Doomsday, Neil Marshall (2008)
L'idée du film est simple : une épidémie, à laquelle répond une mission-suicide pour trouver le remède. Mais bonjour le manque de cohérence stylistique, avec différentes sociétés post-apocalyptiques (cela montre qu'il ne faut pas fermer sa porte aux autres sinon c'est la merde), une idée originale en soi, mais qui vire au bordel tant au niveau du fond que de la forme : société du contrôle total, anarchie avec punks tatoués, cannibalisme et SM, Moyen-Age avec valeurs à l'ancienne. On accumule tellement les stéréotypes que cela devient drôle (exemple : les tatouages faciaux pour moi ce n'est pas un signe d'anarchie comme le montre le film, c'est un art super subtil). Alors sinon beaucoup d'action, avec au coeur la superbe Rhona Mitra qui fait joujou avec son oeil robotisé (dans une seule séquence, dommage), et beaucoup de détails gores et délirants. Entre l'infiltration du début, la séquence du barbecue humain géant, la baston contre les chevaliers, et la scène-poursuite finale, il y a à boire et à manger, et puis on sent que le réalisateur s'est fait plaisir en puisant dans des trucs super différents. Dans le même genre de film bordélique, on pourrait comparer avec
Suckerpunch, mais j'ai préféré largement
Doomsday, parce qu'au moins les méchants comme les gentils peuvent crever, alors que dans ce dernier, les héros semblaient invincibles dans un univers virtuel et aseptisé.
D'un autre côté, les personnages sont vides et sans psychologie (et franchement, le coup de la fin avec la héroïne qui demande comment on l'a trouvée, alors qu'elle avait donné à son pote une lettre avec l'adresse dessus). Et la fin est WTF (bien que logique lorsqu'on sait qu'on a laissé sa mère avec les infectés, mais bon en gros ça part tellement dans tous les sens que les enjeux se dissolvent dans la mayonnaise) avec la policière qui devient chef des anarchistes et dénonce ses chefs (bon en même temps ce retournement grossier de situation résume bien la légèreté du film), alors qu'elle en avait rien à foutre de tout le monde (sauf à la limite un pote). Bref, faut pas trop chercher la petite bête, j'ai eu le même type de plaisir jouissif/SF/WTF que dans
Ghost Rider 2 avec cette imagerie manga-live, en plus violent mais tout aussi bordélique. Objectivement ce serait du 4/10 (tant ça accumule les incohérences, personnages en carton, raccourcis ...), mais pour le jouissif, c'est au moins du 6/10.
Un film qui peut se noter aux extrêmes : intrigue bordélique, incohérence de style, personnages en carton. Mais le côté jouissif, bourrin, et assumé, et une série de séquences variées puisée dans l'inconscient de tout geek qui se respecte, permettent d'avoir un bon gros plaisir décomplexé.