[Dunandan] Mes critiques en 2012

[Dunandan]

The unjust, Ryoo Seung-wan (2010)

Résumé : Un tueur en série est tué officieusement par la police, mais un inspecteur haut placé s'introduit dans un milieu mafieux afin de faire accuser quelqu'un d'autre et détourner l'enquête en cours.

Mis à part le début et la fin qui se font écho, il y a peu de choses à se mettre sous la dent. En résumé, il s'agit pour la police de trouver un coupable (le vrai ?) dans une histoire de viols pour la bonne image du pouvoir politique qui l'emploie. L'agent qui est en charge, tout comme le procureur, ne sont ni noirs ni blancs dans cette affaire, et se bouffent la moule car ils ne font pas que leur devoir mais sont tous les deux corrompus et se gênent l'un l'autre : nous découvrons progressivement qu'ils sont liés (surtout dans la deuxième partie) à une histoire immobilière. De petits signes indiquent leur relation à la mafia (bague, cadeaux, ...). Ainsi, les personnages principaux ne sont pas manichéens, à la fois mus par leur travail et leurs motivations égoïstes, faisant tout pour monter en haut de la hiérarchie et de la réussite sociale, mais réalisant aussi des trucs bien pour la société ou leur famille. Mais cela suffit-il à faire un bon film ? La réponse est non. C'est dommage car le début est assez réussi, insistant bien sur l'ambiguïté de l'enquête, tronquée d'emblée (par contre c'est vrai que le caractère survolté tranche avec le sérieux qui suit). Mais ensuite l'enquête patine, les personnages n'existent pas au-dehors du fil directeur qui les mènera vers la réussite ou la déchéance, et la mise en scène est plutôt pauvre (sauf les parties qui m'ont plues, le début et la fin), uniquement centrée autour de dialogues interminables et peu intéressants (si au moins il y avait des stratégies élaborées à ce niveau-là, et pas juste des dossiers litigieux dont on ne nous révèle même pas le contenu). J'aime pourtant la bouille des deux personnages principaux, l'enquêteur et le procureur, mais leur profil psychologique, au-delà de leur ambiguïté, n'est pas bien développé. Ne reste que la fin qui remonte brièvement l'intérêt du spectateur, qui conduit l'enquêteur à faire des choses abominables pour couvrir ses arrières pour survivre (alors qu'au départ l'enjeu était la promotion sociale), et la conclusion est assez bien foutue, montrant très bien les deux seuls dénouements possibles dans ce genre d'affaire. Mais qu'est-ce qu'on s'est fait chier pour en arriver là !

Le début, la fin, l'absence de manichéisme. Voilà tout ce que j'ai retenu de bon. Sinon, le milieu est tout mou.

[Mark Chopper]

Bon, pour le prochain BoMcast, tu te prépares une Tequila frappée pour te donner du jus et tu rentres dans le lard de Scalp qui a cru voir du James Ellroy dans cette berceuse avec ces personnages en carton.

[Dunandan]

Je ne le connaissais pas avant d'avoir regardé brièvement quelques lignes sur wikipédia , alors vite fait, oui ça peut faire penser à ce qu'il a écrit ... comme des centaines de polars avant lui. Puis les coulisses politiques et les motivations des personnages sont si bien développées dans ce film (j'ai à peu près tout résumé dans ma critique , c'est pour dire) ...

[Mark Chopper]

Garde quand même l'idée de la Tequila.

[Killbush]

Bon, faut que je me décide pour celui là, y'a plus qu'Alegas et moi

[Dunandan]

Exilé, Johnnie To (2006)

Décidément, les films de Johnnie To se savourent encore plus la seconde fois, et cet Exilé ne déroge pas à la règle, figurant à présent parmi mes préférés du réalisateur, et véritable film-miroir de The mission, qui se répondent dans leurs thématiques, le style, et les personnages qui sont unis par la difficulté de s'intégrer en ces temps nouveaux, marqués par la rétrocession de HK.

The mission empruntait déjà au western sa grammaire de l'espace et du temps durant les affrontements armés (même s'il restait plus proche du polar que du western). Or ici, non seulement Exilé reprend cette tendance, mais son script est lui-même construit comme un film du genre. Il rappelle particulièrement Peckinpah avec ses histoires de loyauté et d'amitié, qui trouvent leur paroxysme dans le sang et le sacrifice des uns pour les autres. Comme dans tous les films de Johnnie To, c'est peu bavard, les dialogues vont droit à l'essentiel, et la communication passe surtout par les gestes. Ainsi, le script est épuré à l'extrême (une histoire de tueurs, torturés entre leur loyauté envers leur chef et leur amitié envers un renégat), mais il est sublimé par la mise en scène, particulièrement dans le choix des angles de caméra qui révèle une véritable maîtrise de l'espace par le réalisateur. Par contre, ces deux films-miroirs proposent une idée différente du groupe : dans le premier il se constituait jusqu'à la mise à l'épreuve finale, alors que dans le second il est menacé d'office jusqu'au sacrifice ultime face à l'adversité. Deux preuves d'amitié au dénouement opposé, car l'une propose de l'espoir, tandis que l'autre retranscrit une époque finissante. Enfin, la musique, mélange de guitare et d'harmonica) nous plonge dans une ambiance nostalgique, qui rajoute au sentiment de décalage temporel entre notre époque et celle du genre traité.

Les deux premières scènes résument magistralement cette référence au genre du western. D'abord l'attente typique des tueurs à l'affût de leur proie, tels des cow-boys hors de leur époque et de leur site d'origine, qui se positionnent dans leur environnement de manière si parfaitement stylisée (à la manière de Sergio Leone) qu'il leur manque seulement à la rigueur un mur pour s'y adosser. Puis vient une fusillade magnifiquement filmée (j'adore aussi les combattants se mettant à égalité en vidant leurs chargeurs jusqu'à atteindre six balles chacun), à grands renforts de ralentis à la Peckinpah et de caméras qui passent d'un personnage à l'autre, immobiles au milieu de l'action, tout absorbés à viser et à tirer juste (au lieu de courir partout comme dans les films de John Woo). Ensuite arrive une formidable rupture de ton, rassemblant ces amis - dont la proie fait partie - préférant finalement bouffer que s'entre-tuer. Ce passage de l'action brute à l'émotion pure est une véritable réussite et prend le spectateur à la gorge, l'investissant ainsi dans le triste destin des personnages, voués à disparaître dans cet univers impitoyable dans lequel l'amitié ne pèse pas bien lourd (en ce sens, je trouve que le titre pourrait s'appliquer à tout le groupe d'amis, totalement décentré par rapport aux valeurs de la mafia).

D'autres scènes ou personnages typiques interviendront au cours de l'histoire, tels la femme assoiffée de vengeance, la prostituée exploitée se retournant contre son client (le rôle des femmes n'est donc pas à négliger chez To : elles sont actives, prennent leur destin en main), le shérif pleutre qui n'attend que le jour de sa retraite, le braquage du fourgon d'or (avec un gardien super charismatique rappelant un des affrontements de The Mission où on apercevait deux groupes prenant plaisir à se tirer dessus), la fusillade du saloon. Pour les amateurs du western ou d'action stylisée, c'est un véritable plaisir de suivre ce film, qui est d'ailleurs loin d'être dénué d'émotion, et se terminera par une scène extrêmement nuancée, à la fois noire et douce-amère (à l'inverse de The Mission qui termine sur des notes positives, à l'image de la cool-attitude qui le traverse tout entier). L'humour n'est pas pour autant absent du long métrage, doté de scènes décalées telle celle où un gars de chaque clan se fait guérir chez le même médecin, l'indifférence soulignée de ces hommes face à la mort, puis cette fameuse séquence de jeu autour d'un objet quelconque (ici une canette) qui révèle à travers cette activité ludique un véritable esprit d'équipe. Pour terminer, le casting est de nouveau impeccable, contribuant énormément à l'ambiance du film, dans lequel nous retrouvons certains acteurs fétiches du réalisateur (Anthony Wong, Simon Yam, Suet Lam), tous issus de The Mission, ce qui n'est pas un hasard, comme je l'ai suggéré plus haut.

Un très bel hommage au western crépusculaire, complètement revu par Johnnie To avec son style à lui. Amitié, violence, émotion sont les maîtres-mots de ce film. Un film complémentaire à The Mission.

[Dunandan]

Garde quand même l'idée de la Tequila.

J'étais à la bière durant la dernière émission, ça me donne de l'NRJ

[Scalp]

Non mais chercher pas, Unjust si on est newbs en Lumet c'est normal de trouver ça chiant.

[Heatmann]

ouai c'est bizarre parcque le pitch de Unjust il est quand meme bien , pis apres citer des truc dans ta critique comme city hall , ellroy et maintenant lumet , je comprend un peu le feeling , ca fait envie en plus dunandan meme si tu a pas aimer , dans ta critique ce que tu en dit fait penser justement a du polar procedural ( du lumet quoi , prodecural pas dans le sens proces de justice mais dans le sens ou ca s'interresse a l enquete , aux dialogue qui sont les procedure des flic pour faire leur taf ) que j aime bien

[Mark Chopper]

Non mais chercher pas, Unjust si on est newbs en Lumet c'est normal de trouver ça chiant.

Alors là il va falloir trouver un autre argument.

[Scalp]

Non mais ça sert à rien de discuter, tu trouves ça chiant, on peut pas changer d'avis quand on trouve un film chiant, mais là le fait est que c'est bien écrit, bien interprété et la réal sobre colle au sujet, que t'aimes pas c'est une chose mais essaye pas de faire passer le film pour un mauvais film.

[Mark Chopper]

Un headshot qui lance le carton titre, je n'appelle pas ça une réal sobre.

Mais bon, attendons que les autres s'y collent. Si Heatmann pouvait se lancer....

[Scalp]

Super tu cites le SEUL plan tape à l'oeil du film.

[Mark Chopper]

Il est symptomatique : c'est l'histoire d'un petit malin qui s'essaye à un genre qu'il ne maîtrise pas pour se donner l'air d'un cinéaste mature.

[Scalp]

C'est un plan qui marque une rupture avec le reste de sa filmo, il s'attaque à un projet ambitieux, éloigné de tout ce qui se fait en Corée et il réussit, pis bon j'ai pas de leçon à recevoir à un gars qui met 10 à Millenium.