Le royaume interdit 7/10Mis en chantier par un gros studio et balancé entre les mains de l’inquiétant Rob Minkoff (Stuart Little), Forbidden Kingdom avait tous les atours du plantage artistique passant à la moulinette l’emblématique Jet Li. Je mets volontairement Jackie Chan entre parenthèses, ce dernier ayant perdu beaucoup plus que du charisme et de la crédibilité en s’attaquant à Hollywood.
Néanmoins la perspective de voir ces deux monstres sacrés, enfin face à face, pouvait titiller la curiosité. Et quelle ne fut pas ma grande surprise de découvrir un produit plutôt bon techniquement (à deux trois inserts près) et balançant un souffle épique et aventurier des plus surprenants. Les figures imposées du genre (la formation, la perte du maitre, le combat final, les légendes) ne sont pas vulgairement jetées à la figure du spectateur. Elles ont fait l’objet d’un soin tout particulier. Les codes sont respectés faisant de ce film un vrai hommage, bien plus sincère que l’on aurait pu l’imaginer. A mon sens, le soutien technique de Yuen Woo Ping n’est pas complètement étranger à cette réussite. Les producteurs ont eu le nez fin de faire appel à ses services et de le mettre dans les pattes d’un réalisateur bien peu expérimenté. L’apport est indéniable avec de solides combats mélangeant habilement le câble et la rudesse des pieds-poings. Le cadeau de Woo Ping restera, évidemment, la belle empoignade entre Li et Chan. Longue, intense, aérienne, la séquence arrive à capter tout le talent visuel du chorégraphe. Le spectateur n’en manque pas une miette grâce à une caméra toujours idéalement placée. Une fois n’est pas coutume, on peut, l’espace de ce film, tordre le coup à cette vérité qui veut qu’Hollywood ne respecte rien. Le simple générique de début suffit à imposer cette idée d’une réappropriation appliquée d’un genre assez souvent malmené au pays de l’oncle Sam.
Ce royaume interdit est donc une réussite aussi surprenante qu’efficace proposant un vrai récit d’aventure avec un grand A, une spectacle calibré sans failles, un parterre de combats spectaculaires et deux stars aussi à l’aise dans la baston que dans l’humour sympathique. La cinquantaine dépassée leur va à merveille. Et à l’instar des Expendables, ils sont loin d’être trop vieux pour ces conneries !