Le grand tournoi
6/10Jean Claude Van Damme a toujours clamé haut et fort que son film détonateur n’était autre qu’un certain Lawrence d’Arabie. Et cela se voit dès les premières minutes. Nostalgique et balayé par une ambition visuelle inédite dans une production JCVD, The quest est une redécouverte totale, tant j’en gardais un souvenir lointain.
Mais dès les premières minutes, un frisson m’a parcouru l’échine. Observer Jean Claude grimé en vieillard donner le change à 3 bad boys ridicules m’a quelque peu inquiété. Le voir évoluer dans le New York des années 30 grimé en clown n’était pas non plus très rassurant. Mais malgré tout ça, on sent que l’acteur a mis sur pied le film dont il a toujours révé. Melant aventures à grande échelle et combats qui ont fait sa renommée, sa première réalisation surprend autant qu’elle peut déconcerter. La surprise est de mise grâce à une réalisation classieuse. L’apport d’un Peter Mc Donald ne doit pas y être étranger. Le technicien a du être un sacré renfort et une aide précieuse pour combler les carences de Van Damme. Mais on sent que le projet est né de l’esprit de l’acteur. Aventure, grands espaces, grande musique, le cocktail rappelle les fresques d’antan et c’est avec surprise et maitrise que ce contexte très riche s’inscrit idéalement dans le cadre du film de tournoi. D’un autre coté, on peut être un brin dubitatif concernant certains partis pris de réalisation. Toute la séquence sur le bateau avant l’arrivée de Roger Moore sent l’amateurisme avec des placements de caméras assez inexplicables et des effets de style jamais au bon endroit. Le summum sera atteint avec la scène de l’abordage, aussi confuse que médiocre dans sa gestion du rythme.
Mais le film se ressaisit dès lors que Van Damme arrive sur l’ile du Muay Thaï. On sent à nouveau ce souffle épique porter le projet. Il ne se passe finalement pas grand-chose avant une bonne soixantaine de minutes mais Van Damme gère idéalement son histoire et surtout ses personnages afin de faire patienter le public. Roger Moore porte le film sur ses épaules avec sa gouaille de mercenaire anglais et l’amitié naissante entre Remar et JCVD est assez touchante telle la franche camaraderie ne versant jamais dans le gay friendly. Dernier tronçon du film, le fameux tournoi propose une belle variété de techniques de combats. Mais malheureusement, on ne saute pas vraiment au plafond en ce qui concerne la réalisation et la très courte durée des fights se révèlent un poil frustrante malgré dertains combattants emblématiques (j’aime beaucoup le mongol, le p’tit chinois félin et évidement le spécialiste de la capoeira). Contre toute attente, on se retrouve face à la partie la plus terne enchainant de plates scénettes d’action. Encore une fois, les péripéties de Moore sauve la dernière demie de l’ennui. La grande finale est un peu plus longue que le reste mais l’intensité n’y est pas et l’on assiste plus à un enchainement de baffes basiques qu’un dénouement rageux. Néanmoins, je salue les efforts et l’envie d’un Van Damme obstiné qui aura œuvré pour proposer un spectacle aventurier et épique. C’est comme si ce dernier avait revu la copie de Bloodsport de A à Z en y imposant sa sensibilité et son envie de spectaculaire.
L’esprit des grandes fresques est en partie respecté montrant un acteur sous un nouveau jour, bien plus proche de la flamboyance des grandes fresques que du cinéma basique de tatane. Belle redécouverte qui renforce encore plus le capital sympathie d’un Jean Claude humble et surprenant sur ce coup là!