Blackthorn Matéo Gil - 2011
Des fois dans la marasme cinématographique actuel, un film sort de nul part et surprend son monde, en 2011 ce film était Blackthorn. Et pourtant en voila une
drôle d'idée que de donner une (fausse) suite au film tout nase de George Roy Hil
C'est un film d'une terrible tristesse que voilà, avec les derniers espoirs d'un homme qui vont s'envoler, on suit donc Cassidy qui suite à sa rencontre avec un espagnol ( à priori un des seuls qui tourne pas à l'EPO ) va se retrouver confronter à ses fantômes du passé, et c'est ces fantômes qui lui donneront la force d'avancé vers son rêve ( l'enjeu du film est clairement défini dès le début, il veut revoir son fils), j'ai trouvé l'utilisation des 4 flashbacks vraiment réussit, ils s'intègrent vraiment bien au récit et apporte un réel plus à l'histoire, le dernier flashback ayant une sacrée puissance dramatique.
Le script surprend par moment, alors si le coup de Noriega on peut si attendre ( bein oue Noriega dans un film c'est forcément louche ), le personnage de Rea on prévoit vraiment pas sa réaction, puis la fin est tellement éloigné des standards du genre que ça fait vraiment plaisir ( ici pas de duel ou de gros climax de la mort, non juste une fin pépère mais puissante comme le reste du film ), j'ai vraiment trouvé le film passionnant de bout en bout, au bout de 5 minutes de film je savais déjà que j'allais adoré.
L'histoire d'amitié qui se construit est vraiment une belle réussite, toute en simplicité, en 4 plans on y croit et du coup quand la vérité éclate on souffre autant que le perso de Cassidy qui se sent vraiment trahit et qui ne comprend pas qu'on puisse voler des pauvres gars, lui c'était un truand à l'ancienne, il ne tuait pas et volait que les riches ( et j'aime bien la petite phrase du début dans la banque ).
Le rythme général est lent ( ça va au rythme du perso de Cassidy qui n'est plus tout jeune ) mais jamais chiant ( on a pas des plans de 3 plombes où on se branle la nouille sur la beauté des décors et on s'emmerde pas comme dans The Proposition, on pense aussi à Seraphim Falls mais en bien plus maitrisé ), l'aspect course poursuite du film est une grande réussite à mes yeux et donne lieux à une séquence appelé à devenir une référence du genre, j'aime cette idée de course poursuite "lente" car de toute façon il n'y a pas d'échappatoire possible.
Si sur le fond le film est totalement crépusculaire ( on pense énormément au Coup de Feu dans la Sierra de Peckinpah ), sur la forme on est devant un pur western classique et on sent une vraie nostalgie ( et beaucoup de respect ) du réalisateur vis à vis du genre et jamais on a l'impression de se retrouver devant un catalogue de référence, il ne fait pas dans le néo western ni une dissertation sur le genre, non il fait vraiment un western à l'ancienne.
Alors un scope bien utilisé c'est toujours beau mais là on touche carrément au sublime, ce film renvoi au glorieux westerns des 50's de Ford, Boetticher, Daves et Mann, tant chaque plan est d'une incroyable beauté picturale ( on sent à chaque plans que ça été penser pour que ce soit le plus beau possible ), les décors naturels de la Bolivie remplace à merveille Monument Valley ou Lone Pine, voir de nouveaux décors dans un western est vraiment un énorme plaisir et c'est un réel plus pour le film, les plans dans le Salar de Uyuni sont à tomber et la profondeur du scope est infini ( pourquoi se faire chier à faire des films en 3D pour donner des effets de profondeur alors que quand on sait se servir d'un scope ça donne lieu à des plans d'une efficacité qui rendrait jaloux James Cameron et ses stroumpch ).
Ce que j'ai vraiment aimé dans cette réalisation c'est le classicisme, jamais Gil ne va céder au matuvu, jamais il ne fera un mouvement de caméra gratuit ou un gunfight qui se la pète, non le gars on sent qu'il emballe son truc de façon réfléchie et efficace, le seul gros gunfight du film est une pure réussite, c'est cash, quand ça tire ça fait pas 50 plans ( non 1 seul suffit et ça renforce vraiment la violence des séquences ) et il arrive vraiment à instaurer un pur suspens à la séquence (jusqu'au dernier moment on ne sait pas si la fille va mourir ) pis bon la scène est super original, moi c'est la première fois que je vois des paysannes tueuses.
Sam Shepard trouve ici tout simplement le rôle de sa vie, il a jamais été aussi bon, jamais aussi charismatique, à chaque plan il dégage quelque chose, sa voix rocailleuse fait des merveilles, son visage buriné est sublimé et plus le film avance plus il est iconisé ( et quel super idée de donner le rôle de Cassidy jeune à a qui fait le Cassidy jeune a Nikolaj Coster-Waldau car pour le rôle fallait un gars ayant autant de charisme que Shepard ), quand on voit ce personnage on pense obligatoirement au Clint de Unforgiven ( y a pire comme comparaison quoi ), dans l'esprit ça me fait énormément penser à la phrase culte de Ford :
"When the legend becomes fact, print the legend! "Eduardo Noriega ne cabotine pas et ça c'est bien, je trouve que lui aussi a ici son meilleur rôle, c'est vraiment un personnage riche, et l'issue final est un peu injuste finalement.
Stephen Rea c'est vraiment pas un acteur que j'apprécie, j'ai toujours l'impression qu'il a 2 de tension, bein là il est excellent, bon il a très peu de scène mais il fait vraiment vivre son personnage d'inspecteur de la Pinkerton fatigué par les années et sa scène avec Cassidy est une grande réussite avec une issue vraiment improbable, le casting féminin a peu de temps de présence mais j'ai trouvé les 2 actrices principale vraiment convaincante.
La BO est magique, tin les 2 morceaux chanté qu'on entend dans le film y déchire vraiment.
Le western a encore de beaux jour devant lui.
There are only two significant events in a man's life: when you leave home and when you go back. Everything else is just the middle.
10/10