The Club de Kirk Wong - 1981
Les conditions de visionnage n'étaient pas extraordinaires, la dernière copie 35mm connue ayant disparue mystérieusement il y a 15 ans, on a eu droit à un montage vidéo freestyle dont les sources étaient deux laserdiscs et une VHS!
Malgré tout, à part quelques bouts de scènes de nuit pas très compréhensibles, c'était largement suffisant.
Le film en lui-même est conforme à sa réputation. Un melting-pot ingénieux qui préfigurera tout le polar-gangster movie HK des 30 années à venir.
Après un générique un peu bordélique qui plante les trois personnages principaux, la première partie du film est avant tout descriptive, à la limite du documentaire. Kirk Wong nous montre, un peu à la manière du
Marginal de Deray, tout le fonctionnement du milieu des boîtes et bars à hôtesses de Hk de l'époque. Lutte de territoire, protection des filles, réception des clients, tout est filmé de la façon la plus réaliste possible. Pour cela, on sort les travellings et petits plans-séquences pour davantage d'immersion.
Dans cette partie, le jeu des acteurs fait beaucoup pour la crédibilité de l'entreprise. Certains seconds couteaux sont assez exceptionnels, surtout Kent Cheng (le gros des Cat III biens barrés!) est incroyable en entremetteur. Le seul qui fasse un peu tâche c'est Norman Chu qui imite l'endive à merveille. Heureusement, on le voit assez peu.
La seconde partie (à partir de la scène de combat complètement WTF avec les hélices) est plus typiquement Hk, on passe en phase 2 : la castagne pure et dure. Là, le choix de Michael Chan s'avère vraiment payant, ce mec est une vraie boule de nerfs qui va se défouler sur tout ce qui passe, à main nue, avec une machette ou une bagnole, ça charcle beaucoup. La violence est frontale, ça fait mal, les chocs ont l'air réel, mais l'ambiance est vraiment WTF jusqu'au final. Là, Kirk Wong se lâche aussi : caméra à l'épaule, caméra embarquée, caméra au centre de la mêlée, c'est tout aussi immersif. Ca gagne en réalisme, mais ça n'a rien d'esthétique, c'est du combat de rue.
Néanmoins, certaines situations frôlent le ridicule (Michael Chan qui vient sauver la japonaise au dernier moment en débarquant en bagnole!
) mais c'est aussi ce qui fait le charme de ce genre de production, tout comme les quelques touches d'humour (2 ou 3 et très rapides).
Finalement Kirk Wong allie en un seul film de gangster le réalisme occidental et la rage orientale sans que cela ne soit choquant. Le second caractère dominera les productions locales jusqu'à la rétrocession, le premier prendra le relais jusqu'à aujourd'hui.
7,5/10