8/10
8/10
The King of New York[/b] Abel Ferrara - 1990
Spoil ( un peu )
"Well, I must've been away too long because my feelings are dead. I feel no remorse."
Tourné à l'époque où chaque nouveau Ferrara était un évènement (autant dire que ça date vraiment), ce King of NY est clairement le meilleur film de sa filmo, bien meilleur qu'un Bad Lieutenant surcoté au possible (ouais tu comprends Harvey Keitel se drogue et se branle vraiment dans le film donc c'est génial) et qu'un Nos Funérailles qui a un gros coté chiant par moment, en fait c'est clairement son film le plus grand public même car bon on peut pas dire que le mec ait une filmographie très friendly people.
C'est un drôle de mélange sorte de rencontre entre le polar urbain et le film de caïra (New Jack City venait de sortir et Boyz in the Hood allait suivre) du début des 90's ça vieillit d'ailleurs mieux qu'un New Jack City parce que Ferrara est un meilleure cinéaste que Van Peebles et que surtout il réussit à ne pas ancrer son film dans une époque.).
L'histoire en elle même est ultra classique, en fait le film a un peu le cul entre 2 chaises, d'un coté il y a tout un aspect réaliste (enfin presque réaliste) et de l'autre on est clairement devant un comics book movie ( qui préfigure même Sin City je trouve ) avec notamment d'énormes facilités de script le gang de Chinatown anéantit en 2 minutes par exemple dans une ruelle qui fait sacrément cheap, les mafioso qui sont éjectés en 30 secondes, le flic qui s'infiltre en 10 secondes, White caïd de la pègre qui n'a que des blacks sous ses ordres ( enfin ça à la rigueur ça correspond bien à la thématique du film à savoir, y a une seul couleur qui existe dans cette vie : le vert du dollar).
Bon c'est pas un défaut en soit mais clairement le film se repose pas sur une écriture des plus soignée (enfin c'est clairement pas ce qui intéresse Ferrara de toute façon). Heureusement ça se rattrape sur la caractérisation des personnages, le coté inéluctable du sort de White et le coté tous pourri de l'ensemble des personnage. Ainsi ici on suit donc White et sa bande de tueur sans pitié mais du coté des flics c'est vraiment pas mieux, Ferrara essaye de ne pas prendre parti, même si bon il rend son gangster un peu plus attachant que les autres personnages, on ressent même une certaine fascination pour ce personnage ( le zoom avant sur Walken juste avant son premier meurtre, claque bien ).
En tout cas niveau rythme c'est vraiment parfait et le gang de White est bien sympathique avec des bonnes séquences : "room service motherfucker"
Niveau c'est réalisation je pense que c'est le meilleur taf de Ferrara, il a jamais été aussi inspiré sur la forme tant pour ses scènes d'actions bien violentes où ça alterne gros coup de gun bien sec et ralenti iconique, et puis à coté de ça il ouvre son film avec une intro muette de 8 minutes assez couillu dans l'esprit (c'est jamais évident de capter le spectateur avec ce genre de séquence faut vraiment avoir confiance en sa mise en scène et ses acteurs). Et il livre une fin absolument magnifique, vraiment poignante où avec 3 fois rien il arrive à donner beaucoup d'intensité à la séquence ( tout est parfait dans cette scène, le choix de la musique, le jeux de Walken, le montage, la lenteur de la séquence, la meilleure séquence de toute la filmo de Ferrara à coup sûr ). Ferrara opte souvent pour une mise en scène planante et atmosphérique avec une caméra prenant son temps pour capter l'essence de la scène par contre dès qu'il faut déchainer la poudre c'est fire in the hole et la caméra devient plus énergique (bon on peut clairement chipoter sur la mise en scène de ces scènes mais je trouve qu'elles ont un petit coté John Woo par moment).
C'est vraiment sur ce film que Ferrara filme le mieux New York avec notamment donc avec l'intro qui suit White sortant de prison et se promenant dans les rues nocturnes de NY. Mais que serait ce film sans la photo de Bazelli qui une fois de plus livre un travail de toute beauté, les scènes nocturnes sont vraiment super belles, d'une froideur totale (les bleus du film sont à tomber) et il y a plusieurs plans absolument magnifiques dans le film.
Et Bazelli éclaire même un séquence d'action pluvieuse et nocturne de toute beauté ( et sacrément bien filmé par Ferrara avec notamment un Fishburne déchainé et un Snipes increvable ), Ferrara doit vraiment beaucoup à Bazelli pour sa carrière, sans lui ses films auraient quand même nettement moins de gueule, il leur donne vraiment une personnalité si bien qu'il fait parti de ces chef op qu'on identifie en quelques plans.
Le film repose avant tout sur un casting haut de gamme et fait assez rare dans un polar absolument tout le monde crève : Christopher Walken y tient ici un de ses tout meilleurs rôles ( et y en a des putains de rôle dans sa putain de carrière ), il EST Frank White, un bad guy sans pitié pour ses ennemis mais qui voudrait construire un hôpital pour les pauvres, sa composition de ce gangster émouvant est vraiment haut gamme ( et puis c'est la classe il a 2 bombasses en garde du corps ), et dès le début on connait le sort de ce mec, c'est un mort en suspend, il erre pendant tout le film de façon presque cadavérique, amplifié par cette peau presque blafarde.
Laurence Fishburne est déchainé, il en fait des tonnes comme rarement (car c'est vraiment ça a toujours été un acteur plutôt sobre) et se prend même pour Chow Yun Fat 2 guns en mains et à grand coup de motherfucker et de punchlines bien badass notamment celle là où après avoir donner une valise remplit de tampax à un Colombien il le bute en criant :
"That's for the bullet holes puta !"
David Caruso c'est physique, j'aime pas sa tronche (il est roux quoi) et je le trouve toujours mauvais et c'est pas ici que ça va changer donc il est nul comme toujours mais il plombe pas le film, Wesley Snipes a pas grand chose à faire mais il le fait bien, Theresa Randle alors toute jeune mais toujours aussi belle et manie très bien l'uzi ( plan bien iconique au passage ), et on trouve aussi Steve Buscemi et Harold " they took my son" Perineau et plein de tronche de rital et de black qu'on a vu chez Scorsese et Spike Lee.
Très belle musique avec un fort coté atmosphérique et grosse bande son hip hop, un des premiers films avec d'ailleurs (Deep Cover étant sorti après).
Un grand polar urbain nocturne au ton désenchanté ( le traitement rappelle un peu Collatéral ) et le film se termine sur un plan qu'on peut tout simplement qualifier de génial.