La franchise de
Die Hard est reprise par Len Wiseman, connu pour avoir réalisé
Underworld et pour son travail de technicien sur certaines oeuvres de Rolland Emmerich (de
Stargate à
Godzilla).
Je trouve que ce
Die Hard 4 s'inscrit assez bien dans la série. Alors que chacun des épisodes précédents se concentraient autour d'un lieu géographique précis (building, aéroport, New-York), le nouveau terrorisme s'immisce dans les réseaux virtuels, agrandissant ainsi la menace à l'échelle du pays entier. A l'image de cette technologie déployée, le bad-guy est froid et lisse, un peu trop à mon goût, et les flics en face sont complètement largués au point qu'ils compteront sur deux personnages apparemment indépendants de l'affaire, Mc Clane et un hacker.
Ainsi, Mc Clane débarque au milieu d'une menace qui le dépasse, un peu comme dans les deux premiers
Die Hard et encore plus dans
Die Hard 3 dans lequel il était réduit à un simple jouet. Bien d'autres personnages précèdent son introduction : hackers, la police, les terroristes. Il rentre dans l'action par la petite porte, en tombant (un peu trop facilement) sur l'un des hackers ayant la capacité de pirater le réseau de la défense. Mc Clane est évoqué comme un outsider, un flic "chevronné". Deux générations se heurtent ainsi : d'un côté, la technologie informatique et la connaissance de ce qui se passe actuellement, à savoir le piratage de chaque infrastructure du pays (transports, communication, électricité), et de l'autre, le flic à la méthode old-fashioned qui fait ce qu'il a à faire sans chercher à être un héros. Dommage par contre que le pote du hacker, le "sorcier" soit si stéréotypé, confondu avec le geek no life qui vit chez sa mère (impliquant ainsi de nombreuses incohérences, par exemple : comment paie-t-il toute son installation informatique ?).
Mc Clane nous procure donc de l'action, mais presque à contre-coeur, répondant à la violence par la violence : il est réduit quasiment à un simple fonctionnaire de l'action. Le montage est très rapide, quasi clipesque, plus proche de l'identité d'un
Jason Bourne que d'un
Die Hard, donnant parfois une sensation de pilote automatique, bien que la lisibilité soit très correcte. Beaucoup de scènes d'action ponctuent le récit, qui peuvent amuser par leur exagération. C'est comme si aucune technologie ou technique de combat ne pouvait venir à bout de Mc Clane : il jette une voiture sur un hélicoptère quand son chargeur est vide, explose un avion de chasse, ou encore stoppe brutalement la progression d'une terroriste asiatique férue de Kung Fu et une sorte de yamakasi évitant les balles en sautant partout. Presque un super-héros, ce qui ne l'empêche pas d'en prendre plein son grade, jusqu'à même se tirer lui-même dessus pour se sortir d'une situation inextricable. Par contre, on a l'impression qu'il ne ressent aucune douleur, toujours frais et dispo.
Le gros défaut du film ne porte donc pas sur sa question de légitimité dans la série (malgré certaines exagérations grotesques bien qu'assez fun). Selon moi, il a tout à fait sa place. Par contre, premier défaut, il multiplie les clichés : le flic qui ne comprend que dalle à la technologie et à la falsification de l'information, et s'arrêtant à la musique des années 70 ; sa fille (tout juste bonne à se faire capturer) qui reprend toutes ses techniques en cas de danger et qui tombe amoureuse du jeune hacker ; ce dernier qui est complètement effrayé de la vie et de la réalité, paranoïaque et dénué de courage (sauf, comme par hasard, pour tirer l'ultime balle). Finalement, le bad-guy est peut-être celui qui détient la personnalité la plus nuancée, même si celle-ci est un décalque assez vulgaire, à peine modernisée de celle des bad guy des anciens épisodes, et finalement ultra rabâchée dans le genre : hypocrite jusqu'à l'os, il donne l'impression de rendre un service à son pays en montrant que son système informatique est faillible tout en le dépouillant. Par contre, si son background est assez sympathique, ce personnage manque cruellement d'épaisseur psychologique et de charisme. Puis, second défaut, la réalisation et le montage manquent pas mal de personnalité : s'il n'y avait pas Mc Clane, ça pourrait être n'importe quel film d'action des années 2000. Enfin, troisième défaut, ça manque d'unité. En effet, la force du film, à savoir le terrain de l'action démultiplié par la nature de l'attaque terroriste, est aussi son défaut : les scènes d'action et ses transitions s'enchaînent un peu au hasard, au rythme des forces déployées par l'ennemi.
Autre chose, il ne s'agit pas vraiment d'un défaut mais plutôt un regret : à l'ère de l'invocation des outsiders tels Rambo ou Rocky, il y avait matière de faire pareil avec Mc Clane, ce qui est juste effleuré pendant une ou deux scènes quand le statut du héros est évoqué de manière un peu désacralisée : "je fais ce que j'ai à faire sans chercher les honneurs". Mais du coup ça fait patriotique à la sauce
24h chrono, loin du flic "rien à foutre" des opus précédents, ce qui fait un peu tâche avec l'apparition de ses punchlines habituelles. Il s'agit peut-être de l'un des rares HS sur le fond que je pourrais reprocher au film, que l'on doit probablement au besoin plus moins conscient des américains d'un héros post 09/11 qui répondrait à leur appel : il est là où on l'attend, alors que selon l'esprit de la série, il est plutôt là où on ne l'attend pas (contrairement à ce qu'affirme parfois le film, plus par clins d'oeil qu'en vérité). Autrement dit, Mc Lane représente bien l'unité sous le signe de l'ordre face à la fragmentation accélérée des bulles sociales (geeks, famille, FBI, ...) par le terrorisme en train de frapper les infrastructures et toute la base de l'autorité politique.