Total Recall de Paul Verhoeven
(1990)
Enfin visionné, le seul film de Verhoeven qui pouvait encore m'attirer un tant soit peu (encore que
Showgirls je pourrais très bien le voir mais pas forcément pour les mêmes raisons), je partais avec aucun a priori sur le film hormis sa réputation très flatteuse et si le début du film a réussi à faire illusion un moment, le reste m'a douloureusement rappelé pourquoi je déteste le cinéma de ce réalisateur.
Total Recall, c'est un peu un énorme gâchis en soi, adapté d'une nouvelle de Philip K. Dick, le script partait avec un excellent potentiel pourtant bien présent dans la première demi-heure du métrage. Ainsi, on se demande vraiment où est-ce que le film compte nous emmener, les thématiques explorées sont intéressantes et la présence de Schwarzenneger ne gêne aucunement, mais dès que l'intrigue continue sur la planète Mars (avec une facilité scénaristique énorme qui rappelle que la SF n'a pas attendue
Prometheus pour en abuser), le film se transforme en divertissement d'action franchement bas du front et si une séquence géniale relance les espoirs quelques minutes où l'on fait douter au spectateur de la véracité des images qu'il visionné depuis une demi-heure, elle se révèle finalement comme une parenthèse un peu autre pour relancer de plus belle des péripéties jamais intéressantes malgré une production design qui monte le film vers le haut (excellente arrivée dans la ville mutante qui rappelle beaucoup la Cantina de
Star Wars). Bien entendu, on pourra toujours évoquer le fait que le film entier pourrait être une illusion totale, mais cela ne changerait pas grand chose étant donné que la happy-end totale qui tranche beaucoup trop avec l’œuvre de K. Dick. Niveau mise en scène, Verhoeven reste fidèle à lui-même, l'action n'est jamais dynamique, et comme d'habitude les allusions sexuelles et le bodycount compte bien plus que la composition de plans ou la recherche d'un quelconque sens du cadre. Le casting sauve un peu la mise, Schwarzenneger étant plutôt à l'aise dans ce registre (par contre ses répliques foireuses font vraiment tâches dans un tel contexte) et Sharon Stone irradiant de sa beauté les quelques rares séquences où elle apparaît. En revanche, Michael Ironside et Ronny Cox font vraiment bad guys de seconde zone. Le score de Goldsmith est sympa mais c'est jamais mémorable hélas. Bref,
Total Recall, à l'image de la majorité de la filmographie de son auteur, c'est surcoté. On aurait pu avoir Matrix avant l'heure (d'ailleurs qu'on vienne pas me dire que c'est une influence directe, c'est évident que les Wacho se sont inspirés de la nouvelle d'un génie et pas d'un film de tâcheron) et on se retrouve avec un film d'action bête et méchant (dommage que le remake ait l'air d'aller dans ce sens). Verhoeven, un génie assurément.
NOTE : 4/10