MILLENIUM - David Fincher (2012)
Après avoir réussi un film captivant malgré un sujet qui pouvait laisser sceptique sur le papier (la création de Facebook), Fincher revient avec cette seconde adaptation du best seller suédois. En effet, les trois romans Millenium ont déjà été adaptés, d’abord en long métrage puis en série (celle çi étant la version longue des trois films).
Mais que peut bien apporter Fincher à cette nouvelle version ?
Et bien, la réponse arrive très vite puisque dès le superbe générique du film, on reconnaît immédiatement sa patte. Un générique électrisant qui scotche immédiatement le spectateur, et qui n’est pas sans rappeler ceux de Seven et Fight Club.
Le ton est donné : l’apport du cinéaste se fera essentiellement par la mise en scène et par son sens aiguisé de la narration et du montage.
Malheureusement, l’euphorie est de courte durée, et la virtuosité du générique va vite laisser place à un film profondément inégal.
D’un coté, Fincher réussi totalement toutes les scènes où il s’intéresse à ce personnage aussi étrange qu’iconique qu’est Lisbeth Salander.
Une femme fragile, destructrice, vénéneuse, surdouée, comme une sorte de synthèse des différents personnages mis en scène par Fincher auparavant. A la fois hackeuse de génie, enquêtrice et vicitime, elle est le véritable pilier du récit. On sent que le réalisateur est totalement fasciné par ce personnage, magistralement interprétée par la jeune Rooney Mara (déjà aperçue dans Social Network), une performance incroyable pour un rôle difficile. Dés qu’elle apparait à l’écran, le film prend alors toute son ampleur et ne déçoit pas.
Ce qui n’est pas vraiment le cas concernant l’intrigue principal et son héros, le journaliste Mikael Blomkvist (interprété par un Daniel Craig sans éclats). Ultra balisée, laborieuse, la première heure du film rappelle "The Ghost Writer" de Polanski, en moins réussie. Bien sur, Fincher ne perd pas ses moyens coté réalisation, mais tout cela parait bien faible au vu de ses capacités à transcender un récit par l'image.
La faute revient certainement davantage au matériau de base qu'au réalisateur, mais on ressort tout de même du film avec une impression d'inachevé, comme si Fincher se moquait du script pour se concentrer sur les deux personnages principaux, surtout Lisbeth, et leur collaboration qui tourne rapidement à la relation intime. D'ailleurs, Blomkvist ne devient intéressant qu'a partir du moment où il est confronté à elle, de même que le récit qui ne décolle véritablement qu'au bout d'une heure et demie.
Au final, Millenium n'est pas un mauvais film, loin de là. Beaucoup de réalisateurs rêveraient d'arriver à ce niveau un jour, mais ça reste un film mineur dans la filmographie d'un des réalisateurs les plus doués de sa génération !
6,5/10