China Girl Abel Ferrara - 1987

Pas mal cette transposition de Romeo & Juliet dans le Chinatown et le Little Italy des 80's, bon ça reprend juste les grandes lignes et certaines séquences ( le balcon entre autre ) mais heureusement on se tape pas les mêmes dialogues lourdingue comme dans le Luhrmann.
Le film souffre d'un gros défaut, son histoire d'amour, jamais on y croit, jamais on ne s'attache à ces personnages pour la simple et bonne raison qu'au lieu d'en faire ses personnages principaux Ferrara en a fait des persos secondaires qui ont en tout et pour tout 4 scènes communes ( de courte durée en plus, bon ils s'ambiancent sur du Run Dmc donc c'est cool) donc bon ça le fait moyen quand on sait le destin tragique des persos ainsi quand la fin arrive bein on s'en fout, on s'est plus attaché a tout les autres personnages qu'au couple vedette. Jamais on croit à leur histoire d'amour forcément impossible, prisonnier qu'ils sont des remparts invisible partageant les 2 secteurs. Et puis y a des trucs un peu naze genre la meuf c'est la seule asiate qui fasse "normale", enfin elle est pas sapé comme pour un clip de Cindy Lauper quoi.
Par contre tout ce qui touche à la guerre des gangs et le petit coté étude sociologique de ces 2 colonies est plutôt réussit avec une critique de la société de l'époque, c'est pas aussi lourdingue que du Spike Lee ( en gros c'est pas chiant comme
Jungle Fever ) et les personnages des frères sont plutôt sympa à suivre, y sont même attachant, c'est jamais manichéen (on est pas chez Spike Lee j'ai dit).
Bon la partie italienne Ferrara et Nicholas St. John oblige c'est bien retranscrit, la partie chinoise ne tombe pas dans les clichés et c'est fait sans en faire des tonnes et Ferrara donne la même importance au 2 parties.
La violence du film n'est jamais édulcoré ( en même temps ça c'est un mot que Ferrara ne connait pas ) et donc la guerre des gangs est impitoyable et sanglante.
Là où le film est surprenant c'est en terme de mise en scène, alors Ferrara c'est pas un gars que je considère comme un grand réal techniquement, à part King of NY et son Body Snatchers, le reste c'est clairement pas ouf. Ses films ont toujours un petit coté fait à l'arrache et là malgré son mini budget il sort un film vraiment chiadé avec plein de jeu sur les lumières et les ombres, une photo de toute beauté (en même temps avoir Bazelli ça aide pas mal), les ruelles de NY ont jamais été aussi bien filmé par Ferrara avec une réalisation vraiment posée où Ferrara nous montre un sens du cadre que j'avais jamais vu jusque là et son intro de 15 minutes quasiment muette ( 2 lignes de dialogues ) est assez hypnotique et ca se termine par un face à face assez classe.
James Russo ( second rôle habituel du ciné US ) trouve ici un très bon rôle de frère protecteur et même chose pour son homologue chinois joué par Russell Wong, les 2 parrains qui ont de courtes apparition en imposent eux aussi avec d'un coté James Hong et Robert Miano ( un gars avec une tronche qu'on oublie pas et qui a eu son meilleur rôle dans Donnie Brasco ) ensuite on a l'éternel erreur de casting qu'est David Caruso qui ici joue un italien, oui oui avec sa tronche de rouquin on nous fait croire que c'est un rital, mais bon à la rigueur pourquoi pas, le truc c'est qu'il est aussi mauvais que d'habitude, voir plus.
Les 2 amoureux sont joués par 2 interprètes qui apportent de la fraicheur aux personnages, alors leur jeu est pas à remettre en cause, la jeune fille s'en sort même plus que bien, le truc c'est que c'est vraiment pas approfondi et on sent que finalement l'histoire d'amour c'est pas ce qui intéresse Ferrara.
C'est dommage, on passe à coté d'un grand film, en étant plus fidèle à la trame narrative du roman (sans les dialogues à rallonge hein), le film aurait certainement été meilleur, là c'est une adaptation un peu trop light et du coup la fin n'a strictement aucune puissance émotionnelle, dans le même genre je lui préfère largement a Bronx Tale de De Niro, avec les black remplaçant les chinois.
6,5/10
2 petits mot sur le blu ray c'est simple avec la première édition dvd c'est le jour et la nuit, ici l'image est vraiment de toute beauté ( pour un film shooté en pleine rue et sans budget hein ).