Efficace et intense : les 2 qualificatifs qui me viennent à l'esprit pour décrire ce 2e film de frangins boxeurs de l'année après le très bon
Fighter. Fighter/Warrior, le duel n'a pas vraiment lieu, car les deux films boxent finalement dans 2 catégories assez différentes, mais avec des résultats tout aussi bons.
Là où le film de (O')Russell s'attachait à décrire avec une certaine bienveillance le contexte social et familial de cette histoire vraie de Lowell (avec love story, humour, et tendresse), O'Connor développe ici un récit épuré, taiseux, presque minimaliste. Son film est presque une fable et en prenant un ancrage bien réel (guerre, crise économique, alcoolisme), l'histoire est plutôt séduisante dans son parallèle entre le caractère brutal des relations et la violence frontale des combats.
Les 2 frères chez O'Connor (Tom Hardy et Joel Edgerton) sont ici des étrangers l'un pour l'autre (ils ne sont plus parlés depuis des années) et sans trop trahir le scénario, car on s'y attend assez rapidement, ils vont finir par s'affronter - psychologiquement d'abord, un peu, puis physiquement, un peu plus. La faute de cette opposition n'est pas clairement décrite, ce qui est finalement assez subtil, car on est ainsi plus touché par le drame de cette famille qu'on devine entre les lignes, tout comme cette figure de père brisé, repenti depuis de son alcoolisme. Et puis on sent que O'Connor n'a pas voulu s’appesantir sur ce background car son objectif est aussi de livrer sa belle partition en terme de combats.
Il est ici question d'UFC, autant dire que les scènes se devaient donc d'être épiques et on ne peut donc qu'être plutôt satisfaits devant un résultat à peu près à la hauteur de l'enjeu. Même si les combats n'ont pas tous la même intensité, il y a quand même du très lourd (en terme d'action et de réalisation), et de la quantité (la quasi moitié du film a lieu pendant le tournoi), avec notamment une prestation physique impressionnante des 2 guerriers.
Car la réussite de ce film tient aussi à son interprétation. L'inspiration des 3 acteurs est heureusement au rendez-vous dans ce décor dramatique et complexe, et on s'attache très facilement à cette famille éclatée d'hommes en crise. Nick Nolte retrouve ici pour notre plaisir un rôle relativement modeste mais à sa mesure, avec ce patriarche bourré de remords, et il livre une prestation touchante et consistante (malheureusement pour ma séance, j'ai eu le droit à une voix québécoise presque aigue, merdique). Edgerton est bon aussi dans son rôle de "gentil" qui se retrouve obligé de combattre.
La révélation en tout cas pour moi de ce métrage, c'est l'époustouflant Tom Hardy. Je ne le connaissais finalement que très peu et je dois avouer que son jeu m'a vraiment impressionné. J'ai trouvé sa performance énorme dans son interprétation de cet ancien marine, héros de guerre contre son gré, carapace de muscles qui cache une colère rentrée. Son charisme est énorme et l'intensité de son jeu colle à merveille avec l'abnégation frénétique et compulsive de son personnage. Ce sont d'ailleurs ses apparitions qui rythment le récit, et le film ne repose quasiment que sur sa trajectoire qui atteint dans un final magistral, un point de non-retour et une conclusion vibrante et libératrice.
Un film intense et efficace.