Rock - Michael Bay - 1996
Toute la démesure à venir du style Michael Bay se retrouve dans ce blockbuster XXL, complètement con mais parmi les plus funs de la décennie. A mon goût, on est très, très loin des poids lourds de l'époque (Dernier Samaritain, Die Hard 3, Last Action Hero), production Bruckheimer oblige le film est à comparer avec Con Air mais là aussi, le duel tourne en sa défaveur. En 1996, Bay n'était pas encore le destructeur de neurones qu'il est devenu et on peut assimiler plus aisément l'action quasi ininterrompue qui déferle à l'écran à une générosité débordante de la part de son réalisateur, qui avait alors besoin de prouver ce qu'il avait dans le froc.
Le pitch, on peut pas faire plus simple: de bons soldats pas reconnus à leur juste valeur décident de piquer des armes chimiques, de s'installer au Center Park d'Alcatraz et menacent de faire péter la baie de San Francisco si le gouvernement ne leur fait pas un gros chèque pour services rendus. Pour les empêcher de tourner en rond, une troupe d'élite accompagnée d'un Crazy Nick en chimiste fou et du doyen Sean Connery, roi de l'évasion et seul homme sur terre à s'être fait la malle dudit Rock.
"Dis moi, Sean. Tu connais les boules de Geisha?"
Le casting joue donc pour beaucoup dans le capital sympathie qu'inspire le film. Cage allait dévoiler au monde entier qu'il avait définitivement un grain mais son interprétation à la fois nonchalante et déglinguée, c'est parfois à se pisser dessus. Je me suis taper un fou rire de 5 bonnes minutes avec madame (et oui, je regarde les actionners avec elle, la classe
) lorsqu'il apprend qu'il va devoir aller sur le terrain pour désamorcer les missiles. Il part aux chiottes, vomit un coup, et là il nous sort the punchline: "Putain, j'ai l'estomac qui fait la toupie autour de mon cul"
. On en a chialé. Connery, ça doit être son dernier rôle ou il a la classe et il est apparemment comme un coq en pâte, sûrement réjoui par le gros chèque qu'on lui a fait pour sa retraite. Il le rend donc plutôt bien aux producteurs, avec son flegme habituel et un sens de la punchline aiguisé. Dans les seconds rôles, Ed Harris est vraiment trop cabotin (c'est assez rare pour le signaler) et desservi par un rôle de gros dur qui se chie dessus au moment de passer à l'acte. On retrouve avec plaisir les très bons David Morse, Michael Biehn, John Spencer, William Forsythe et John C. McGinley pour compléter les troupes.
La première partie du film est vraiment sympa avec en point d'orgue une poursuite total destroy dans les rues de San Francisco, pas forcémént très bien monté mais qui livre la marchandise niveau cascades et explosions. L'arrivée sur Alcatraz de la troupe de sauveurs de l'humanité est plutôt cool également jusqu'à la scène d’exécution dans les douches. Après, ça traîne un peu trop en longueur (le syndrome du blockbuster de 2h15 alors que le tout aurait pu tenir en 1h45), il y a un peu trop d’atermoiements même si ça se laisse regarder. A voir donc pour l'interprétation déjantée (à la ramasse, comme vous voudrez) de Cage, le cast de seconds rôles trois étoiles, l'action débridée et pour observer les germes du cinéma d'ado qui allait devenir la marque de fabrique de Bay.*
6.5/10