Elephant Man |
Réalisé par David Lynch Avec John Hurt, Anthony Hopkins, Anne Bancroft Drame, Biopic - USA - 2h05 1980 |
8/10 |
SynopsisLondres, 1884. Le chirurgien Frederick Treves découvre un homme complètement défiguré et difforme, devenu une attraction de foire. John Merrick, " le monstre ", doit son nom de Elephant Man au terrible accident que subit sa mère. Alors enceinte de quelques mois, elle est renversée par un éléphant. Impressionné par de telles difformités, le Dr. Treves achète Merrick, l'arrachant ainsi à la violence de son propriétaire, et à l'humiliation quotidienne d'être mis en spectacle. Le chirurgien pense alors que " le monstre " est un idiot congénital. Il découvre rapidement en Merrick un homme meurtri, intelligent et doté d'une grande sensibilité.
CritiqueLynch offre un film à l’esthétique léchée en noir et blanc , une narration linéaire mise en scène plutôt classique inspirée de la vie de John Merrick et ça sera le début d'un thème cher à Lynch la différence et sa perception.
Ainsi, le Dr Frederick Treves (Anthony Hopkins ) voit tout d'abord l'Elephant Man comme un simple sujet d'études médicales un cas unique qui ne doit pas être exposé dans un cirque mais dans les écoles de médecine. Puis, quand celui-ce se rend compte qu'au delà des difformités, cet être est doté d'une certaine intelligence, les relations évoluent et le monstre commence à entrevoir un coté humain qu'il faut creuser pour le découvrir.
Ensuite, n'importe quel quidam voit ce monstre comme une simple curiosité à voir au moins une fois et poussent des cris d'horreur en le voyant,rejeté des tous; les gens plus fortunés on le privilège d'avoir une rencontre , de prendre le thé en sa compagnie pour l'observer de près. Une atmosphère malsaine de voyeurisme simple règne pendant certaines scènes ou le simple dégoût visuel prévaut sur le rapport humain.
D'ailleurs, Lynch ne nous expose pas le monstre de but en blanc, mais son arrivée est ménagée par une simple évocation, puis une silhouette et les regards horrifiés des gens qui le voient, une ombre et enfin une exposition frontale glaçante qui ne peut que provoquer le choc visuel.
Lynch expose son John Merrick comme une simple bête de foire au début, assez limité physiquement, incapable de s'exprimer mais qui pousse des mugissements digne d'un animal. Mais, le chirurgien arrive à apprivoiser le monstre et à lui soutirer quelques mots, le film bascule à la découverte de l'homme derrière le freak et celà constitue la partie la plus intéressante du film. Hélas, le chirurgien ne fait que déplacer Merrick dans une autre cage à l'hopital et le traite comme un patient hors norme et non comme un homme comme les autres.
Lynch nous met aux cotés de Merrick dans son intimité quotidienne, on découvre derrière les boursouflures un homme en souffrance hypersensible qui tente de se libérer de son passé difficile. Le cinéaste maîtrise bien son sujet avec des paliers successifs d'évolution de Merrick à la découverte du monde extérieur, et ajoute quelques séquences oniriques sur la mère de l'elephant man qui fantasme sur cette femme si parfaite qu'il n'a jamais connu. Le travail des comédiens est énorme, belle distribution, de même pour le maquillage impressionnant réalisé à partir de moulage du vrai Merrick. Et au fil du film on s'habitue à ces traits, et on s'intéresse de plus en plus au personnage en lui même qu'à ses infirmités.
A travers cette histoire singulière, Lynch souhaite nous montrer que l'horreur n'est pas forcément du coté des monstres, mais la cruauté, la méchanceté gratuite et l'hypocrisie est bien du coté des gens "normaux".
Film audacieux, offrant beaucoup de moments d'émotions à travers les larmes de cet elephant man mais aussi quelques séquences moins sombres.