Quand j'étais mome, je dévorais les Mad-Movies, Ecran Fantastique et autres Starfix. Mais parfois ma passion pour le cinéma fantastique se mêlait d'une certaine frustration, n'ayant pu voir quelques oeuvres aussi rares qu'encensées par la critique spécialisée. Pas encore né, ou trop jeune au moment de leur sortie, je ne parvenais jamais à mettre la main sur une VHS pourtant existante de ces films !
Trauma de Dan Curtis, également connu sous le nom de "Burnt Offerings" en VO, est un de ceux-là, et ce n'est qu'aujourd'hui, grâce au DVD, que je découvre enfin ce film d'épouvante des Seventies. Mieux vaut tard que jamais !
Trauma s'inscrit dans la lignée des films de maison hantée et démoniaque, au même titre que La Maison Du Diable, Amityville, L'Enfant Du Diable, Poltergeist, etc...
Réalisé par un homme de télévision, le film réunit un casting de haute volée: Oliver Reed, Karen Black, Bette Davis, Burgess Meredith. Une belle brochette de comédiens fort expérimentés, dont Curtis ne saura tirer toute la quintessence, mais je reviendrai sur ce dernier point.
Adaptation d'un roman célèbre outre-Atlantique, la principale qualité de Trauma est l'histoire et ses personnages, à commencer par l'immense demeure. Cette dernière présente l'originalité de se régénérer en se nourrissant de l'énergie mentale et physique de ses occupants ! Inutile de dire qu'il règne en ces lieux une ambiance inquiétante, intensifiée par la sobriété des évènements faussement anodins.
Qui est cette mystérieuse vieille dame enfermée dans sa chambre, et pourquoi devient-elle l'unique préoccupation de Marian ?
Ici la peur s'installe plus de jour que de nuit, et la subtile bande-son annonce le mal qui se dissimule partout...
Certaines scènes (la piscine, le rêve en noir et blanc de Ben, l'agonie de la vieille tante) font vraiment froid dans le dos et sont relativement bien filmées, mais l'ensemble pêche malheureusement par un manque de rigueur dans le déroulement, et surtout le rythme. Ainsi les évènements s'enchainent avec un manque d'homogénéité, de fluidité, et le film accuse un grand coup de fatigue à mi-parcours.
Si Dan Curtis est un habile faiseur d'images, il semble en effet moins à l'aise avec la cohésion de son script et la direction de ses comédiens. Certaines scènes sont un peu longuettes au détriment d'autres plus importantes mais courtes, survenant ainsi de façon un peu abrupte. Par exemple, la scène de la tentative d'infanticide arrive brusquement sans que le spectateur comprenne bien pourquoi, et tout ce petit monde à l'écran, bien conscient que quelque chose cloche se remet plutôt vite de ses émotions.
Ensuite, Curtis délaisse un peu trop Bette Davis dont la déchéance physique et mentale de son personnage est à peine survolée, pour se focaliser en plan(s) généreux sur un Oliver Reed qu'il laisse un soupçon cabotiner par moment -ses grimaces sont un peu trop appuyées. Même les apparitions plus ou moins fantasmées du croque-mort n'apportent finalement pas grand chose.
Plongés au coeur de l'étrangeté, les personnages perdent ainsi en crédibilité en passant d'un état psychologique à un autre plus rationnel et inversement, sans véritable étape intermédiaire -c'est pourtant dans ce cheminement que se trouve la vraie psychologie. Vers la fin par exemple, après les obsèques de la tante, la femme de Ben met la table, habillée telle une Vampirella, mais sa "possession" par la demeure, ne l'empêchera pas de retrouver ses esprits peu après, bien décidée à quitter les lieux avec sa petite famille !
A l'image de cette légère confusion dans la narration, le terrible final est un peu précipité, mais a malgré tout le mérite de surprendre le spectateur, à un cheveu d'imaginer la possibilité d'une issue positive...
En conclusion, c'est du cinéma globalement efficace mais un tantinet fébrile, la faute à un montage en "montagnes-russes", entre mollesse et fulgurances, qui n'exploite pas toutes les idées qu'il ambitionne.
Si les épaules de Dan Curtis étaient donc un peu frêles pour supporter le poids d'un tel projet, ses maladresses n'enlèvent rien à la présence d'un mystère effrayant parcourant le film de bout en bout...
A mon sens, Trauma n'est donc pas le chef-d'oeuvre annoncé par certains, mais reste un bon film d'épouvante au dessus de la moyenne.