Les Bêtes du sud sauvage 8/10 Les Bêtes du sud sauvage est le premier film du réalisateur Benh Zeitlin, originaire du Queens qui n'avait réalisé jusqu'à présent que des courts métrages.
On est très loin des grosses productions cinématographiques formatées par les grandes boites de production accumulant les stars et les effets visuels. Ici, un style caméra embarqué, un grain présent sur la pellicule, et des acteurs non professionnels recrutés dans l'école du coin pour la jeune fille et dans la boulangerie pour le père.
Flirtant avec le cinéma indépendant et fantastique, Les Bêtes du sud sauvage développe un univers très éloigné du monde aseptisé qu'il vise ici à critiquer avec modération. Le film, adapté d'une pièce, raconte les aventures de la communauté
roots vivant dans le bayou, le Bassin – bathtub. A aucun moment le film énonce l'endroit et l'année dans lequel l'histoire se situe, on reconnaît assez facilement le lieu de tournage, à savoir la Louisiane, où les grandes plaines s'étendent à perte de vue et font face à l'océan et à la montée des eaux.
Tandis que de nombreux films racontent la fin du monde et le chaos qui en découle, Les Bêtes du sud sauvage présente sa version de la fin du monde : la monté des eaux venant alors détruite les plaines où les habitants vivent loin de la société moderne et des technologies. Dans le bassin, pas d'école ni de bureaux, on mange et on vit à la dure. C'est le quotidien de Hushpuppy (Quvenzhané Wallis), garçon manqué de 6 ans et de son père, Wink (Dwight Henry ), atteint d'une maladie. La tempête ayant détruit leur campement, le père s'obstine à tout reconstruite tandis que la jeune fille part à la recherche de sa mère, qui l'a abandonné à sa naissance.
La grande métaphore du film est bien entendu celle des animaux. Ils tiennent une part très importante dans l'intrigue étant les principaux amis de Hushpuppy. Écoutant battre leur cœur, elle délivre un message plein d'espoir, où dans des situations complexes, une simple aide peut tout faire repartir. Les habitants du Bassin, au final, peuvent être vu comme des animaux sauvages que personne n'a réussi à apprivoiser. Quand vient l'expulsion, ces derniers se retrouvent dans un hôpital, mais à leur yeux cela revient à être enfermé dans une cage ou plus précisément coincé dans « un aquarium sans eau ».
Le film repose entièrement sur les épaules de la jeune gamine qui est époustouflante, et du père qui prend son rôle à coeur et nous transmet les émotions avec brio. La voix off de la jeune fille vient rythmer le métrage lui donnant des airs de conte de fée. On retrouve ici des aspects féériques de Max et les Maximonstres de Spike Jonze, bien que Les Bêtes du sud sauvage possède un caractère dramatique assez mis en avant.
Enfin, le film est doté d'une bande originale de toute beauté et pétillante. A noter également une scène d'introduction époustouflante qui donne la chair de poule par sa splendeur et son éclat.
A travers les yeux de cet enfant, Benh Zeitlin nous livre une belle histoire intelligente, touchante dont on en ressort bouleversé. Une vrai bouffée d'air frais.