Le salaire de la peur de Henri Georges Clouzot 1953
Le site est misérable, au bout d’un n’importe quoi torride et plat.
Ce trou perdu ressemble fort à la fin du parcours de Mario, cependant l’image d’un patrimoine nostalgique surgit soudainement avec l’arrivée de Jo physiquement encore propre et détenteur d’un langage dominateur oublié.
Jo est un père spirituel, un chapelet harmonique de procédures viriles tenant les importuns à la pogne, sa prestance séduit Mario jeune cop ascendant en absence de modèle.
Au départ tout fonctionne de façon logique, Mario se délecte de ces cours de management ou il faut savoir gérer en homme toutes ces débris accablés de chaleurs et d'ennuis que l’on maintient à distance par la persuasion des propos.
La détérioration soudaine de Jo suite à l’impossibilité morale de gérer un environnement dramatique annonce le transfert d'un tempérament passant d'un corps dans un autre.
Ce modèle de base se déconnecte de son assurance immédiatement récupérée par un Mario soudainement dominateur, grisé par un nouveau pouvoir devenant vite un plaisir dépassant outrageusement les limites d’une déception.
La dominance change de camp, Jo devenu sous homme subit tous les outrages d’un Jo déchaîné.
L’or noir n’offrant aucun emploi structuré à tous ces paumés projètent sur la route des desperados payés hypothétiquement à la course. Les étapes dramatiques successives endurées sur la route par ces quatre Kamikazes sont distillées lentement pratiquement en temps réel, on prend le temps de trembler, de raisonner devant un trépas potentiel vous suivant à la trace.
Des affinités sont à conquérir par la solidarité carburant de continuité au coup par coup d’un groupe ayant retrouvé l’espérance d'une porte de sortie.
Film culte, le Salaire de la peur transporte irrémédiablement malgré des soubresauts de survie une déchéance humaine vers un destin impitoyable. Courage et terreur font avancer quatre morts vivants vers un big bang final programmé depuis le début d'une odyssée sans espoir.
10/10
Une réussite captant parfaitement le contenu médiocre et crasseux d'un site misérable pourvu d'une poubelle humaine en fin de parcours attendant sous une chaleur accablante l'apparition d'une opportunité.
Une condamnation éternelle à tuer le temps dans un espace gigantesque, sans barreaux complètement démuni avec la faim, la lèpre, et les fièvres comme relationnel quotidien.
Constat alarmant sur un état dont l'occasion de l'anéantir s'avère encore plus négatif.
On quitte la perversité et l'oisiveté pour la lâcheté et la terreur sans espoir de découvrir la fin des tourments.
Un film exemplaire sur la misère intellectuelle et les incontournables transformations caractérielles d'esprits déchus de toute luminosité se débattant furieusement dans des évasions impossibles.
10/10