The Insider (Révélations) de Michael Mann
(1999)
Troisième vision de ce très grand film qui s'avère aussi passionnant qu'à la découverte. On pouvait attendre beaucoup de Michael Mann après
Heat et le fait est que réaliser
The Insider était un choix pour le moins audacieux car à l'antipode total de ce qu'avait pu faire Mann auparavant. Histoire vraie d'une rencontre entre un journaliste réputé et un homme de famille désespéré qui en sait beaucoup trop sur l'industrie du tabac,
The Insider se révèle être sur le papier un projet typiquement casse-gueule de par sa densité et le sujet qu'il y traite, entre les mains de beaucoup de réalisateurs, cela aurait pu donner un film ennuyeux, fade, consensuel ou les trois, avec Mann, cela donne l'un de ses plus grands films et une œuvre d'investigation fascinante et passionnante. Du haut de sa durée vertigineuse (2h40 tout de même) et de son sujet qui aurait pu facilement tomber dans la dénonciation facile,
The Insider prouve pourtant à quel point Mann peut adapter son style à n'importe quel genre et livre une fresque humaine dense, magnifique et jamais ennuyeuse qui se révèle être bien plus que ce qu'il paraît être. A l'instar de
Heat, le sixième long-métrage de Mann est bien plus un film sur l'être humain qu'autre chose, et notamment sur la relation entre deux hommes que tout opposent mais qui se découvriront des volontés communes. Comme très souvent chez les scripts écrits par Mann, les relations entre personnages sont au cœur du métrage, au même titre que leurs doutes et envies profondes, encore une fois on retrouve cette obsession de la peur de l'enfermement social et personnel par la société et cette volonté de s'évader dans un endroit impossible à trouver autrement que dans son esprit (superbe scène devant l'océan où Wigand va faire le choix qui va dicter la suite de sa vie). Niveau mise en scène,
The Insider est un réel tournant pour la carrière de Mann dans le sens où l'on commence à percevoir une réelle envie d'expérimenter sur la réalisation pure, que ce soit sur l'utilisation de la caméra à l'épaule ou sur le flou artistique, des pistes expérimentales qu'il ne fera que continuer à suivre dans son passage au cinéma numérique quelques années plus tard. Le film ne manque pas de scènes marquantes et on a même droit à l'une des plus belles séquences de la carrière de Mann où le personnage de Wigand, à deux doigts d'en finir, s'évade avec les êtres avec qui il aimerait passer le reste de sa vie, superbe passage qui résume plusieurs thèmes chers au cinéaste. Enfin, Mann oblige, le casting est au diapason, Al Pacino est encore une fois excellent, Russel Crowe en revanche lui vole carrément la vedette avec ce qui n'est ni plus ni moins que son plus beau rôle, quand aux seconds rôles on a le droit à un sacré défilé avec notamment Diane Venora, Christopher Plummer, Gina Gershon, Michael Gambon ou bien Philip Baker Hall. La musique de Lisa Gerrard est sans aucun doute l'une des plus belles bande-son jamais composées, rien que ça. Bref, trop souvent oublié au profit de son grand frère
Heat,
The Insider n'en reste pas moins l'un des meilleurs films de son auteur, une œuvre atypique dans sa filmographie qui transpire pourtant ses obsessions et thèmes de prédilection, un très grand film.
NOTE : 9/10