Freddy 2: La revanche de Freddy
8/10Avec Jack Sholder aux commandes, cette suite prend un virage totalement inattendu, ne capitalisant jamais sur les bases instauré par le premier volet. Plutot que de singer son prédécesseur, le réalisateur cherche, avant tout, à aposer sa patte en instaurant un univers plus sérieux, plus noir et plus ambigue.
Baignant dans une atmosphère oppressante (excellente utilisation de la musique), ce Nightmare on Elm street 2 rompt complètement avec les codes imposés par Wes Craven. Freddy Krueger se montre encore plus ténébreux (les maquillages sont un cran au dessus et les très bons jeux de lumières rendent hommage au personnage) mais change de modus operandi. Quitte à s'attirer les foudres de fans hardcore, Sholder change les règles du jeu et fait du boogeyman un manipulateur morbide qui va jeter son dévolu sur un ado en proie aux cauchemars. Ainsi, il ne tue plus directement mais fait de son nouveau poulain, sa chose. Ce partie pris coincide aussi avec la volonté de donner une dimension sexuelle au film ou l'on navigue très souvent dans les eaux troubles de la domination et de l'ambiguité. Cet axe se révèle particulièrement intéressant dans l'interaction des personnages (le triangle Jesse, Grady et Lisa tranche considérablement avec les habituels ados débiles). Dénué d'humour noir, le film jongle en permanence avec le double discours tout en essayant d'aller au delà du simple film d'horreur. Et meme si les touches de Gay friendly ne sont pas toujours du meilleur gout (on voit parfois le réal arriver à 3 bornes), on peut néanmoins accorder à cet épisode un statut à part tant le fond et la forme sont "couillus" (sans mauvais jeu de mots).
Cette suite est donc plus sournoise qu'il n'y parait. On y suit l'arrivée d'une famille lambda aménageant dans l'ancienne maison de Nancy. Les évènements vont s'accélérer dès lors que le croquemitaine va avoir envie de "jouer" avec le p'tit Jesse. Ce dernier prendra possession de lui en vu d'assouvir ses basses pulsions et d'accentuer son emprise sur les ados les plus faibles. Le sous texte homosexuel est volontairement asséné avec les moufles afin d'instaurer un sentiment de mal etre. Tendance refoulé dans les années 80, Sholder se plait à saupoudrer son film de références ambigues telles que le copain Grady, le professeur de sport ou l'incapacité de Jesse à emballer correctement Lisa. Le parti pris de géner est donc clair poussant la série hors du sentier balisé du simple slasher. Le choix est donc très audacieux mais se retournera vite contre son réalisateur, cet épisode étant pour les fans hardcore l'un des plus détesté. Coté horreur, le film réserve de bonnes surprises avec des meurtres originaux (le prof de sport!
Grady
) et surtout la très bonne scène finale dénuée de tripailles mais accentuant un peu plus l'esprit sombre de l'entreprise.
Bien supérieur à son ainé, je trouve que cette suite apporte un vrai plus à la saga, tournant son emblématique personnage vers des univers bien différents de ce que l'on se serait imaginé. Novateur, noir, glauque, sans humour, cette revanche de Freddy est un éclairage nouveau surfant sur des principes équivoques, sujets à discussion, inédit dans un film de genre. Le temps a désormais estompé ce message ambigue mais il reste quand meme un episode qui a des choses à dire, une ambiance très marquée pour un résultat singulier, tout à fait intéressant et doublé de très bonnes séquences horrifiques..