Mon nom est Personne Tonino Valerii - 1973
Cette coproduction italo-franco-allemande qui fêtera bientôt ses quarante ans, fut shootée au Nouveau-Mexique, dans le Colorado et en Espagne.
Ce film basé sur une idée de Sergio Leone est le type de western que seul un tel réalisateur pouvait produire. Il ne l'a pas dirigé officiellement, puisque c'est Tonino Valerii, son ancien assistant sur ""une poignée dollars"", ""il était une fois dans l'ouest"",..., qui fit office, sans doute parce que Leone ne souhaitait pas avoir un western comique dans sa filmo.
Toutefois, il n'y aucun doute à avoir quand à l'aspect leonien et il est maintenant entendu que Leone a shooté lui-même quelques scènes, officiellement à la demande de Valerii, ce qui prête à sourire.
Le film se déroule en 1899, au crépuscule du XIXe siècle, quand Jack Beauregard (Henry Fonda), le tireur le plus rapide de l'Ouest, est en route vers la Nouvelle-Orléans, pour prendre un bateau vers l'Europe, où il souhaite se retirer et suppose que personne ne viendra lui chercher des histoires. C'est pendant ce voyage vers la Louisiane qu'il rencontre un jeune homme mystérieux qui prétend s'appeler ""Personne"" (Terence Hill). On retrouve donc encore ici le célèbre personnage leonien de ""l'homme sans nom"". ""Personne"" possède des qualités de tireur semblabes à celles de Beauregard, mais au début il ne semble être qu'un clown qui souhaite le ridiculiser. Alors qu'en fait il souhaite en faire une légende. Pour le passer à la postérité, pour qu'il entre dans les livres d'histoire, il passe le film à convaincre un Beauregard réticent et soupçonneux à son égard, qui se demande ce que lui veut vraiment ce gus: est-ce qu'il veut lui tendre un piège pour le tuer ? Clin d'oeil évident de Leone au complexe d'Oedipe, et également métaphore du passage de témoin entre le cinéma classique et la nouvelle génération des 70's. Mais Personne parviendra à ses fins, en arrangeant un duel entre la Horde Sauvage et ses 150 membres contre Jack Beauregard. A ce propos, quelle scène, quel scope, quel cadrage !
L'intrigue de ""mon nom est personne"" a moins de sens en tant que récit narratif qu'en tant qu'une succession d'incidents qui ne sont que des variations sur le même thème. Dans cet Ouest imaginaire, la vie est une perpétuelle série de concours, que se soit dans les bars, dans les rues ou dans les plaines.
""Mon nom est personne"" est rempli de belles séquences d'action chorégraphiées, sans le côté sanglant auquel Leone nous avait habitué dans ses précédents films, mais plutôt tournées vers la farce, la bouffonnerie, chères aux italiens. D'ailleurs, globalement, tout est exagéré dans ce métrage, et c'est encore plus évident au niveau de l'image et du son. Par exemple, quand on entend le passage du rasoir sur une barbe d'une semaine, on pourrait entendre chaque poil tomber
Terence Hill est étonnament performant (à l'origine, Franco Nero avait été pressenti pour le rôle mais non disponible, et comme Hill lui ressemblait...). Henry Fonda est comme toujours très bon, et réussi à s'intégrer dans le moule leonien, il campe un perso tout en introspection comme les aime Leone.
Le score est de Morricone, of course, il est très bon, bien qu'il s'autoplagie un peu.
Au final, quelques longueurs dans les scènes shootées par leone, telles que la scène du saloon ou celle des chiottes, font perdre un demi-point.
Pour le reste, je vous le recommande, à moins que vous soyez allergique aux westerns comiques.
8,5/10
Les hommes livrent leur âme, comme les femmes leur corps, par zones successives et bien défendues.