John Carter de Andrew Stanton
(2012)
Après une campagne marketing à la qualité plus que douteuse, l'heure du jugement de John Carter, premier film d'une saga SF censée être le nouveau porte-étendard de la firme Disney, est enfin arrivé. Le film partait gagnant via un budget faramineux (250 millions, ce qui en fait l'un des films les plus coûteux de l'histoire du cinéma), un réalisateur plutôt doué (Andrew Stanton, tout droit recruté de l'écurie Pixar) et une histoire tirée d'un des piliers de la littérature SF du début du 20ème siècle, d'énormes atouts qui ne font qu'empirer la sensation d'être totalement floué au moment du visionnage. Car John Carter, pour faire simple, est au cinéma SF ce que The Chronicles Of Narnia est à l'heroic-fantasy, à savoir une œuvre qui se contente de reproduire visuellement tout ce qui a déjà été fait avant, avec un budget trois fois supérieur et sans jamais atteindre le génie ou l'originalité des œuvres précédentes. Ainsi, là où Narnia se contentait de piocher dans les meilleures séquences de la trilogie Lord Of The Rings, John Carter se veut visuellement un mauvais mélange de la prélogie Star Wars (l'ambiance très proche de Géonosis et de Tatooine) et de Stargate (design très cheap de l'univers, que ce soit sur les vaisseaux ou les armures). Surfant allègrement sur le succès phénoménal d'Avatar, John Carter tente de reprendre la plupart des ingrédients (héros désabusé, univers créé de toutes pièces et même le procédé de la performance capture) sans jamais atteindre le moindre souffle épique du film de James Cameron.
L'histoire n'est clairement pas à mettre en cause, car sa simplicité fait aussi sa force, mais c'est véritablement la mise en place de l'univers qui est à critiquer ici. Jamais le spectateur n'aura l'impression de se retrouver sur Mars, jamais on ne croira aux civilisations montrées à l'écran (car oui, en 2h30 il est tout a fait possible de dévoiler un background millénaire) et surtout jamais on ne s'intéressera à cette histoire pompeuse où le héros tombe amoureux en l'espace d'une demi-heure, où les bad guy manquent cruellement de charisme et où la plupart des situations ont déjà été vues en mieux auparavant. Entre des séquences intimistes ratées, des scènes d'action beaucoup trop courtes (le climax final est juste honteux) et un retournement final qui arrive comme un cheveu sur la soupe, John Carter se plante lamentablement dans ses intentions, le pire étant de constater que l'on prend plus de plaisir à voir les personnages numériques que la totalité des acteurs humains tant la performance de ceux-ci approche le degré zéro du jeu d'acteur. Quand à la mise en scène, malgré quelques séquences convenablement torchées (le combat en montage parallèle ou la première rencontre avec les autochtones), on se demande vraiment si c'est bien Andrew Stanton derrière la caméra, celui qui réussissait en l'espace d'un quart d'heure de Wall-E à poser une ambiance et un contexte par la seule force évocatrice de l'image. Qu'on se le dise donc, John Carter est clairement un produit comme Disney aime les faire, à savoir bâclé, sans intérêt et surtout affreusement cher pour ce qu'il est au final (jamais on n'a l'impression de se retrouver devant un film à 250 millions, contrairement à Avatar). N'en déplaise à Yannick Dahan, le film sera largement oublié dans les prochaines années.
Revision de mars 2016 :
Gros retournement de veste. A me relire j'en viens à me demander si je n'avais pas condamné le film avant même de l'avoir vu. Bref, je le revois bien à la hausse, sans y voir non plus un grand film comme certains de chez Capture Mag, mais le fait est que c'est le genre de blockbuster à chérir tant la proposition, aussi bien visuelle que scénaristique, est intéressante. Du grand spectacle audacieux qui souffre seulement d'un récit qui pourrait être plus captivant et qui s'effondre en partie dans son climax final assez honteux pour le coup. Bref, John Carter c'est bien sympa. Ma note passe de 4 à 6,5 du coup.
NOTE : 6,5/10