme l'était la NSA dans le film précédent. Enfin l'ensemble de la BO est pas mal du tout, alternant tension et ambiances diverses aux 4 coins du monde.
Par contre le film est assez inégal dans le traitement. Pas de problème avec la première partie. D'abord par la forme de présentation, alternant l'urgence de la situation présente et flash-backs, qui se concentrent sur la formation du boy-scout et leur amitié. Il s'y joue une tension permanente entre professionnalisme et fougue, réalisme cynique du métier d'espion et remords. La narration choisie ici est brillante : c'est par l'apprentissage que l'on apprend un peu de chacun, mais aussi que l'on comprend mieux dans quel pétrin s'est mis son ancien coéquipier alors que c'était flou au début. Malheureusement la seconde partie casse le mystère et ne laisse plus beaucoup de surprises, glissant vers une histoire d'amour qui prend trop de place. Si on connaît le romantisme de Scott, on peut comprendre qu'il a voulu créer un peu de chaleur au sein d'un métier qui en manque, au risque pour le personnage de Pitt de foutre en l'air la mission mise en place dans le passé. Mais si dans ses autres films cela pouvait avoir un impact émotionnel important et nécessaire pour la qualité de l'histoire ( True Romance et Revenge pour ne citer que ceux-là) ici on s'en fout un peu car les motifs et l'alchimie sont presque inexistants. Ainsi comment ne pas trouver soûlant le fait d'écouter pour une quatrième fois la "chanson" de la femme ? En outre, il y a des petits problèmes de crédibilité pourtant si importante dans ce genre de film : par exemple la scène de transition sur le toit offert à tous les regards, ou traverser un champ de bataille pour aller au restaurant (à la limite ça peut trouver sa place dans le petit jeu de défis rigolos entre les deux personnages).
Pour terminer la réalisation est assez posée, ce qui permet de suivre l'histoire sans interférences, qui plus est se déroule essentiellement durant les années 60-70, apportant ainsi un petit plus de réalisme. D'ailleurs, la photographie est très sympa, sobre mais travaillée, surtout au niveau de la colorimétrie faisant ressentir l'ambiance de chaque lieu rencontré. Ce qui n'empêche pas le tout d'être bien rythmé, élément assez rare dans le genre qui mérite d'être signalé, pourtant parsemé de scènes de dialogue. D'autre part ce rythme relativement posé rentre en tension avec le fameux jump-cut, un style qui sera plus présent par la suite, qui marque ici l'inhumaine machine de la CIA, comme l'était la NSA dans le film précédent. Enfin l'ensemble de la BO est pas mal du tout, alternant tension et ambiances diverses aux 4 coins du monde.
Tout juste dans la "bonne moyenne" des films de Scott, qui se suit agréablement avant tout par le petit jeu d'embrouille entrepris par Redford, et la relation père-fils des deux agents, malgré une romance bancale et un peu trop envahissante dans la seconde partie.