Saw 7/10En quatre films James Wan s’est forgée une belle réputation dans le film de genre. Avec deux réussites horrifiques, un vigilante esthétiquement imparable et un digne héritier de Seven, le jeune réalisateur jouit d’un gros capital confiance de la part studios. Le terme poule aux œufs d’or serait même plus adéquat tant le bonhomme transcende des micros budgets en de vraies réussites artistiques et commerciales.
Concernant son galop d’essai, Saw, premier du nom, vieillit plutôt bien malgré une esthétique volontairement hideuse bien loin des réussites plastiques que sont Death Sentence ou encore Dead Silence. Wan décide donc de chasser sur les terres du grand David Fincher période Seven en s’attaquant au sérial killer movie. Faiblesse du budget oblige, nous avons une seule unité de lieu autour de laquelle gravitent quelques flashbacks. La narration déstructurée n’est pas une vraie réussite car la vraie tension du film se trouve au cœur même des relations entre Lawrence et Adam. Enfermé dans une pièce cradingue, ils doivent recomposer les morceaux d’une sombre énigme tout en découvrant qu’ils sont loin d’être étranger l’un à l’autre. Cela dit, sortir de la pièce nous permet de découvrir le personnage de Danny Glover que j’aime bien. Vieux briscard à qui il arrive les pires crasses, Danny résiste tout au long du film et se paie même de bien belles séquences tendues, toutes les découvertes macabres, l’antre de Jigsaw et la poursuite de caisse « infernale »
de la fin. Finalement j’ai beaucoup plus décroché lorsque l’on s’attarde sur la vie du docteur Lawrence. Sa fille et sa femme m’ont régulièrement sorti du film. Heureusement que le futé James Wan distille suffisamment d’indices macabres pour remettre un brin de pression à des moments clés. La construction toute en énigmes tient en haleine et on ne voit jamais le temps passer. Wan ménage donc bien son spectateur jusqu’à lui asséner le Twist qui tue. Mais avant cette révélation, il brouille encore plus les cartes avec les personnages de Tap et Zep. Mais le morceau de choix nous arrive en pleine face aidé par le thème très galvanisant de Charlie Clouser. J’ai beau l’avoir vu une paire fois, ce final fout toujours autant la chair de poule. Je pense clairement qu’il s’agit de l’un des tous meilleurs twists qui ait été proposé. Putain il était là sous notre pif quoi !
Le film se clôt donc par un cinglant « game over » rendant justice à un méchant insaisissable, star en devenir d’une flopée de suite à la qualité très discutable. Passé ce bel exercice de style, Saw va devenir le Dallas de l’horreur et apporter fortune et gloire à ses créateurs et esbrouffes et bidoches à ses nombreux spectateurs !